LA MAGalomanie

 

Quand nous avons appris, en avant-première, que la municipalité actuelle allait sortir un magazine supplémentaire, nous avons pensé qu'il s'agissait d'une infox.

Quand on nous en a donné l'intitulé, «Imagine Biarritz» et que l'on nous en a décrit la ligne éditoriale officielle, nous avons trouvé ce libellé à côté de la plaque.

Un peu comme celui du récent Festival du Film baptisé «Nouvelles Vagues» - vous vous souvenez, celui auquel la ville a accordé une subvention de 350.000 euros -, qui nous renvoie à ce mouvement du cinéma français d'auteur de la fin des années 50, dont on doit le nom à l'ancienne rédactrice en chef de l'Express, Françoise Giroud. Si bien que le passage en mode pluriel du nom ne dissipe pas vraiment la confusion, tant l'expression est évocatrice de figures emblématiques du septième art, tels François Truffaut, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Alain Resnais, Louis Malle, ... Oui mais les vagues, à Biarritz !, direz-vous ! Nous vous répondrons que cela renforce la confusion car «Biarritz Nouvelle Vague» fut le groupe créé par l'actuel conseiller municipal d'opposition Guillaume Barucq, lorsqu'il fut candidat à la précédente élection municipale.

Mais revenons au nouveau joujou de la municipalité, le mag «Imagine Biarritz».

Là aussi, nous nous sommes transportés quelque cinquante ans en arrière, à la chanson de John Lennon «Imagine», et au message de paix et de grande fraternité humaine qu'elle tendait à véhiculer.

Le Beatles rêvait d'un monde pacifique, sans frontières, sans matérialisme, en bref l'exact contraire de ce qu'est devenue notre Biarritz, c'est à dire une cité ceinte et repliée sur elle-même, où l'argent prédomine et dicte tout, avec une population divisée, agressée, exclue.

Alors, nous l'avons tous compris tant nous l'avions prédit, il ne s'agit que d'un outil de communication de plus de la mairie.

Car c'est en vain que les communicants de la ville - oui, encore eux - nous convaincront de l'utilité de cette publication .

D'abord, le document est de papier - même recyclé - et d'encre, donc en totale incohérence avec les supposées aspirations écologiques de la maire.

Ensuite, cette lubie a un coût que le contribuable biarrot va devoir assumer, quand en même temps la maire nous parle, lors du dernier Conseil d'avril, de la hausse de 40% du prix des choses qui rend difficile la tenue du budget municipal (!?).

Il est aussi à noter les coupes successives faites aux associations biarrotes - eh oui, tout le monde n'obtient pas les mêmes faveurs !-, et surtout le passage de gratuit à payant des parkings des plages Marbella et Milady, après que la municipalité a augmenté spectaculairement le tarif du stationnement de surface en ville.

Si bien que nous vient le très désagréable sentiment que l'on se moque de nous !

D'autant que ce magazine aurait surtout pour vocation de nous informer sur les événements et les activités à Biarritz. Franchement, au regard du dynamisme culturel de cette municipalité, nous aurions pu en faire l'économie. Une feuille par an aurait sans doute suffi.

Quant aux «événements» et «festivals» qui ont cours depuis de nombreuses années, ils sont gérés par des structures autonomes qui font leur propre communication.

Est-il par ailleurs nécessaire de rappeler ici que la ville dispose d'un site internet qui tient déjà à jour un agenda, tout comme le magazine municipal ? Quant à ce dernier, lors des précédents maires c'est lui qui publiait les «portraits» que «Imagine Biarritz» souhaite offrir à ses lecteurs.

N'est-ce pas également la mission de l'Office de Tourisme que d'assurer un service d'information ?

N'en est-il pas de même des affreuses sucettes JCDecaux ? Sans parler de l'affichage sauvage «cheap» dont la ville s'arroge le droit d'affubler poteaux, barrières et autres supports urbains ?

La directrice de communication est-elle à l'origine de cette gabegie, sous le regard patelin de l'adjoint aux finances ?

Alors l'expression «Imagine Biarritz» nous fait lâcher prise un court temps avec la triste réalité biarrote et nous transporte dans un monde onirique. On se prend à imaginer Biarritz sans barrières, sans interdictions abusives infligées à certains quand d'autres ont un statut d'«ayants droits». On rêve d'un Biarritz propre, élégant, où l'on peut stationner facilement sans que cela nous coûte le prix du steak de la famille pour le repas du soir. On se représente un Biarritz dans lequel riches et pas riches cohabitent dans une harmonie totale et un respect mutuel. Un Biarritz avec de vraies fêtes populaires - gratuites - qui viennent nous étourdir et nous extraire de nos soucis, nos douleurs, nos malheurs. Puis, l'été, la fraîcheur du soir arrivée, l'on se plaît à baguenauder sur le promenoir, au son d'un orchestre qui joue nos airs préférés.

Mais ce rêve lucide qui n'est qu'un songe, ce n'est autre que notre Biarritz chéri d'avant, notre Biarritz Bonheur, celui qui s'est évanoui à jamais dans l'écume des vagues, à cause de la folie des hommes - et des femmes - qui ont sacrifié sa préservation sur l'autel d'une ambition personnelle et non commune, et d'une prétendue modernité de notre bord de mer aux reflets de l'argent qui fait tourner les têtes !

Peut-être est-ce le vœu de la municipalité que cette invitation à ce que nous imaginions Biarritz autrement ?

Et de constater que les électeurs qui se sont prononcés aux dernières législatives, auxquelles deux adjoints de la maire étaient candidats sur deux listes différentes, ont eux anticipé ce rêve. À eux deux, ils ont obtenu la moitié des voix du candidat élu.

Laissons-nous donc aller à une flânerie chimérique en espérant que demain elle sera une réalité.

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