IL EST UN COIN DE FRANCE OÙ LE BONHEUR FLEURIT...
Si Luis Mariano était notre contemporain, il ne composerait certainement pas cette chanson dans le Quartier de l'Atalaye, tant les problèmes s'y accumulent dans l'indifférence générale.
Pourtant, le badaud qui se perd sur ces rues pentues pour atteindre le Plateau de l'Atalaye a l'impression, une fois en haut et à condition d'avoir les yeux tournés vers la mer, d'avoir franchi les portes du Paradis. Un Paradis très relatif.
Un Paradis où se mêlent, pêle-mêle, le bruit, les cafards, les rats, des poubelles aux odeurs nauséabondes et où les mouches prolifèrent, des détritus, des excréments d'animaux et humains.
Evidemment, si vous passez à quatre heures de l'après-midi un mois de janvier, vous pourrez vous demander si nous n'affabulons pas.
Aussi, comme dans bien des endroits de Biarritz, il faut venir à minuit pour observer ce «spectacle» désolant.
Commençons par les cafards : ils sont partout, de tous les côtés. Sur le Plateau et dans les rues alentour, vous en trouverez de différentes sortes ; les géants qui courent les trottoirs, les plus petits qui volent et se posent sur vous, dans vos cheveux. Si tant est qu'il faille établir une hiérarchie de ces nuisibles, nous ne savons lesquels sont les plus horribles de ces deux catégories.
Alors, oui, ces blattes ne viennent pas de n'importe où. Elles sont le fruit de la politique générale de la municipalité qui a complètement délaissé le nettoyage de surface - obligeant les riverains du centre-ville à se transformer en cantonniers -, des égouts qui ne sont plus curés nonobstant la supplication des habitants, des restaurants - affichant une hygiène des cuisines et un mode de conservation des aliments qui posent question - qui entreposent des ordures et représentent un véritable fléau, et dont il ne faut manquer de relever le comportement de leur clientèle - sous l'emprise de l’alcool et de substances illicites - qui, à trois heures du matin, oublie toute notion de propreté, de dignité et de respect de la nature.
Les rats : eux ont la politesse d'être plus discrets, de se tapir dans les buissons et de ne pas ennuyer les habitants à l'intérieur de leurs domiciles. Mais ils sont bien là ! Et pour les mêmes raisons que les cafards. Nous n'avons pas besoin de vous faire de dessin.
Parlons du bruit : là aussi, une différence s'opère entre jour et nuit.
Cris sauvages, éclats de voix, rires déployés, sont les bruits de fond qui occupent les oreilles des habitants en cet endroit, comme dans bien d'autres rues de Biarritz. Il n'y a rien de convivial à entendre des humains beugler à trois heures du matin : d'autant moins quand votre activité professionnelle vous oblige à vous lever tôt. Ce manque de sommeil rend même dangereux des activités qui nécessitent concentration et sérénité : qui s'en soucie ? Personne !
Au tour des poubelles : que l'on ne nous dise pas que cela relève seulement de la communauté d'agglomération ! Quand une situation déborde comme c'est le cas aujourd'hui, il est du devoir d'un maire - de surcroît vice-présidente de la CAPB - de s'en mêler et de trouver des solutions. Mois après mois, années après années, les Biarrots constatent l'impéritie de la mairie en la matière.
Quant aux touristes, écoeurés par ce qu'ils voient, nombre d'entre eux nous ont dit ne plus revenir à Biarritz car ils ont constaté que l'hygiène est un concept absent de notre ville impériale. Il est certain que cela ne colle pas avec les tarifs de l'Hôtel du Palais, et encore moins avec ceux du prix du mètre carré de l'immobilier dans ce secteur - tant à la location qu'à l’achat.
Le tourisme bas-de-gamme, que madame Arosteguy cultive, ne correspond pas à la topographie de notre ville. Trop de retard a été pris pour limiter les locations de courte durée type AirBnB et des habitants qui résident à l'année dans ce quartier nous disent qu'en l'espace de cinq ans, la situation est devenue hors de contrôle. Ces petits appartements, occupés par des touristes qui transforment par exemple un deux-pièces en boîte de nuit, et où les forces de l'ordre en nombre bien trop insuffisant ne peuvent se déplacer pour y mettre un terme, sont à l'origine d'insupportables nuisances et portent les germes de drames. Victimes de telles incivilités, les Biarrots manifestent un réel ras-le-bol des touristes et cette situation est à méditer pour proposer une nouvelle manière de cohabiter.
Puis il y a cette rue dont tout le monde parle à Biarritz : la rue du Préfet Doux ! Vous savez celle qui est très étroite et en pente et qu'il faut maintenant emprunter depuis l’absurde fermeture du tunnel du rocher de la Vierge. Beau spectacle, là aussi.
Arrivé en haut de la côte, un panneau STOP - bien visible par tous - accueille les automobilistes. Il n'est JAMAIS marqué, sans que la municipalité bronche. Jour et Nuit, des automobilistes passent par une rue qui n'a jamais été conçue pour être un tel axe de passage.
À ce STOP, aucun passage piéton ! Non, non, rien. C'est pourtant un passage qu'empruntent, à la sortie, tous les visiteurs de l'Aquarium et de sa boutique, tous les marcheurs du plateau, si bien que le danger que l'on inflige aux piétons est permanent.
Tout est amateurisme dans cette affaire :
-détourner les voitures du tunnel
-les faire passer par cette rue en pente inadaptée
-placer en haut de cette côte un STOP que personne ne respecte, sans jamais ne faire tomber de sanction
-n'avoir pas peint de passage clouté
-tolérer le stationnement de véhicules, privant ainsi les piétons de trottoirs, etc.
Alors que ce quartier devrait être une ode à la marche contemplative, ces basses considérations viennent encombrer notre esprit et ne donnent qu'une envie à la fois aux promeneurs et à ceux qui y vivent : fuir.
Doit-on, nous, Biarrots, en arriver là ? Est-ce l'effet recherché ? C'est-à-dire une ville sans habitants permanents, avec pour seul cap un tourisme débridé et médiocre ?
Les Biarrots gênent-ils cette majorité municipale ?
Cette majorité a-t-elle oublié qu'elle est élue par des habitants et non par des lobbys ?
Mercredi, nous vous parlerons d'un couple de Biarrots qui vit dans ce quartier et dont le quotidien est impossible.
C'est un récit bouleversant.