BIENVENUE À LR LAND

Sous l'ère du président Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé avait théorisé le concept de «la droite décomplexée». Il semblerait que des années après cette doctrine soit passée en phase pratique à Biarritz.

Même si les habitants n'ignorent rien de l'appartenance politique de madame Arosteguy et de plusieurs de ses adjoints au parti Les Républicains, beaucoup nous disent éprouver une gêne certaine à ce qu'au cours de son mandat de maire de tous les Biarrots, cette affiliation soit si visible.

En connaissance de cette phrase, certes toute faite mais qui a le mérite de poser des bases saines «je suis maintenant l'élu de tous et pas seulement celui de ceux qui ont voté pour moi», nous, Biarrots aurions pu envisager que la maire fasse davantage preuve de discrétion dans ses allégeances partisanes.

Il n'en est rien. Dont acte.

Ne pas être - dans une petite ville telle que la nôtre - ni l'élu d'un camp, ni celui d'un clan, paraît judicieux, d'autant plus dans une France fracturée.

Alors, quand les seconds couteaux du parti LR ont commencé à médiatiser la venue en terre biarrote du ministre de l'Intérieur LR Bruno Retailleau, nombre de Biarrots - qui ont malheureusement appris sous cette mandature la méfiance - nous ont écrit pour nous interroger sur le bien-fondé et le coût d'un tel déplacement.

Sauvegarder Biarritz s'étant vu copieusement interpellé sur ces questions, il nous est apparu nécessaire de faire figurer les préoccupations de ceux qui nous sollicitent.

Nombreux sont ceux qui s'interrogent de savoir si, dans un contexte économique que l'on nous décrit à la capitale comme apocalyptique, dans un contexte sécuritaire où notre pays semble incapable de contrer les trafics illicites, dans un contexte où tant de nos concitoyens sont victimes d'agressions et en proie à la violence, la priorité d’un ministre de l'Intérieur est de traverser en long, en large et en travers notre pays pour assouvir sa faim de reconnaissance populaire ou bien d'AGIR efficacement dans son bureau pour les importantes missions qui lui ont été confiées ?

À cela, nous connaissons tous la réponse.

Le contribuable biarrot étant aussi un contribuable français, se demande s'il est normal qu'un ministre de l'Intérieur - candidat à la présidence de son parti LR - fasse campagne aux frais de tous les Français. Le déplacement d'un ministre engendre immanquablement des dépenses considérables et bien qu'il soit naturel que dans le cadre de ses fonctions un ministre se déplace en toute sécurité, qu'en est-il lorsque ce ministre engage le budget national pour une candidature d'un parti ?

Où est l'éthique, nous dites-vous ?

L'éthique ! Le mot est lâché, et ouvre plusieurs interrogations.

-Monsieur Retailleau a-t-il payé, sur ses deniers privés ou ceux de son parti, sa venue à Biarritz, ou l'a-t-il fait sur le budget national ?

-Monsieur Retailleau a-t-il payé, sur ses deniers ou ceux de son parti, le déploiement des nombreuses forces de Police présentes pour ce meeting politique ?

-Monsieur Retailleau a-t-il payé, sur ses deniers ou ceux de son parti, la location de barrières et des personnes détachées pour leur mise en place ?

-Monsieur Retailleau a-t-il payé, sur ses deniers ou ceux de son parti, la mise à disposition de l'Espace Bellevue - sans compter la société requise pour la sonorisation de l'événement - pour un meeting de parti qui n'avait rien à voir avec son déplacement en tant que ministre ?

-Monsieur Retailleau ne voit-il pas, en cette période de vaches maigres pour beaucoup de Français, une forme d'irrespect envers eux que de déployer de si coûteux moyens pour le déplacement d'un seul homme ?

Quand on joue au vertueux, il est utile de l'être soi-même.

Déjà que la parole politique de monsieur le ministre a pris du plomb dans l'aile : des paroles, beaucoup de paroles mais des actes inexistants. Même dans les rangs de droite, une résistance s'opère pour dénoncer les effets de manche d'un homme qui semble plus attaché à l'esbroufe qu'aux résultats.

Quant à Laurent Wauquiez - autre candidat à la présidence du parti moribond LR -, il serait intéressant de savoir s'il apprécie que son concurrent direct Retailleau utilise les moyens de l'État pour conduire sa campagne. L'aspect déloyal de la chose ne doit pas lui échapper mais, après tout, ce sont leurs affaires...

Toutes les mouches du coche du parti étaient là, bien avant l'heure du top départ, pour se donner des airs d'importance, calepin et liste à l'appui, chemise propre et souliers vernis - une fois n'est pas coutume - et brushing apprêté.

Ah quelle commedia dell'arte ! À croire que ces gens-là n'ont jamais eu l'avantage d'assister à une représentation où les zannis, les vieillards, les soldats, les amoureux, tous ces personnages bariolés déploient leurs cocasses délires.


Les Biarrots ont pu être les témoins d'une invraisemblable et disproportionnée bunkerisation de la ville de Biarritz, avec force arrêtés municipaux délivrés par madame la maire, en ce début de vacances scolaires. À propos, les commerçants ne remercient pas les décideurs de la ville qui ont eu cette curieuse initiative de caler ce meeting un vendredi - jour porteur pour le commerce - ce qui a eu pour effet de faire fuir bien des clients.

Des dizaines de fourgons de police disséminés dans la ville, l'accès automobile à la Grande-Plage et à la rue Mazagran interdit, l'accès à la Place Bellevue interdit, l'accès à la colline aux hortensias interdit : cette exhibition sécuritaire ne serait-elle pas bien plus utile dans certaines zones que l'on nous dit de non-droit en France ? Ces messieurs de la Police n'auraient-ils pas mieux à faire ailleurs, là où tant de maires appellent de tous leurs souhaits l'État à mieux les aider dans l'apaisement de leurs villes ? Quelle gabegie !

Face à cette bunkerisation, on peut se demander pourquoi la ville de Biarritz n'a pas plutôt opté pour l'organisation de ce meeting à la Halle d'Iraty, lieu éloigné du centre-ville et plus facile à sécuriser ? Lors de la venue de l'écrivain Éric Zemmour - pas encore candidat aux Présidentielles - à Biarritz en 2021 pour un meeting/dédicaces, ce dernier avait subi l'exil forcé à la Halle d'Iraty, la maire Arosteguy lui ayant interdit l'accès aussi bien au Bellevue, qu'au casino municipal que chez un libraire du centre-ville.

Madame Arosteguy avait affirmé «il va être mal reçu, je crains des troubles à l'ordre public (...) Je lui ai demandé d'aller loin du centre-ville.».

Par contre, la venue en centre-ville, pour une séance de dédicaces de l'ancien Président Sarkozy à Biarritz l'été 2023, avait, elle, été autorisée par la maire de Biarritz.

Là, plus de problème de «troubles à l'ordre public».

C'est regrettable de constater à Biarritz souvent ces situations du deux poids, deux mesures qui indisposent finalement tous les camps politiques.

Revenons à monsieur le ministre :

Enfin arrivés dans le Passage Bellevue, nous assistons médusés au contrôle - mieux qu'aux frontières ! - des personnes qui s'étaient préalablement inscrites, lesquelles, après avoir décliné leur nom, soumettaient servilement au garde-barrière LR leur carte d'identité qui leur était exigée pour accéder au Bellevue.

Au pied du Bellevue, à la Grande-Plage, une cinquantaine de manifestants donnaient de la voix et de pancartes à slogans pour protester contre la venue du ministre de l'Intérieur dont ils considèrent l'action néfaste pour les citoyens. Amusant de noter que des personnes aux convictions politiques radicalement différentes de celles du ministre et d'autres d'une Droite qui ne fait plus du tout confiance au discours du ministre-candidat, ont eu autant de déplaisir à le voir fouler notre sol basque.

À croire que monsieur Retailleau ne plaît vraiment plus à grand monde...

En ce week-end de déplacement de Monsieur Retailleau au Pays basque, se déroulait parallèlement à Bayonne, la Foire au Jambon. Est-ce pour cette raison qu'il semblerait que certains vieux godillots locaux aient pris les Biarrots pour des jambons..?

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