CONSIDÉRATIONS SUR LA GESTION DE LA VILLE

Il serait faire offense, à vous tous lecteurs, de ne pas élever le débat de temps à autre - qu'il s'agisse des thématiques imposées par la maire ou du quotidien biarrot - qui affleure bien trop souvent le ras des pâquerettes. 

Dans cette idée, Sauvegarder Biarritz souhaite ici aborder un sujet qui pourrait paraître brumeux mais dont la clairvoyance, dont nous vous devinons être pourvus, vous permettra d'en tirer la substantifique moelle ou, si vous préférez, l'essentiel. 

Tout n'a pas de prix. Et pourtant tout a un prix.

Ces deux formules prononcées nous permettent d'établir la valeur particulière que l'on peut nouer entre ces deux notions de l'Argent et de son utilisation par la Ville, en l'occurrence la nôtre.

La gestion d'une ville par un maire doit être celle de l'équilibriste qui a toujours en tête la saine direction des chiffres et l'audace d'entreprendre et d'avancer sur un fil tendu où la chute est une éventualité.

Il serait une erreur de gérer une ville telle une entreprise aux rapports froids et comptables. Dans une ville, le seul rendement n'y a pas sa place. En consultant le budget municipal et les colonnes des «recettes» et des «dépenses», nous vient à l'esprit qu'il serait nécessaire d'y ajouter la colonne «bienfaits communaux» ou «intérêt général».

Construire ou rénover une crèche ou une école coûte des millions d'euros. Pour autant, qui penserait à remettre en question l'indispensable utilité d'une école ? Cet exemple n'en est qu'un parmi tant d'autres : le seul prisme de la profitabilité n'entre pas en ligne de compte.

L'obsession de ce qui rapporte, de ce qui génère des dividendes aveugle parfois - oserions-nous dire souvent ? - sans que l'aspect immatériel effleure l'esprit de ceux qui sont aux commandes. 

Se défaire du patrimoine immobilier constitue un non-sens pour une ville. Non-sens économique car les ventes sont autant d'actifs retirés : les villas Sion et Fal ou encore l'Auberge de Jeunesse sont les terribles victimes de ce mandat 2020-2026 et constituent en réalité un appauvrissement de la ville.

Les retombées économiques d'un événement culturel, d'un projet éducatif, ne sont pas toujours facilement quantifiables bien qu'elles permettent une évasion nécessaire à la santé mentale des humains, forment une image positive de notre ville et impriment, dans les esprits d'ici et d'ailleurs, que notre cité balnéaire a des valeurs, une ambition, des combats et des convictions.

Car à trop s'enfermer dans une lecture des chiffres de petit boutiquier, un piège peut se refermer sur nous : celui de ne plus oser entreprendre, de ne plus prendre de risques et de faire ainsi cheminer notre ville vers sa lente et inexorable chute. Selon l'adage populaire : qui n'avance pas recule !

C'est à cela que nous assistons aujourd'hui à Biarritz.

Et pourtant, l'audace paie. Que de projets téméraires et portés à leurs débuts par des amateurs-passionnés ont projeté des villes dans de balbutiantes d'abord puis de merveilleuses et pérennes aventures ! Le Festival de la BD d'Angoulême lancé par le dynamique trio Groux, Pascal et Baron, les Rencontres de la Photographie d'Arles inventées par Lucien Clergue, la Fête de la Musique imaginé par Jack Lang, Le Festival d'Avignon créé par Jean Vilar, le Festival International du Cirque de Monaco initié par le prince Rainier. Bien plus proche de nous, rappelons ici que le Musée Bonnat-Helleu doit son existence à la très grande majorité de la collection léguée par Léon Bonnat, et que le Musée Basque et de l'Histoire de Bayonne est né de l'acharnement du commandant William Boissel. Chez nous, à Biarritz, rendons hommage au farouche combat du Marquis de Folin pour créer un Musée de la Mer. Toutes ces initiatives sont autant d'exemples de projets bénéfiques pour tout un territoire.

Un homme seul ou une femme seule, au caractère enthousiaste, est souvent le point de départ de grands projets : encore faut-il que l'instance municipale prenne la balle au bond pour accompagner l'ambition jusqu'à sa concrétisation.

Si tout n'est pas à analyser sous le spectre de l'argent, notons quand même que la Culture est très rémunératrice pour les édiles qui savent en tirer partie.

Le rapport du Ministère de la Culture est limpide : la Culture rapporte plus qu'elle ne coûte.

Ceux dépourvus d'une âme sensible auraient donc besoin de cette information factuelle pour guider leur action municipale en direction du culturel.

Il faut une part d'altruisme pour mener à bien des projets dont le maire-décideur ne profitera bien souvent pas des fruits, mais qui serviront aux maires qui lui succéderont. 

Il faut voir les investissements comme un système racinaire qui se développe lentement.

Alors, créer du bénéfice, oui, mais pas à n'importe quel prix ! Attention, ce prix-là n'est autre que moral. Et la morale est bien mal cotée en politique, mais tellement appréciée par les habitants accessoirement électeurs. 

Cet argent que l'on désigne comme budget municipal n'appartient à personne mais à nous tous. Il contraint à son strict respect car il est le lien matériel de la confiance entre les citoyens et les élus.

Dans un discours de la majorité municipale qui est bien souvent geignard, il est bon de rappeler que beaucoup - la plupart - des villes françaises mènent, en ce moment même, des projets à leur terme nonobstant les difficultés rencontrées - qu'elles soient d'ordre financier ou urbanistique.

Il n'est même pas nécessaire de porter son regard très loin : nos voisins angloys et bayonnais sont les preuves vivantes de ce que peuvent être une volonté politique et une vraie action municipale.

Tout ce qui précède doit évidemment tenir compte de la ville et de ses particularismes, de ses habitants, de ses ressources, de ses obligations. Biarritz jouit d'un potentiel que nous pourrions développer, mais ce mandat a rudement mis à mal un point essentiel : la valeur que nous donnons à l'Argent et son bon usage dans une commune.

Tout n'a pas de prix. Et pourtant tout a un prix. À se répéter inlassablement.

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