«L'IMPORTANT, C'EST DE PARTICIPER»... MAIS À QUEL PRIX ?

Nous nous demandions où passait l'argent des Biarrots. Nous avons eu une partie de réponse quand nous a été transmis le feuillet de huit pages distribué à l'occasion du passage de la flamme olympique en côte basque, le 20 mai prochain.

Pour participer à la ferveur olympique qui traverse l'Hexagone, est éditée une revue en commun des villes Biarritz et Anglet dont la «création de maquette et mise en page» est l'œuvre de l'agence bordelaise de communication «page publique». Cette société est aussi en contrat avec la ville de Biarritz pour la réalisation du bulletin municipal «Biarritz Magazine».

La ville d'Anglet, elle, publie un bulletin municipal «Anglet Magazine» dont la maquette est de «SIGN», et la mise en page de Pierre Ferrand.

Nous comprenons donc que la confection de ce document olympique est biarrote et non angloye. La couverture est par ailleurs annonciatrice de ce qui suit car on y relève l'inscription «Création : direction de la communication / ville de Biarritz». Nous voilà prévenus.

Nous tournons la page de cet écrit et que voyons-nous ?

-(Page 2) Les photos des maires de Biarritz et d'Anglet qui ne sont pas sur un pied d'égalité, la maire de Biarritz étant en surplomb du maire d'Anglet. Pas très élégante cette intention de domination.

Puis le mot commun des maires qui est en langue française, en euskara évidemment mais... le gascon est effacé. Non, ce n'est pas possible ? Ah mais oui, c'est possible ! Puisque c'est la ville de Biarritz qui a réalisé le document et non la ville d'Anglet ! La double culture basque et gasconne, particulière à Anglet, semble importer bien peu à nos communicants biarrots. Nos amis d'Aci Gasconha apprécieront. Rappelons pourtant que tant le gascon que l'euskara sont reconnus officiellement par la Communauté d'Agglomération du Pays Basque (CAPB) en tant que langues du territoire communautaire à côté du français.

À n'en pas douter, cette subtilité culturelle aura échappé aux communicants de la cité impériale, à l'évidence davantage tournés vers le tourisme que vers la culture et les traditions locales.

-(Page 3) Biarritz précède Anglet dans le titre. Ce sera d'ailleurs le cas dans toute la revue. Surprenant ! Car il est d'usage, afin de rester impartial, d'afficher les villes dans l'ordre alphabétique. Pas ici. Mais puisque l'on vous dit que ce sont les communicants biarrots qui s'y sont collés ! La photo panoramique met en valeur la magnifique côte biarrote et un tout petit bout angloy avec le VVF.

-(Pages 4 et 5) Les deux photos font référence à Biarritz avec, pour l'une, une surfeuse à l'arrière-plan de la côte des Basques et sur l'autre, trois danseurs du Ballet Malandain Biarritz.

Les bulles de textes sont à l'avantage des Biarrots. Ben oui vous savez, toujours la com' biarrote...

-(Page 8) Même les colonnes des textes ont des longueurs dissemblables ! Allons, allons il ne faut pas laisser le dernier mot le plus long aux Angloys. Quand on est sur une lancée, n'est-ce pas ? Faut pousser le bouchon jusqu'au bout.

Tout cela aboutit au constat que ce petit jeu de com' n'est pas dans le style du maire d'Anglet et de son équipe municipale. Et ça se voit.

Ce qui est affligeant, à l'heure où nous mutualisons nos efforts à la CAPB, c'est de constater que le parcours basque de la flamme olympique (Biarritz, Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Bayonne et Hasparren) ne fait pas l'objet d'une communication commune, et que Biarritz joue sa partition toute seule pour tirer la couverture à elle.

Avis à nos voisins luziens, angloys et bayonnais, nous, habitants Biarrots, n'y sommes pour rien et regrettons cette accaparement médiatique.

Puis nous nous intéressons à l'aspect pécuniaire. Ce qui est instructif est de regarder de plus près dans quelles poches est prélevé le financement d'une journée olympique.

La revue de la flamme olympique a été conçue et publiée avec nos impôts biarrots. Après le «Biarritz Magazine» et la nouvelle revue «Imagine Biarritz», ça s'imposait !

Le passage de la flamme olympique est facturé 180.000€ par le Comité d'organisation des Jeux Olympiques 2024 (COJO) au département accueillant, ce qui inclut la traversée de trois villes et une ville-étape qui organise une programmation plus fournie pour les visiteurs.

Si des dizaines de départements ont refusé le passage de la flamme - considérant la somme à payer trop importante et pas prioritaire en balance avec d'autres dossiers en suspens faute de moyens - d'autres départements ont, eux, choisi de participer.

Et si le nombre des villes participantes d'un même département a été limité, suscitant parfois des débats pour que la répartition soit juste, des communes ont spontanément renoncé à participer au passage de la flamme car le paiement ne dépend pas seulement de l'assemblée départementale. En effet, nous le savons tous, tout événement doit être assorti d'un encadrement sécurisé. Face aux tensions que la France connaît et au risque élevé d'attentats, la commune qui accueille le passage de la flamme olympique doit donc prélever sur son budget municipal la charge très élevée de la sécurisation du parcours et son organisation. Si être ville-étape du Tour de France permet à une ville de connaître d'importantes retombées qui compensent sa participation, le passage de la flamme ne fait que coûter et ne rapporte pas.

Le Préfet des Pyrénées-Atlantiques assure que ce dispositif de sécurité est le plus important mis en place depuis le G7 de 2019.

Certains départements demandent même aux villes chez lesquelles transitera la flamme olympique une participation financière, ce qui ne semble pas être le cas chez nous. Le Béarnais Tony Estanguet étant le Président du comité d'organisation des Jeux Olympiques 2024, le département des Pyrénées-Atlantiques n'aura probablement pas souhaité se démarquer en se rétractant, bien que cette contribution financière puisse venir en contradiction avec le budget départemental que l'on nous dit tendu et avec lequel il est déjà difficile d'opérer des arbitrages.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, pas moins de sept villes seront parcourues : Biarritz, Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Bayonne, Hasparren, Orthez, Arette et Pau.

Enfin, la motivation devra être au rendez-vous pour les observateurs de bord de route car Biarritz a écopé de l'heure la plus pourrie, avec un départ à huit heures du matin et une arrivée à Anglet à neuf heures trente. À vos réveils !

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