POT-POURRI À BIARRITZ
L'arbre, en ville, nous apporte tant de bienfaits ! Que ce soit pour sa simple beauté apportée dans un cadre urbanisé, le rafraîchissement qu'il procure dans une densité bétonnisée, son attractivité pour les promeneurs, la réduction de la pollution de l'air et du bruit à laquelle il contribue, sa gestion des eaux de pluie, ou encore le refuge naturel qu'il offre aux oiseaux, la liste de ses vertus est bien longue à énoncer.
Les concepteurs de la ville nouvelle que sont les architectes-paysagistes et les urbanistes ont depuis quelques années une prédilection affichée pour les arbres en bacs.
Il suffit de se déplacer du plus petit village à la ville de taille moyenne, jusqu'aux grandes agglomérations, pour retrouver ces satanées cages à arbres que l'homme moderne a cru bon d'imposer à notre regard.
Quand dans cette publication nous parlons de l'arbre, il conviendra de traduire par le mot arbuste ou arbrisseau. Car dans ces bacs vous ne trouverez pas de majestueux arbre centenaire.
Nous savons tous qu'un arbre en pot subit la sécheresse de manière bien plus rude que l'arbre planté en pleine terre.
Dans un pot, le dessèchement de l'arbre et de la terre qui l'entoure est très rapide lorsque le soleil le frappe fort. Face aux canicules répétées et surtout rallongées constatées à Biarritz, cette méthode de plantation n'est pas recommandée si l'on souhaite une longue vie à nos végétaux.
Autre inconvénient, l'arbre contraint dans un espace resserré a peine à développer son système racinaire et, tel un bonsaï, sa croissance est limitée.
Les nutriments apportés par une plantation en pleine terre ne se réalisant ainsi pas naturellement, l'ajout artificiel de compost ou de terreau enrichi pour suppléer ses carences s'impose et une vigilance accrue est donc de mise.
Il ne faut d'ailleurs pas être Candide pour comprendre que ces pauvres arbrisseaux emprisonnés dans d'étroites jardinières sont en souffrance comme en témoignent leurs feuilles flétries et leur manque de floraison.
Bien souvent, la raison invoquée par une municipalité pour placer un arbre en pot est la maniabilité de déplacement de ces végétaux. Or il est constaté qu'une fois installés, les pots ne sont jamais déplacés.
Dans un jardin privé, les pots sont appréciés par les particuliers car ils peuvent apporter un élément décoratif et ont aussi l'avantage, pour certaines espèces délicates, de pouvoir être mis à l'abri pendant l'hiver pour se préserver du gel. Ces soins apportés par ces jardiniers-amateurs ne sont évidemment pas possibles dans une ville de la superficie de Biarritz où nos nombreux espaces verts requièrent déjà une masse de travail considérable pour les jardiniers municipaux.
Ne tournons donc pas autour du pot.
Nous vous invitons à faite la visite, dans notre Biarritz, de toutes ces pauvres plantes prises au piège de leur prison.
Vous observerez que les pots de la rue Mazagran sont devenus davantage des cendriers à ciel ouvert que des contenants de feuillus, ou encore que ceux de la place Sainte-Eugénie sont convertis en petites poubelles à disposition des indélicats. Mais est-ce si surprenant ?
Le peu d'entretien, tant des contenants que des végétaux, n'incite pas au respect des passants et le plateau de terre offert à notre vue semble être une invitation à tous nos détritus.
Si bien que «Sauvegarder Biarritz» forme ici le vœu que le prochain aménagement de la rue Gambetta ne nous encombrera pas de ces bacs à arbrisseaux qui finiraient inexorablement, dans cette rue qui connaît une vie nocturne agitée, en dépotoirs.
Car ces bacs témoignent d'une espérance de vie très limitée : en bois, ils sont rapidement vermoulu ; en acier corten, les coulures de rouille laissent des traces indésirables ; en plastique, ils présentent un aspect «cheap» ; en acier galvanisé peint, leur peinture est vite écaillée à cause de l'air marin...
Vous relèverez le non-sens de ces récipients, qui non seulement voués à une dégradation précoce, organisent aussi celle de la santé de l'arbre.
Dès lors, ces aménagements factices et néanmoins onéreux anticipent des charges à venir car leur remplacement à court terme est inexorable, à moins que la ville se soustraie à l'entretien urbain.
Alors qu'un arbre planté dans la terre ne nécessite qu'une taille tous les ans...
Que Biarritz montre le chemin vers un retour de l'arbre en ville, d'un alignement de verdure qui offrirait un parasol naturel aux promeneurs, comme nos Anciens savaient si bien le faire.
Nous avons au Pays Basque un large répertoire d'essences indigènes qui ne demandent qu'à pousser dans leur terre locale, tels le tamaris, le platane, le chêne, l'érable et le pin...
En puisant dans ces arbres «régionaux», s'opère un cercle vertueux avec la biodiversité locale. Il semble pourtant être à la mode d'aller chercher une plante issue du fin fond de l'Asie ou poussant sous les cieux chiliens, alors même que la pérennité de ces végétaux n'est pas assurée en notre terre basque.
Alors, bien évidemment, l'arbre échappe à une politique de rentabilité immédiate et il faut aborder sa plantation comme un cadeau offert aux prochaines générations. Hélas, ce désintéressement ne touche peut-être pas notre municipalité actuelle qui préfère une politique écologique davantage portée sur la communication que sur la réalisation. Nous sommes bien en peine de trouver un plan d'action arboricole chez cette majorité où le sujet de l'environnement est relégué aux discours trompeurs des promesses de campagne.
La politique du petit bac à arbuste équivaut donc à faire de l'écologie de salon, et non une véritable, efficace et durable empreinte verte.
Manque de pot pour nous, les Biarrots !