POTES ET POPOTES AU BO
La triste histoire du BOPB, depuis l'élection de la maire Arosteguy, s'assimile aux poupées russes.
Il est difficile de dresser succinctement une rétrospective des faits car nous nous heurtons en permanence à des épiphénomènes ou, si vous préférez, à l'histoire dans l'histoire.
Souvenons-nous donc que dès la mi-mars 2023, le journal Sud-Ouest révélait avoir appris en sous-main que le club de rugby professionnel intéressait «des fortunes de Limoges» (voir publication du jeudi 16 mars, page 31), le nom de Romain Détré étant alors cité.
Pour accélérer le départ des Gave-Aldigé par l'écœurement, la maire adresse le 12 juin 2023, au président du club, un courrier invoquant une visite de contrôle en date du 23 mars 2023 - curieuse coïncidence de calendrier ! - «de la sous-commission départementale pour la sécurité incendie dans les ERP et IGH». Elle poursuit en faisant valoir que «le rapport consécutif à cette visite a fait apparaître un nombre d'irrégularités préoccupant». Pas moins de 12 postes à traiter en urgence sont énumérés. Ce courrier menace par ailleurs la présidence du club que «Les manquements aux obligations de sécurité sont d'une telle importance que la sous-commission a fixé la date de la prochaine visite en septembre 2023 soit avant la reprise de la saison et pourrait, à ce moment-là, interdire l'accès au public si ses prescriptions n'étaient pas intégralement respectées et les travaux et installations non réalisés à cette date.».
Comprendre que si dans les trois mois les travaux ne sont pas exécutés - pari pourtant impossible -, ce sera la fermeture du stade ! En outre, l'agenda de la saison 2023-2024 prévoit un match à domicile contre Colomiers, dès le 17 août 2023 !
De son côté, dans un article daté du mercredi 14 juin 2023 (page 23), le quotidien local confirme le possible rachat du club et précise que «originaire de Limoges, Romain Détré est arrivé dans la discussion pour la reprise du BO via des connexions de la maire en Haute-Vienne». En clair, c'est bien à Madame Arosteguy qu'est imputée la venue de l'homme d'affaires limougeaud vers le BO ; quant aux «connexions de la maire en Haute-Vienne», il est de notoriété publique que son compagnon occupait un poste dans ce département, comme le décrit ce même journal dans une publication du 1er octobre 2020 où il y est écrit : «Georges-Philip Chartier, compagnon de Maider Arosteguy» et «directeur de cabinet du président de la communauté urbaine de Limoges».
Si bien que lorsque dans le journal Sud-Ouest du vendredi 7 juin (page 15) on lit l'interview de la maire Arosteguy qui déclare : «... Jean-Baptiste Aldigé a choisi des repreneurs dont la situation financière était fragile. La réalité, c'est celle-ci : la Ville se retrouve à accompagner des repreneurs qu'elle n'a pas choisis pour qu'on ne soit pas relégués», il y a de quoi se frotter les yeux.
Car dans la pochette-surprise de repreneurs de Monsieur Hegarty figurait bien Romain Détré en tant qu'actionnaire, même si aujourd'hui, aux dernières nouvelles, son statut se transmuerait en simple partenaire.
Il convient donc de faire une narration exacte des faits, tels qu'ils se sont passés et de ne pas les travestir. Dans cette période de grande confusion et d'incertitude, on saisit bien l'intention de la maire de ne pas subir les conséquences de la suite de la transaction en cours, sauf si elle s'avérait être une réussite, auquel cas ce sera grâce à Bibi. Mais si c'est un fiasco, elle entendra revendiquer n'y avoir été pour rien !
L'affaire concernant une prétendue rupture par Aldigé de la clause de confidentialité exigée par Monsieur Détré durant ses pourparlers pour le rachat du club, et sur laquelle un jugement vient d'être rendu à l'encontre de ce dernier qui avait sollicité 5,5 millions d'euros au titre d'une indemnisation, pose aussi question. Le président du club biarrot avait eu la surprise d'être photographié par la presse à la sortie d'un rendez-vous «secret» à Bordeaux avec l'acheteur potentiel : qui avait prévenu les journalistes ?
Notons tout de même que non content de réintégrer la Villa Rose dans le Bail Emphytéotique Administratif (BEA) signé entre la Ville de Biarritz et le BOPB, cette bâtisse sert aussi de garantie aux repreneurs.
Rappelons que ladite Villa avait été sortie du BEA lors de la gouvernance Gave-Aldigé, pour défaut d'entretien des dirigeants, la maire considérant dans un courrier qu'elle leur adressait le 12 juin 2023 : «Il n'y a, à mon sens, aucune raison de faire porter à la collectivité des dépenses qui auraient dû être les vôtres tout au long des 19 premières années du bail dont vous bénéficiez».
C'est pourtant bien la «collectivité», c'est-à-dire le contribuable biarrot, qui a payé la facture de 900.000 € (voir notre publication du 23 mars dernier) pour la remise en état de la Villa Rose, qui finalement est donnée aux nouveaux preneurs dans le BEA.
C'est pourquoi, face à la situation actuelle, nous persistons à déplorer le départ du tandem Gave-Aldigé qui a rempli ses obligations, tant financières que sportives.
Que la personnalité de Monsieur Aldigé puisse ne pas plaire à tous, soit ! Il ne vous a jamais été demandé de le vénérer, ni de partir en vacances avec lui, ni de lui céder la main de votre fille.
Trouvez-vous à votre goût tous les personnages avec lesquels vous êtes tenus de travailler, d'échanger, parfois de négocier ? Nous en doutons. Par contre, notre maire avait trouvé les ex-dirigeants à sa convenance, avant et pendant sa campagne des municipales. Se sont-ils métamorphosés après qu'elle a été élue ? Nous en doutons aussi. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. C'est un procédé éculé, mais nous avons une bonne mémoire, consolidée par nos archives, si bien qu'il ne faut pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Si le BO venait à disparaître, nous saurions où se situent les responsables.