DE L'IDENTIFICATION À LA RÉINCARNATION

Vous souvenez-vous de cette réplique de Louis de Funès dans «La Folie des Grandeurs» ? :

«Vous avez une tête enooooorrrrmmmme !»

Pourquoi cette séquence du cinéma français nous est-elle revenue immédiatement à l'esprit en lisant l'encart consacré à madame Arosteguy et l'impératrice Eugénie de Montijo, dans le quotidien Sud-Ouest ?

Ou sinon la référence à notre cher La Fontaine ne s'impose-t-elle naturellement avec «La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf». Rappelez-vous ! Le pauvre batracien ne pouvant atteindre la taille du bœuf, a connu une funeste issue. Voilà ce qui arrive quand on veut se donner l'air d'être ce que l'on n'est pas.

La morale de la fable est à méditer :

«Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Pages,

Tout petit Prince a des Ambassadeurs,

Tout Marquis veut avoir des Pages.».

 

Peut-être un brin coquine, lors de l'article consacré à la maire et à sa future candidature, la journaliste a placé en exergue cet extrait qui mériterait de figurer dans les phrases finalistes du Prix de l'Humour Politique.

Toujours à l'affût d'une drôlerie volontaire ou involontaire, d'une formule ou d'une petite phrase polémique, quel journaliste pourrait résister à encadrer la «relation» particulière que la maire entretiendrait avec feue l'impératrice Eugénie ? La teneur comique du propos n'a pu lui échapper.

Napoléon III doit rigoler comme un bossu en voyant de là-haut la suffisance de notre édile. Il est bien loin ce temps où le maire biarrot du Second Empire, Pierre-Paul Jaulerry, donnait à notre modeste port de pêche ses premiers atours et le faisait entrer dans la cour des Grands, celle des villes impériales.

Que peut-il se passer dans la tête d'une personne pour oser seulement suggérer, et encore plus affirmer, que le flambeau lui serait transmis par Eugénie ?

L'entourage n'a-t-il pu, auprès d'elle, faire valoir l'aspect désopilant et caricatural de la chose ?

Si ça continue sur cette pente, madame Arosteguy nous assurera bientôt de voix ou de visions de notre regrettée Eugénie lui intimant de se présenter aux élections Présidentielles. La volonté d'un mort, ça se respecte...

Est-ce le portrait de l'impératrice, suspendu dans le bureau de la maire, qui agit telle une poupée vaudou sur notre édile pour se venger de Biarritz ? Eugénie nous en voudrait-elle pour utiliser comme intermédiaire de sa personne madame Arosteguy ?

Rappelez-vous qu'avec la chute du Second Empire, partout les Français manifesteront contre l'Empereur. Les Biarrots - oubliant vite leurs généreux bienfaiteurs - n'y échapperont pas. En l'apprenant, Eugénie soupirera : «Eux aussi.. !».

L'on sait qu'à travers l'histoire, nombre d'individus se sont reconnus en Napoléon Bonaparte jusqu'à se persuader de l'être. Cela peut prêter à sourire mais depuis la mort du grand Corse, des dizaines et des dizaines sont jusqu'à ce jour recensés se réclamant de lui.

Qu'est-ce qui les pousse à ce remplacement d'identité ? Volonté d'être vainqueur, impression d'immortalité, désir d’invulnérabilité, incontrôlable mégalomanie ? Allez savoir ! Toujours est-il que ce délire d'identité nous offre l'opportunité de tenter de ne surtout pas ressembler à ces pauvres hères non-Napoléoniens.

Il est un point que la maire oublie ou ne sait pas, c'est qu'en France, le rôle d'une reine ou d'une impératrice est très limité et n'est pas censé avoir de portée politique. Si ce n'est sous des Régences - et encore, toujours sous un vigilant œil masculin - les reines et l'impératrice avaient pour première fonction de faire potiche. Sois belle et tais-toi. Le rôle de consort qui leur était dévolu est bien loin de celui que l'on trouve au Royaume-Uni ou en Russie. Pour n'en citer que deux, la reine Victoria et Catherine II : elles avaient reçu une éducation complète, à l'égal des hommes de leur temps.

Revenons à notre impératrice biarrote.

Quelles étaient les actions de l'impératrice en fonction dont nous pouvons vanter les mérites ?

Son ardeur à venir en aide aux plus démunis, son goût pour les Arts et la Culture très tôt cultivé par son précepteur Prosper Mérimée et son irrépressible attrait pour la Mode - permettant à la création française de s'imposer mondialement - ont été les trois pivots centraux de son règne.

Sur ces trois points du Social, de la Culture et de la Mode, nul rapprochement n'est à opérer avec notre maire actuelle qui, de manière inexplicable, se reconnaît pourtant en elle.

Quant au supposé féminisme de l'illustre biarrote évoquée par madame Arosteguy... Nous savons bien qu'il est à la mode actuelle de réécrire l'Histoire de France, mais tout de même ! Il faut savoir raison garder et ne pas lire les siècles précédents à l'aune du XXIème.

Biarrots, nous sommes entre nous et pouvons bien le dire ici : l'arrogance d'Eugénie lui a souvent été reprochée. Son invétérée frivolité aussi. L'impératrice, elle, vouera une passion pour Marie-Antoinette et la prendra en exemple, comme d'un double. Décidément !

Fervente catholique, elle entraînera le malheureux Maximilien d'Autriche - devenu plus tard Maximilien 1er, empereur du Mexique - également poussé par son ambitieuse épouse Charlotte de Belgique, à conquérir le Mexique avec une intention prosélyte. Cela se trame même aux arènes de Bayonne où elle échafaude, avec un certain Hidalgo, le projet de ce qui allait être une des pires décisions stratégiques du XIXème siècle. Après bien des vicissitudes, Maximilien sera exécuté par le nouveau pouvoir de Juarez et Charlotte, revenue en Europe, deviendra folle. La coupable responsabilité d'Eugénie dans l'expédition mexicaine est reconnue par tous.

Tout cela, nous Biarrots le savons, même si nous vouons une véritable sympathie à l'impétueuse impératrice qui aura su imposer Biarritz au cœur de son époux Napoléon III, permettant à notre cité de changer définitivement sa destinée.

Une gitane avait prédit à la jeune Eugénie - qui n'a alors que douze ans - un avenir de reine ou d'impératrice. Mais cette liseuse des lignes de la main de notre jeune fille ne lui avait pas dit que cette merveilleuse fortune s'arrêterait hélas, tragiquement, par la débâcle de Sedan en 1870.

Comme madame Arosteguy nous autorise à des parallèles audacieux, doit-on gager que sa victoire de 2020 se terminera dans une défaite en 2026 ?

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