JCDECAUX : STOP À LA POLLUTION VISUELLE DANS BIARRITZ !
À l'heure où des spécialistes et même l'Etat alertent la population du danger des écrans, du temps perdu à scroller, de la perte du sens de l'observation et de l'attention chez les enfants, Biarritz va à contre-courant et installe, dans son centre ancien, des sucettes publicitaires JCDecaux.
Évidemment, quand on souhaite faire de la publicité, la discrétion est rarement de mise. C'est donc très logique que JCDecaux se vante de placer ses panneaux «stratégiquement déployés dans les zones les plus passantes» car «avec les emplacements les plus stratégiques au cœur des lieux de vie, de consommation, de shopping et de loisirs» pas un promeneur ou automobiliste n'échappe à cette accroche visuelle.
Mais ces «emplacements les plus stratégiques» sont bien évidemment dans les cœurs de ville - forcément des quartiers historiques ou anciens. Les dégâts sont donc considérables dans les villes ayant confié leurs trottoirs à ces panneaux. Le paysage architectural et aussi sa qualité, dans quelque ville française que ce soit, ne peuvent cohabiter avec ces barres rectangulaires métalliques, aux annonces aguicheuses et vulgaires. Ainsi, c'est dans l'esprit du respect de l'existant que, dans les centres anciens, les façades de bâtisses sont soumises à un strict contrôle lors de rénovations, ou encore que les devantures des commerces sont encadrées par un cahier des charges.
Nous ne pouvons résister à vous communiquer ce que la société JCDecaux énonce à ce sujet «Nous militons pour une publicité intégrée harmonieusement dans la ville. (...) Nous sommes convaincus que la publicité participe à l’animation des espaces urbains et à la création de valeur à votre profit tout en s’intégrant élégamment dans la Ville.». Si nous n'étions pas aussi révoltés, nous aurions pu en rire.
Vous aurez remarqué que bien des produits sont aujourd'hui accolés à la mention «écologique», «durable», «biologique», «anti-gaspi», «recyclable», «éco-responsable», «respectueux de l'environnement», «eco-friendly». Même si nous pouvons nous réjouir d'avoir le moins d'empreinte négative sur la planète, il est évident que ces arguments «verts» ne sont pas toujours suivis d'effet et sont parfois seulement des moyens de séduction pour attirer l'acheteur hésitant. C'est dans cette intention qu'il nous est vanté le caractère peu énergivore de ces panneaux par rapport à la génération précédente. Mais ne serait-il pas encore moins énergivore et plus éco-responsable de renoncer définitivement à ces inutiles sucettes ? Dans certains quartiers de notre ville l'éclairage public a été éteint la nuit pour limiter la facture en électricité, alors que dans le même temps ces sucettes fonctionnent 24h/24.
Puis ces «emplacements stratégiques» choisis trônent bien souvent en bord de route où l'automobiliste - déjà bien occupé à surveiller une chaussée partagée entre voitures, camions, scooters ou motos, vélos, trottinettes et piétons - n'a surtout pas besoin d'être distrait par de l'animation lumineuse, colorée et visuelle, dont le contenu n'intéresse personne. Un moment d'inattention provoquée par cet écran peut se terminer en drame.
Des villes importantes ont entamé un retour à la normalité en procédant au retrait de ces machins. La métropole de Nantes a déjà enlevé pas moins de 120 panneaux qui, hélas, selon les dires de la société exploitante, seront remis à neuf pour être installés par ailleurs. Pas moins d'un milliers de panneaux de formats divers seront, à terme, ôtés de la vue des Bretons.
À Paris, les panneaux numériques sont «formellement interdits» et ce depuis 2011.
Bien des villes telles que Lyon, Marseille, Grenoble, Bègles, ont compris qu'il fallait marquer d'un coup d'arrêt ces installations.
Chez nous, le Règlement Local de Publicité Intercommunal pays basque (RLPI) a procédé à une réunion, en décembre 2023, entre responsables locaux et acteurs professionnels de la publicité et rendu public le résultat de la concertation citoyenne. Il en ressort une nette volonté de mesures de limitation, d'encadrement et restrictives contre la publicité dans l'espace public et le «rejet» des dispositifs numériques.
Comme cela ne suffisait pas d'avoir à subir leur laideur et leur dangerosité, il faut en plus constater que les Enseignes faisant présence sur ces écrans sont de scandaleuses concurrentes de nos commerçants biarrots. La marque Primark, le centre commercial espagnol Garbera ou encore celui d'Ametzondo à Bayonne, communiquent sur ces supports. Alors que tout doit être mis en œuvre pour accompagner le commerce de proximité biarrot, la ville de Biarritz adoube une compétition difficile à remporter entre petits commerces indépendants présents dans notre ville et grands groupes du textile des centres commerciaux.
Il est frappant de relever que lors de la période où le parti politique de droite Les Républicains se cherchaient un candidat pour les Présidentielles, les supports JCDecaux se sont faits les messagers, dans Biarritz, d'un débat télévisuel n'opposant que les personnalités politiques de droite que sont Valérie Pécresse, Eric Ciotti, Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin. Pourtant, un avenant est très clair à ce sujet et indique, noir sur blanc, que «La Ville (…) s'engage à ne donner aucun caractère politique (…) aux informations qu'elle diffuse sur les mobiliers».
Et vous Biarrots ? Appréciez-vous ces publicités racoleuses insérées dans un mobilier urbain couleur «gris triste» ?
Malgré la prolifération des barrières, plots, cônes et panneaux avec ordres et contre-ordres, Biarritz a pu jusqu'alors réchapper de l'attribution du «Prix de la France Moche». Et cette fois-ci ?