DES POTS PARTOUT : L'ACHARNEMENT D'UNE MUNICIPALITÉ
Il paraît que le ridicule ne tue pas. Il paraît. Ça reste toutefois encore à prouver.
Après les pots achetés en soldes chez Castorama Jardin, et placés devant l'Hôtel du Palais pour ce que nous pensions être un temps provisoire, mais qui n'ont plus quitté les lieux depuis l'été 2022...
Après les pots placés en devanture de la Gare de Biarritz, et dont les végétaux semblent prendre à témoin les passants pour quémander de l'aide à en sortir...
Après les pots à arbustes de la rue Mazagran et de la Place Sainte-Eugénie, mal placés sur le trottoir et dont les contenants servent de cendriers et de poubelles municipales aux passants...
Après les pots disséminés ici et là dans notre ville, et qui ne peuvent compter que sur le bon Dieu, ou un miracle, pour espérer être un jour garnis de quelque espèce végétale...
Après les pots à brindilles d'herbes nouvellement installés à la rue Gambetta, que l'activité nocturne du quartier fournit quotidiennement de son lot inévitable et prévisible de mégots, de verres cassés, de papiers froissés et autres détritus...
Nous pouvions espérer que la maire et sa majorité aient - sur pièces - compris à la fois la laideur, l'inutilité, la ringardise, l'obsolescence programmée et le non-sens écologique que ces bacs symbolisent.
Mais non, ils s'obstinent gaiement. Fonçons droit dans le mur, puisqu'on a raison. Cette théorie de la personne qui a raison en toutes circonstances avait été exprimée par Carl Gustav Jung : «Les gens pourraient apprendre de leurs erreurs s'ils n'étaient pas si occupés à les nier.».
Dans ces conditions, quand trois pots à l'aspect risible ont fait leur apparition sur la place Clemenceau face au magasin Longchamp et à la Brasserie du Royalty, chez Sauvegarder Biarritz on s'est dit, ils n'ont décidément rien compris.
À propos, pourquoi donc ces pots ont-ils fleuri en cet endroit ?
Parce que tous les jours, au minimum une victime venait se rajouter à la longue liste des chutes. À chaque chute, le système est rodé : de bienveillants commerçants alentours viennent au secours pour relever le malheureux ou la malheureuse, puis un aimable serveur du Royalty tire une chaise pour l'y reposer. La pharmacie tout proche vient ensuite en appui pour que soient prodigués les premiers soins.
Ces chutes ont pu avoir des conséquences dramatiques chez certaines personnes dont la souplesse n'est plus de mise. Mais qui s'en soucie ?
Mais comment donc expliquer ces chutes en cet endroit précis ?
Le piéton, qui vient de traverser, a son regard qui porte au loin ; et rien, dans la disposition actuelle, ne vient en soutien pour lui annoncer un dénivelé de trois marches.
Mais cela n'a pas toujours été ainsi : quand la place Clemenceau a connu son réaménagement - au début des années 2000 -, la terrasse de la partie haute du Royalty n'existait pas, et le regard du passant pouvait donc se porter au loin pour en comprendre le dénivelé naturel.
Depuis plusieurs années, la terrasse a été aménagée de telle sorte - augmentation de tables et d'assises et installation d'un auvent permanent - que seules trois petites marchettes sont visibles par le promeneur.
Sans envisager de supprimer la sympathique terrasse en partie haute du Royalty et sans avoir recours à ces immondes bacs en plastique, il y aurait bien eu d'autres solutions ; mais cela aurait valu un peu de réflexion et de travail de la part de nos édiles... Réflexion et Travail, deux qualités qui n'ont pas pris racine en mairie.
En outre et encore une fois, ces pots seront commodément transformés en bacs à ordures et, pour l'heure, ils cachent de manière fort inopportune une façade de magasin au promeneur qui se trouve sur le trottoir d'en face...
Mais le plus drôle reste à venir - enfin, drôle, façon de parler. Le piéton qui vient de traverser, et qui veut éviter le contournement des pots en plastique, passe ENTRE les pots ! Et là... le trébuchement est inévitable et la chute est donc programmée.
Ainsi, l'installation de pots à l'intention anti-chute va à l'encontre du résultat recherché ! Un cerveau d'enfant de cinq ans l'aurait compris mais... pas nos élus biarrots.
Nous voilà désormais avec un agencement qui n'a ni queue ni tête, dont l'objectif anti-chute est non seulement inefficace mais incitateur au plongeon, de surcroît avec des pots qui d'ici quelques semaines seront inexorablement ternis par leur station en plein air - pas grave, ils seront changés au frais des Biarrots.
Avant de terminer, peut-on évoquer l'aspect inesthétique de ce ridicule montage ? Même si nous savons que sur ce terrain nous prêchons dans le désert.
Alors ? Le ridicule tue-t-il ou pas ?