BIARRITZ ABRITERAIT UNE HÉROÏNE SECRÈTE

Ce n'est pas seulement aux Galeries Lafayette qu'il se passe toujours quelque chose - selon le célèbre slogan des années 70 -, ni seulement au Biarritz Olympique qui nous livre régulièrement son lot d'imprévus et de rebondissements à suspense ; c'est aussi le cas dans notre mairie biarrote.

Et tout dernièrement ce lieu républicain vient d'être le théâtre de la remise de la Légion d'Honneur à madame Arosteguy. Oui, braves gens, la plus haute décoration honorifique française qui récompense, depuis ses origines, les militaires comme les civils ayant rendu des «services éminents à la Nation» - Napoléon disant «Je veux décorer mes soldats et mes savants» - vient d'être accrochée au revers du veston de la maire de Biarritz.

À part celle décernée aux militaires, dont la plupart ont mis leur vie en péril pour défendre la patrie, cette haute reconnaissance est généralement attribuée à des grands sportifs, des personnalités qui font rayonner la France dans le monde, des civils auteurs d'actes de bravoure, des chercheurs, des génies, à celles et ceux qui ont œuvré de manière exemplaire et extraordinaire - au sens littéral du terme - dans l'intérêt de notre pays, y compris des personnages de la caste politique - mais pour que ces derniers soient admis au grade de chevalier, la Haute Chancellerie exige qu'ils justifient un bail de services publics ou d'activités professionnelles d'une durée minimum de vingt années, assortis dans l'un et l'autre cas de mérites éminents.

Côté service public, le compte n'y est pas car Madame Arosteguy n'est maire que depuis 4 ans et ne peut par ailleurs démontrer vingt brillantes années de service public. Son entrée dans la vie politique ne date que depuis 2008, lorsqu'elle fut entraînée par une personnalité biarrote qui revendique d'ailleurs lui avoir mis le pied à l'étrier.

En outre, nous ne lui connaissons localement aucune action bénévole, aucun acte de dévouement, aucun parcours associatif, aucun combat au profit d'une cause d'intérêt général, ni aucune initiative au service de la population biarrote.

Le président Larcher, visiblement démuni, a cité dans son discours les fonctions qu'occupe la maire de Biarritz - à des postes quasi naturellement attribués aux élus -, mentionnant sa vice-présidence à la Communauté d'Agglomération - ils sont quinze ! -, sa présence au Conseil Régional, et sa vice- présidence pour l'Assainissement de l'eau (!?). Bref ! Aucun service éminent rendu à la Nation !

Si ces missions devaient être assimilées à d'éminents services rendus à la Nation, il faudrait distribuer le ruban rouge comme des bonbons à tous les élus...

Mais le pompon est le propos de Monsieur Larcher sur le rôle de dame Arosteguy pour améliorer les infrastructures sportives : de quoi faire s'étouffer les nombreux Biarrots supporters qui ont vu leur club asphyxié par la maire, lors de la présidence Gave-Aldigé, après qu'elle a ravalé sa promesse, pour être élue, de co-financer un centre de formation. Nous savons qu'avec des mots, l'on peut tout dire, mais point trop n'en faut ! Une forme d'indécence ou de cynisme n'a-t-elle pas été franchie ? Nous pardonnons au président Larcher qui, à Paris, n'a sans doute pas été atteint par les échos d'Aguilera... et qui ignore tant d'autres choses que l'on ne peut pas dire : aux innocents les mains pleines, au risque de se discréditer soi-même !

Si bien que lorsqu'il est précisé que Madame Arosteguy revendique auprès de la Haute Chancellerie «35 années de service public», nous ne voyons pas lesquelles, ni où ?

Reste donc les autres «éminents services rendus à la Nation», cette fois «dans sa vie professionnelle ou personnelle» :

Dans ces deux domaines, ignorant complètement l'action de madame Arosteguy au bénéfice de la société et non dans son intérêt exclusif, nous trépignons d'être vite informés des exploits qu'elle aurait accomplis et qui auraient été tenus secrets jusqu'alors.

Les Biarrots connaissent l'Épicerie Arosteguy tenu par son frère et dont tous deux sont les heureux héritiers. Mais a-t-on vu, pour ce seul statut, un épicier ou un droguiste distingué de la Légion d'Honneur ? Restons sérieux !

Certes le président Larcher, quelque peu dépourvu de «biscuits» pour justifier une telle décoration, s'est vu contraint d'évoquer l'ascendance de madame Arosteguy, notamment son grand-père Félix ; sauf que ce n'est pas cette ancienne figure biarrote que l'on décorait hier à titre posthume...

Alors nous espérons pouvoir compter sur les happy-few qui ont été conviés à se joindre aux courtisans de la récipiendaire pour nous rapporter la nature des états de services de dame Arosteguy.

Car Biarritz doit pouvoir s'enorgueillir des prouesses de son maire et les revendiquer.

Et il serait à tout le moins curieux d'être héroïque et de ne pas l'avoir fait savoir ! Serait-ce une grandeur d'âme de Madame Arosteguy qui, bien que savante ou génie, ou ayant fait preuve de courage, ou prouvé sa noblesse, sa force exceptionnelle ou son esprit de sacrifice, aurait préféré la discrétion à la fanfaronnade... Mais la remise de distinction intervenue ce jeudi vient rejeter cette hypothèse.

D'autant plus que la maire a sorti le grand jeu pour l'occasion. Le président du Sénat Gérard Larcher, sollicité et anecdotiquement présent en terre basque - luzienne - pour les fêtes de Noël a bien voulu se déplacer à Biarritz pour venir décorer une élue de sa famille politique. Mais il n'est pas descendu exprès de la capitale pour la circonstance.

L'entre-soi politique, tout comme celui de la franc-maçonnerie, ne fonctionnent-ils pas à merveille ?

Mais il reste néanmoins surprenant que cette cérémonie se soit tenue à l'Hôtel de Ville car il s'agit d'un événement à caractère privé ; nous imaginons que dame Arosteguy aura sollicité la maire Arosteguy pour pouvoir jouir de ce lieu du peuple, qui n'appartient pas à madame Arosteguy qui n'est là que de passage. D'aucuns assurent qu'elle ne peut que s'être acquittée du prix de la location de l'espace investi pour la réception ; à Sauvegarder Biarritz nous pensons qu'elle aurait eu meilleur compte à louer un salon dans un établissement privé, eu égard au tarif de 6.200 euros appliqué par la Ville, même pour une durée limitée à deux heures. Sans compter qu'il faut ajouter le coût du buffet aux frais précités...

Car comment concevoir que madame Arosteguy ne soit pas passée à la caisse ? Pensez à son intégrité ! Elle ne peut s'arroger ce qu'elle a refusé à d'autres personnalités biarrotes ; encore moins une fois devenue légionnaire d'honneur ! Ou alors ce serait le déshonneur.

La grande question est de savoir quels sont les éléments qui composent le dossier de candidature de Madame Arosteguy et dont nous avons appris qu'ils étaient censés rester secrets. Personne ne peut, du vivant de la récipiendaire, accéder au contenu du dossier détenu par la Haute Chancellerie. De la sorte, qui peut venir apporter une contestation ou démentir une information qui aurait pesé dans la décision du conseil de l'ordre ? Les choses sont bien cadenassées !

Pourtant :

-De nombreux Biarrots ne lui reprochent-ils pas d'avoir ourdi de nombreuses intrigues, ne craignant pas de compromettre la réputation d'autrui pour mieux tirer son épingle du jeu ou de tenir publiquement des propos insultants à leur encontre ? Ne l'accusent-ils pas de faire montre de davantage d'ambition pour sa carrière, plutôt que pour sa ville ?

-Les élus de l'opposition ne déplorent-ils pas la censure dont ils sont victimes, dénonçant une opacité des dossiers et de certaines dépenses ? Les plus efficaces de ces élus minoritaires ne sont-ils pas la proie de brimades permanentes, allant du mesquin recadrage d'une photo pour induire leur absence à une commémoration, jusqu'à la tenue de propos mensongers, éminemment infamants et portant atteinte à leur intégrité, lors des conseils municipaux, ou encore une prise de contact avec leur employeur afin de leur nuire ?

Jusqu'alors, les légionnaires d'honneur forçaient notre respect. Dès lors ne serait-il pas fâcheux qu'une distinction, qui aurait été injustement décernée, vienne ternir l'estime que nous leur vouions spontanément ?

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