LE DERNIER TOUR DE COCHON
Il faut avoir les nerfs solides pour être automobiliste à Biarritz.
Avec les ponts du mois de mai, les Biarrots ont vu le retour des plots rétractables qui ferment l'hyper-centre à une fraction de la population soit âgée, soit handicapée, soit pressée, soit les trois à la fois.
Avec, cela va de soi, sa panoplie de panneaux disgracieux aux formules du genre «Ayants-droits» qui rappellent une époque où le vert-de-gris était à la mode à Biarritz. Comme cette laideur ne suffit pas, nous assistons régulièrement - au gré des lubies de la maire - à leur dévoilement, puis à leur recouvrement avec du scotch noir type sac poubelle, puis à nouveau à leur découvrement.
Faire et défaire, c'est toujours travailler, direz-vous !
Comme en mairie de Biarritz ils regorgent d'idées du style Concours Lépine, il leur faut parfois - pour se donner l'illusion qu'ils servent à quelque chose - les mettre à exécution... au grand dam des malheureux Biarrots qui subissent encore et toujours.
C'est ainsi que depuis plusieurs semaines les automobilistes, plus qu'accablés, se retrouvent jetés en pâture dans un périmètre déformé rue Victor Hugo/avenue de Londres/avenue de la République/avenue Carnot/avenue Joffre/rue Jean-Jaurès, placé en «phase de test» de suppression des feux de signalisation par la municipalité Arosteguy.
Ah oui, que l'on vous dise... les testeurs c'est vous, les automobilistes.
Amis Biarrots, ils nous prennent maintenant pour des hamsters en cage qui tournent dans des roues. Des sortes de cobayes pour expérimenter leurs idées cruchonnes.
Comme c'est judicieux et tout à fait indiqué de supprimer des feux tricolores en cet endroit !
À croire que ces «quelques-uns» qui ont imaginé cette nouvelle dinguerie se trouvent quelque part en Patagonie pour envisager seulement une fraction de seconde que la chose soit possible.
Ah mais non, ces «quelques-uns» se trouvent en mairie de Biarritz !
Cette dernière idée lumineuse a donc germé dans le «cerveau» d'élus de la Majorité quand une panne des feux de ce secteur s'était invitée durant quelques jours l'été dernier. En d'autres lieux, d'autres élus chercheraient à rapidement chasser ce souvenir de nos esprits : pas à Biarritz ! Ici, une panne ça les inspire, alors ils l’institutionnalise.
Mais poursuivons car nos élus sont des génies. Après une longue étude suite à ce dysfonctionnement, ils se sont aperçus que l'absence de feux tricolores a pour conséquence que les voitures ne s'arrêtent pas et qu'elles continuent leur route. C'est intéressant, n'est-ce pas ? Avouez que vous n'y auriez pas pensé !
Interrogé par la presse, l'adjoint dédié à la voirie, monsieur Laborde, dit qu'il n'y a pas de problème à cette suppression «tant que les automobilistes respectent le Code de la route» mais indique, dans le même temps, que la mairie réfléchit à améliorer la sécurité.
Deux remarques s'imposent :
1) Si les êtres humains respectaient toutes les règles qui leur sont imposées, il n'y aurait pas de policiers, pas de gendarmes, pas de tribunaux, pas de prisons. Ça existe, mais au pays des Bisounours.
2) Se vantant de ne comptabiliser ni accidents, ni problèmes, pourquoi améliorer un dispositif qu'il considère parfait ? Ce ne serait pas tout à fait contradictoire ?
Quant à madame Vals - l'adjointe à la sécurité et à la tranquillité publique -, elle se dit rassurée car «il n'y a eu qu'un seul accrochage depuis le début de l'expérimentation».
Elle est mal informée car Sauvegarder Biarritz a déjà eu récit de 7 incidents impliquant, tour à tour, piétons (dont des enfants), animaux de compagnie, scooters, vélos et voitures. Les forces de l'ordre n'avaient pas été appelées sur place ce qui explique que madame l'adjointe et, à fortiori la mairie, ne soient pas au courant de ces incidents.
En attendant, si vous n'avez pas mieux à faire, allez donc vous y promener de préférence à pied - il vaudra mieux pour vos nerfs, votre sécurité et l'intégrité du pare-chocs de votre voiture - et stagnez prudemment aux carrefours litigieux.
Une station de quelques minutes seulement suffit pour voir un audacieux et un grincheux se caramboler avant d'échanger un lot d'expressions fleuries. Pensez ! Voitures de tous côtés, bus, vélos, trottinettes, piétons : autant dire que la cohabitation est déjà tendue sur toutes nos voies de circulation. Imaginez si le seul médiateur tricolore disparaît, c'est la Bérézina.
Quant aux innocents touristes qui seront en nombre cet été encore et qui devront découvrir ce curieux dispositif... cela risque d'être folklorique. Les carrossiers ont de beaux jours devant eux.
L'absence de visibilité à ces différents croisements engendre immanquablement une dangerosité et donc d'inutiles risques. La configuration des lieux étant ce qu'elle est, avec une implantation de bâtiments et un entrecroisement d'axes routiers, il ne peut y avoir de miracle. Des feux s'imposent.
C'est donc une certitude qu'Alphonse Allais influence nos élus biarrots : «Une mauvaise idée vaut toujours mieux que pas d'idée du tout.».
Et que ces agitations ressemblent bigrement à une maire qui est aux abois, avec le handicap d'un bilan qui se résume à l'installation d'un terre-plein devant le Golf du Phare, une fontaine cucul à l'eau non-potable place Saint-Charles et à la dissémination partout dans notre ville d'atroces plots en plastique tantôt verts, tantôt blancs, ou d'inutiles et défigurants panneaux JCDecaux, sans oublier ces abominables et très coûteuses bornes escamotables.
Alors, il ne reste à la maire et à sa majorité-suiveuse que de mettre en place la méthode de l'éolienne : brasser de l'air.
C'est vrai qu'à Biarritz - dixit sa devise - nous avons pour nous «Les astres, la mer... et le vent» ou, si vous préférez, «Aura sidus mare adjuvant me»...