COMMENT FAIRE MORDRE LA POUSSIÈRE À UN ADJOINT PASSÉ DANS L'OPPOSITION...
Vous vous rappelez certainement de la démission, en février dernier, de l'adjoint «au Tourisme, aux Relations internationales et aux jumelages» Richard Tardits. Et d'un, dirions-nous !
L'adjoint-démissionnaire avait alors convié le journal Sud-Ouest pour faire part publiquement aux Biarrots de sa décision de se retirer de la majorité municipale. Cela faisait de très nombreux mois que parvenaient à Sauvegarder Biarritz des échos de ses envies de liberté, sans que cela soit suivi d'effet.
Les raisons qu'il invoquait dans notre grand quotidien régional invitaient les Biarrots à comprendre son choix : des «promesses non-tenues» de madame Arosteguy, des «désillusions» sur sa non-obtention du «poste de premier adjoint sur ce mandat», son mécontentement face à la mauvaise gestion municipale, sa placardisation à l'office du tourisme, son désaccord stratégique «sur plusieurs points et notamment Aguilera» (souvenons-nous du scandale entre le BOPB et la maire) sans oublier l'Hôtel du Palais, l'absence de douches de plage, des dépenses de «sommes considérables auprès de consultants et bureaux d'études», la manière cavalière d'apprendre «les décisions de la maire par sa page Facebook ou Sud-Ouest».
Faut dire qu'au cours de ce mandat, les occasions de démissions ont été nombreuses pour les élus de la majorité. Il leur en aura fallu avaler des couleuvres et courber l'échine pour accepter l'impensable.
On en arriverait presque à les plaindre. Presque.
Certains adjoints s'accrochent encore pour la paie à la fin du mois, d'autres par lâcheté, par incapacité intellectuelle, par peur de représailles ou par esprit de zèle, mais tous sacrifient notre ville et son avenir.
Nous regrettons vivement que monsieur Tardits n'ait pas, au cours de ce mandat, pris la parole pour exprimer publiquement ses réserves sur certaines des très mauvaises décisions de la maire pour notre ville. D'autant plus qu'il en avait alors conscience, nous avoue-t-il aujourd'hui.
Pour autant, et même si cette démission arrive vraiment trop tard dans ce mandat, monsieur Tardits a ouvertement fait état de ses nombreux griefs envers la maire.
Circule en ville que la mésentente gronderait entre les adjoints et la maire, et qu'un climat délétère est dorénavant installé au sein de la mairie de Biarritz.
Au dernier conseil municipal, les Biarrots ont assisté à la mise au ban du sieur Tardits par madame Arosteguy, laquelle lui a retiré ses délégations d'adjoint et sa participation, en tant qu'élu, à divers organismes et commissions.
Il est en effet d'usage qu'à la suite de la démission d'un élu de la majorité, ses délégations lui soient retirées.
Malgré cela, on aurait pu imaginer que madame Arosteguy ait un peu de grandeur d'âme et laisse monsieur Tardits siéger dans l'une ou l'autre de ces commissions. Même la présidence de l'Office de Tourisme aurait pu lui être concédée car il n'a pas fait état d'une divergence de politique avec la maire au sujet de cette structure. D'autant qu'à un an des Municipales, la stabilité aurait été de mise, mais cette option a été écartée d'un revers de main par la maire qui a repris, en son nom, la présidence de Biarritz Tourisme.
Comme s'il fallait absolument acter publiquement la répudiation. Peut-être pour que cela serve de leçon - et donc de frein - aux autres élus de la majorité qui pourraient vouloir emboîter le pas à Richard Tardits ?
La sanction exemplaire est tombée : le miteux a été privilégié à la noblesse d'esprit. Comme c'est surprenant.
Dans ce conseil municipal du 31 mars dernier, un échange qui interroge a eu lieu entre monsieur Tardits et madame Arosteguy, portant sur les modalités de cette démission.
Si, de prime abord, on peut en effet trouver parfois difficile pour un adjoint-démissionnaire de continuer à siéger dans des commissions et organismes, à y regarder de plus près, rien dans les textes n'obligerait monsieur Tardits à se retirer. Pourquoi donc ce flou bénéficierait-il plutôt à la maire qu'à l'adjoint ?
Alors que les délibérations actant son exclusion vont suivre, Richard Tardits entame le dialogue : «Juste pour dire que c'est vrai que j'ai démissionné de mon rôle d'adjoint mais je suis toujours élu, je suis toujours membre du conseil municipal et aujourd'hui je ne suis pas du tout démissionnaire de ma participation aux différentes commissions et surtout aux comités de direction des deux SEM ainsi que l'EPIC (NDLR : office de tourisme), notamment de l'EPIC où j'ai été élu par délibération de l'EPIC, en tant qu'élu je peux tout à fait siéger dans ce comité de direction. Donc, moi, sachez que je ne suis pas du tout démissionnaire et je tiens à rester pour représenter la ville comme je l'ai fait jusqu'à maintenant (…).».
Madame Arosteguy lui rétorque alors que n'étant pas «élu» dans ces commissions mais «nommé», qu'il «ne lui est plus possible de siéger à l'intégralité de ces structures ou des commissions».
Monsieur Tardits lui indique avoir consulté son conseil qui lui a dit «qu'en aucun cas» il ne pouvait «être viré». Il explique que la maire peut naturellement lui demander sa démission dans ces structures, mais pas l'évincer d'autorité : «Si j'ai envie, je vous la donne et notamment sur les deux comités de direction et celui de l'EPIC où j'ai été élu par délibération. En aucun cas vous pouvez me virer sans me demander mon avis.».
Par souci de transparence, il aurait été indispensable que madame Arosteguy fournisse aux élus et aux Biarrots le document sur lequel elle s'est appuyée pour affirmer que c'est de bon droit qu'elle a pu démettre monsieur Tardits. Car il existe bien une différence entre une démission d'un élu du conseil municipal qui souhaite mettre un terme à sa mission, et la démission d'un adjoint qui reste au sein du conseil municipal en tant que simple élu.
Dans le premier cas, l'élu se retire totalement du conseil municipal.
Dans le deuxième cas, l'élu se retire seulement de son poste d'adjoint mais se maintient au conseil.
C’est ce deuxième cas qui concerne l'élu Tardits.
Ne souhaitant pas que l'histoire retienne qu'elle a viré monsieur Tardits, Madame Arosteguy clame alors : «On ne vous vire pas, vous n'êtes plus, nous allons demander à ce qu'il y ait un autre représentant de la ville.». Bon, faut dire que quand on agit à longueur d'année pour ennuyer les élus et les faire partir, faut pas s'étonner qu'à un certain moment ils prennent la poudre d'escampette.
Monsieur Tardits ne se laisse pas entraîner dans le discours de l'édile et répond : «Les comités de direction et les commissions sont composés d'élus ainsi que de membres sociaux-professionnels. Il n'est pas du tout noté que ce sont des élus de la majorité ou de l'opposition - autant que je sache je suis toujours élu ! - donc en aucun cas vous pouvez donc me demander, même pas me demander, me virer sans me demander. Mais bon, on verra bien avec mon conseil.».
Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Qu'il était intéressant de voir la réaction des collègues de la majorité qui, pour certains d'entre eux, se trémoussaient de joie sur leur fauteuil à l'annonce que les postes successifs de leur «ami» Tardits leur étaient confiés.
C'est beau l'esprit de camaraderie dans la majorité !