THALMAR, ENCORE UN HÔTEL, ENCORE DU BÉTONNAGE : LAISSE BÉTON
Certains d'entre nous se souviendront qu'après la démolition du centre E.Leclerc avenue de la Milady, les Biarrots se réjouissaient de récupérer un grand terrain pour y envisager du logement. Puis nous apprenions que des technocrates confortablement assis quelque part dans un bureau, avaient placé ce terrain, ainsi que d'autres, sur un axe inconstructible pour de l'habitat, en raison du couloir aérien... Mais pas pour autant inconstructible pour y bâtir une résidence de tourisme...
C'est à croire que dans l'esprit de ces technocrates, si un avion devait, par malheur, tomber sur un touriste, cela aurait moins d'importance que s'il devait tomber sur un Biarrot. Effrayant.
La bâtisse, qui a donc été érigée en lieu et place, présente un aspect architectural plutôt agréable et un aménagement paysager soigné, même si l'on peut déplorer plusieurs points :
-1) que la parcelle ait été si densifiée,
-2) que la résidence n'ait pas apporté du logement supplémentaire aux locaux,
-3) que le projet abouti ne soit pas à intention scientifique ou culturelle,
-4) et que son édification contribue hélas davantage au surtourisme dont nous subissons déjà trop les inconvénients.
C'est aussi un quartier qui a connu une densification urbanistique qui n'est pas forcément des plus heureuses sur le long terme, quand on songe à la résidence Édouard-VII ou à la résidence Les Jardins Victoria. Mais il s'agit d'une autre époque où la réglementation, en la matière, était plus souple...
Dans ces conditions, une grande vigilance s'impose à nous pour mieux réguler et tempérer les ardeurs de ceux qui voient un bout de verdure comme un espace de rentabilité non exploité.
Mais intéressons-nous au 80 rue de Madrid, endroit fréquenté aussi bien par des locaux que par des touristes : le Thalmar.
C'est avec une grande surprise que les Biarrots et les salariés de l'établissement Thalmar ont appris la nouvelle de la fermeture de ce centre de thalassothérapie, fitness et bien-être.
La surprise passée, nous pensions que l'établissement se faisait une cure de jouvence dans un domaine où la concurrence est tout de même importante sur la côte, avec Atlanthal à Anglet, Loreamar et Thalazur à Saint-Jean-de-Luz et, bien évidemment, le Miramar à Biarritz.
Et puis non. La simple rénovation à laquelle nous pensions s'est transformée en «rénovation et extension d'un centre de thalassothérapie et de remise en forme + création d'un hôtel de quatre étoiles avec 46 chambres».
Et là, nous tombons des nues.
-Comment comprendre cette nouvelle autorisation de la maire Arosteguy de créer encore un nouvel hôtel - après celui de l'avenue de Verdun - alors même qu'elle se plaint des dérives du surtourisme ?
-Comment, en 2024, comprendre que la Loi Littoral dont la mission est relative à «l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral» puisse permettre ce bétonnage en front de mer ? C'est à contre-courant de ce que notre époque nous dicte de faire.
-Comment, en 2024, comprendre qu'un permis de construire soit délivré pour la création d'un hôtel de 46 chambres (!) dans une zone qui est classifiée catégorie C dans le Plan d'Exposition au Bruit (PEB) ? Le PEB est un document d'urbanisme d'État qui a pour fonction de limiter la constructibilité dans ces zones afin d'y restreindre les nuisances sonores.
Et pourtant. Des 2390 m² actuellement construits sur le site de Thalmar, 2176 m² vont bientôt venir s'ajouter pour arriver à un total de 4566 m² !
Curieux phénomène : alors même que Thalmar va recevoir beaucoup plus de flux en termes de visiteurs, le nombre de places de stationnement va passer de 136 à 127. Plus de visiteurs et moins de stationnement ? À quelle logique cela répond-t-il ?
Pareil au désamour affiché par la maire Arosteguy pour les arbres en notre ville, le propriétaire des lieux Patrick Arrosteguy va, lui, abattre 18 des 55 tamaris existants sur ce site. Trouvez-vous cela normal que ces végétaux - emblématiques de Biarritz - dont la pousse est très longue, soient ainsi cruellement abattus ?
Le dossier du permis de construire étant de 77 pages, il nous a fallu une grande patience pour en parcourir les lignes, mais que ne ferions-nous pour nos fidèles lecteurs ?
Rappelons-nous que la maire et sa majorité ont qualifié de «bétonneurs» les porteurs du projet de danse à la Villa Fal où étaient prévus des logements encaissés (et cachés) pour étudiants l'hiver et saisonniers l'été. Appréciation à géométrie variable selon les personnes - à laquelle, nous, Biarrots, sommes habitués.
Cette affaire de l'hôtel Thalmar, ajoutée à celle de l'hôtel de l'avenue de Verdun, dénonce les contradictions d'une maire qui déclame faussement souhaiter un tourisme plus qualitatif, plus respectueux de l'environnement, mais qui est l'artisan de toujours plus du tourisme, plus de monde, entraînant le déclassement, la pollution et la perte d'authenticité de notre ville.
Ce double langage est constant en provenance de la mairie de Biarritz. Nous ne pouvons nous résoudre à subir les gémissements de ceux qui dénoncent le bétonnage des années 60 mais qui sont aujourd'hui les premiers à empiler des parpaings pour des projets dont Biarritz se priverait avec bonheur.