LA CHAPPE DE PLOMB OU L'OMERTA

Il se passe de bien curieuses choses à la ville de Biarritz.

Depuis l'arrivée de Madame Arosteguy au fauteuil de maire, nous sommes témoins d'employés municipaux qui, tour à tour, sont mis au placard ou voient leurs contrats non-renouvelés, de mises à la retraite anticipée et forcée. Chose plus étonnante, certains employés préfèrent mettre un terme à un emploi sûr et prendre la fuite, tant la situation est intenable.

Pour autant, ces têtes coupées ne correspondent pas non plus à une volonté de la majorité municipale de réduire l'effectif et donc les dépenses. Alors, que se passe-t-il ?

Tout se sait dans une ville de 24.000 habitants. Anne a sa sœur qui y travaille, Gorka son meilleur ami, Philippe sa fille, Amaia sait que sa voisine souffre... La liste est longue.

Les langues sont prudentes - les murs ont des oreilles - mais tous ont besoin de se confier. Sans cela, difficile de tenir le coup dans des conditions de travail dégradées.

À écouter ces (trop) nombreux malheureux, il se révèle une méthodologie pernicieuse : des petites choses accumulées jour après jour, des humiliations faites en public, une remise en question des compétences, une surveillance des appels et des courriers, le dénigrement du travail réalisé.

Toutes ces brimades portent bien évidemment un nom.

Il s'agit de «harcèlement moral au travail» mais la victime, une fois prise dans la nasse, ne s'en rend pas forcément compte. Dévalorisée, démotivée, elle est dans une impasse.

Trois réactions émergent chez ceux victimes de ce harcèlement : pour les uns la soumission, au mépris de leur santé, pour les autres la résistance, ce qui engendre inévitablement l'acharnement de leurs bourreaux.

D'autres choisissent la voie judiciaire, parcours certes long et onéreux semé d'embûches, mais qui a, jusqu'ici, toujours rendu un verdict juste.

Rappelons aux auteurs de ces dangereux comportements que tant le tribunal pénal que le conseil des prud'hommes sont compétents pour rendre justice aux victimes.

-Article 222-33-2 du code pénal

«Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende.»

-Article L133-2 du code général de la fonction publique

«Aucun agent public ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.»

Pourquoi faire régner une atmosphère délétère au sein de la mairie, à l'office de tourisme et à la médiathèque ?

Les services municipaux ne peuvent que pâtir de cette anxiété répandue parmi les agents publics qui aboutit au burn-out (épuisement professionnel).

De quelle mentalité cela relève-t-il de virer des salariés - accessoirement des Biarrots - ayant fait leurs preuves depuis 20 ans, 30 ans ? Des fonctionnaires exemplaires qui sont compétents mais qui auraient pour seule «tâche» d'avoir été embauchés à l'époque des «prédécesseurs».

Ah, nous y voilà ! Les «prédécesseurs» ! Ce mot si souvent prononcé avec dédain par l'actuelle mais provisoire maire pour désigner messieurs Borotra et Veunac.

Serait-ce donc la raison cachée ? Mais ces personnes n'ont pas prêté allégeance à un maire en particulier : ils ont le service public chevillé au corps et remplissent leur mission contre vents et marées, sans agir en fonction de la coloration politique du maire en cours de mandat.

Après tant de départs, il faut songer à recruter des remplaçants... Incroyable mais vrai, le bouche à oreille a fonctionné. Il se chuchote, dans le microcosme des prétendants aux appels à candidatures, qu'avoir un poste à responsabilités au sein de la mairie de Biarritz n'est pas enviable. Il faudra travailler sous la férule de quatre personnes et subir l'incompréhensible.

Il faudra aussi venir tous les matins au travail la boule au ventre, déprimé et déconsidéré : quelle sera l'humiliation du jour ?

Ceux qui agissent ainsi contre des employés municipaux ont-ils pensé aux répercussions psychologiques sur ces souffre-douleur ? Stress chronique, insomnie, fatigue, dépression : où est l'humanité dans tout ça ?

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