BIARRITZ, TOUJOURS LANTERNE ROUGE ?
Décidément ! Cet endroit serait-il maudit ? Après sa fermeture complète pendant trois semaines (!) pour l'installation d'Halloween, le jardin public a rouvert à tous avec une nouveauté : un éclairage qui n'éclaire pas. Vous ne comprenez pas ? Nous non plus.
Côté mairie, ils ont dû s'y mettre à plusieurs pour imaginer cette idée lumineuse : insérer des films de couleur - pour simuler une pauvre décoration de Noël ? - sur les parois vitrées des réverbères. Lesquels obscurcissent à un tel point la zone qu'ils sont censés éclairer, que même un moucheron ne s'y retrouverait pas.
Voilà le jardin peuplé de lanternes rouges ! Curieux choix de couleur, n'est-ce pas ?
Après sa période habitée par des monstres et des sorcières, le jardin public exauce le souhait de H.G. Wells et devient maintenant une sorte de machine à explorer le temps. Si vous souhaitez faire un voyage temporel au Moyen-Âge, enfilez donc vos poulaines pour y faire une balade. Avec un peu d'imagination, vous apercevrez quelques malandrins cherchant à vous soutirer trois écus pour boire un verre d'hydromel à l'auberge du coin.
Ceux qui traversent - ou qui souhaiteraient traverser ! - le jardin pour atteindre leurs demeures ou leurs véhicules, se trouvent plongés dans le noir comme au temps de Philippe le Bel. Les voilà donc contraints, comme au mois dernier, à contourner le jardin pour éviter les ténèbres. Le coucher du soleil se faisant à 17h30, autant dire que jamais la pensée de Bouddha «sois ta propre lumière» n'a autant pris son sens. Que l'on vous dise : nous avons essayé, mais ça n'a pas marché.
Biarrots, allez-donc y faire un tour : la nuit bien entendu ! Mais attention : êtes-vous nyctalopes ?
Réfléchissez bien, c'est important.
Dans le cas où vous ne le seriez pas, il vous faudra vous munir de la frêle lumière de votre briquet ou de la lampe de poche intégrée à votre portable pour éviter de passer Noël avec un plâtre.
Et êtes-vous nyctophobe, achluophobe ou scotophobe ?
Car que se cache-t-il dans cette mystérieuse obscurité ?
Oui bien sûr, des trous - toujours les mêmes qui ne sont jamais comblés ! - et des racines d'arbres qui se sont développées sur les chemins caillouteux les rendant ainsi dangereux, mais pas seulement... Dans cette nuit se cache l'insécurité. Ressentie ou réelle, elle est bien là, qui guette derrière chaque buisson. Pourquoi placer les habitants dans cet état craintif ?
Dans un pays où plus de 60% des Français déclarent ne pas se sentir en sécurité, quelle invraisemblable démarche de la municipalité que de réduire l'intensité lumineuse des réverbères municipaux, à une période où bien des promeneurs chargés de leurs sacs du commerce contenant des cadeaux à placer sous le sapin sont de potentielles cibles.
Notre Premier ministre Michel Barnier nous assure de la baisse du prix de l'électricité : point donc besoin de se montrer si pingre côté mairie. Des économies, on peut en faire ailleurs et autrement !
De nombreux spectacles sont programmés à la Gare du Midi et se déroulent la nuit venue. Les spectateurs qui sortent à une heure tardive se retrouvent, eux aussi, confrontés à cette appréhension du trou noir. Quand on se retrouve seul, plongé dans l'obscurité à une heure avancée, sans moyen de défense et que l'on n'a pas le gabarit d'un Schwarzenegger, il est vrai que l'angoisse vous envahit rapidement.
Cet obscurcissement est flagrant au jardin public - sous couvert d'une prétendue sobriété énergétique - et aucun autre quartier de la ville n'échappe à cette attitude rétrograde et moyenâgeuse de la mairie : il est devenu impossible de reconnaître une personne qui arrive en face de soi, tant l'éclairage est faible.
Notre voisin camboard Edmond Rostand nous enseigne que «C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière»... Oserait-on lui dire que nous perdons espoir de voir clair dans cette inepte pénombre ?