IL FAUT QUE L'ON VOUS LIVRE...
Nous venons d'apprendre le départ de la directrice de la médiathèque, Madame Maialen Sanchez.
Que cela suscite chez nous quelque réel regret, sans aucun doute.
Que cela nous ait surpris, pour être francs : pas vraiment, tant d'échos ne cessaient de nous parvenir depuis quelque temps, laissant présager une telle issue.
Souvenons-nous qu'après les droits à la retraite revendiqués en 2010 par sa prédécesseure, Madame Hirigoyen, la candidature de cette archi-diplômée avait été retenue par le maire de l'époque Didier Borotra pour assurer la relève.
Durant les mandatures des maires Borotra et Veunac, Maialen Sanchez a fait vivre la médiathèque de manière remarquable. Outre un choix éclairé des documents qui venaient régulièrement enrichir les collections tous supports, elle a su proposer dans la continuité une programmation variée, de qualité, s'efforçant de ne retenir que des événements en lien avec la vocation du lieu, soit le livre, l'écriture, mais aussi le cinéma, la musique et la presse. Des conférences en lien avec l'actualité culturelle de la ville y étaient traditionnellement données.
En effet, la médiathèque, qui venait de naître sous la municipalité de Didier Borotra et tant souhaitée par Jakes Abeberry - car ces deux hommes de culture s'étaient imposés d'offrir cet outil aux Biarrots -, a immédiatement été perçue par la nouvelle directrice, comme son bébé, qui méritait toutes les attentions. Et elle aura su accompagner ce lieu du savoir et permettre sa maturité, encouragés par les deux maires précités, qu'elle tenait régulièrement informés de ses projets mais qui ne sont jamais venus les contrarier.
C'est donc dans cet esprit d'indépendance et de liberté d'actions que le public biarrot aura pu profiter, des années durant, de cette source de connaissances.
Mais à l'arrivée de la municipalité Arosteguy, plus particulièrement à partir de la période post-Covid, un changement sensible a été perceptible. Les thématiques programmées avaient pris leur distance avec le monde littéraire, musical ou cinématographique, jusqu'à souvent n'avoir plus aucun lien. Les manifestations, jusqu'alors gratuites pour le public et financées par le budget «Culture» de la ville, sont devenues de plus en plus fréquemment payantes, parfois même à un tarif exorbitant. Cela ne pouvait être «l'œuvre» de la directrice de la médiathèque dont l'ambition a toujours été que cet espace, relevant du Service public, soit ouvert et accessible à tous : pas de sélection par l'argent dans une médiathèque.
Que s'est-il donc passé ?
Sauvegarder Biarritz a pu profiter d'indiscrétions laissant accroire que le nouveau mode de fonctionnement de la médiathèque, de même que la nature des nouvelles programmations, seraient dus à l'ingérence de la mairie. Cette dernière aurait procédé à la suppression de certains événements prévus par la directrice et son équipe, l'aurait contrainte d'en organiser d'autres, notamment des manifestations davantage bling-bling avec la participation de célébrités.
Des Biarrots ont ainsi vu leur proposition d'intervention à la médiathèque adoubée dans un premier temps par sa directrice, puis refusée in fine par la mairie. De la sorte, une exposition gracieuse sur les objets d'art populaire basque - plus communément connus sous le terme de «bascotilles» - aura subi le scandaleux veto de la municipalité biarrote : problème de la maire avec une mise en valeur de notre patrimoine ou délit de sale gueule des collectionneurs ? Une action judiciaire est en cours devant le Tribunal administratif.
L'autorité scientifique de la directrice, via des personnes pourtant non-qualifiées, aurait été bafouée. Pire encore, la directrice aurait subi l'humiliation d'être contestée dans ses compétences devant des subordonnés et aurait été épiée dans ses courriers et prises de contact dont elle se devait désormais de rendre compte en mairie. Ces informations semblent avoir été implicitement corroborées par un arrêt de travail durant plusieurs semaines de l'intéressée, épuisée tant émotionnellement que moralement.
Nous avons hier publié un texte sur les départs nombreux de cadres municipaux. Madame Maialen Sanchez devra être ajoutée à cette liste de gens poussés vers la sortie par le simple fait qu'ils ne plaisent pas à la locataire de la mairie ou parce que cette dernière convoite leur poste pour y placer un mieux pensant ou, si vous préférez, un mieux votant.
Madame Sanchez ne faisait pourtant pas de politique, certes. Mais elle portait sur ses épaules le lourd fardeau d'avoir été retenue par Didier Borotra. Cela aura suffi à sa perte.
Dans ce genre de situation, comme le disait Léon Gambetta, «il faut se soumettre ou se démettre».
La directrice de la médiathèque a choisi de se démettre, avec tout ce que cela implique pour son conjoint et leurs enfants. Il faut une sacrée trempe pour préférer le sacrifice de quitter Biarritz et leurs parents respectifs, au diktat de personnes qui compromettent la motivation d'une carrière après les efforts d'un difficile parcours universitaire.
Cet acte d'abnégation confirme les qualités tant morales que professionnelles de Madame Sanchez.
Il faut aussi que le stress provoqué lui ait été insupportable au point de ne plus pouvoir faire face et de préférer ficher le camp.
Comme Didier Borotra à l'époque, en homme fin qu'il était, d'autres ne s'y sont pas trompés et ont sélectionné Madame Sanchez parmi un très large panel de postulants, pour remplir une mission exigeante à Bordeaux.
Nous lui adressons tous nos vœux de réussite.