AGUILERA, DES TOURNOIS AUX TOURMENTS

Qui aurait pu prédire que le simple fait de prononcer le nom de «Aguilera» fasse aujourd'hui lever les bras au ciel et soupirer ?

Naguère, il nous renvoyait, non sans nostalgie, à ces rugbymen qui dès 1903 vinrent sur ce domaine disputer leur premier match contre leurs homologues de Saint-Sébastien, ou à l'espoir nourri par des générations de supporters de voir leur club se développer.

Depuis la fin du rugby amateur, la nécessité de se doter d'infrastructures dignes d'une équipe professionnelle est devenue incontournable pour permettre au club de se hisser au meilleur niveau. Alors il y en eut des promesses et des déclarations d'amour pré-électorales, faites publiquement au Biarritz Olympique par une candidate, non pas pour aider le club à atteindre ses ambitions, mais pour l'aider, elle, à être élue ; et cela fonctionna...

Une fois installée dans son fauteuil de maire - règlements de comptes ? - ses engagements rompus furent assortis de mauvais coups et d'intrigues - à l'habitude - pour déstabiliser le rugby professionnel biarrot au travers de son équipe dirigeante, avant d'organiser son départ définitif.

Mais si jusqu'alors et depuis des lustres le plateau d'Aguilera n'avait pour vocation que d'être une plateforme multisports, il a malheureusement subi la convoitise de l'imagination retorse de nos édiles qui se sont livrés à un sombre dessein : bétonner ce quartier dédié aux sports ! Laisse béton !

Ainsi, le conseil municipal réuni le 18 décembre 2023 ouvre la voie à la construction de 300 logements, dont 60 % d'entre eux réservés au social. Ce projet sera validé le 17 février 2024 par les élus de la Communauté d’Agglomération Pays basque (CAPB) qui avaliseront la «MECDU» (Mise En Compatibilité des Documents d’Urbanisme).

Ainsi, presque quatre ans après l'élection de la majorité actuelle, on voit accoucher un projet immobilier qui se garde bien de garantir la survie des terrains de rugby car la MECDU n'interdit pas de construire sur ces bandes de terre.

C’est un bouleversement pour l'élu d'opposition Patrick Destizon, qui rappelle que si son équipe [sous la mandature du précédent maire Michel Veunac] avait aussi prévu la création de logements à Aguilera, il n'était pour autant pas question d'investir le plateau sportif comme dans le projet de la maire actuelle. Son collègue Guillaume Barucq pense, lui, qu'il eut été plus raisonnable de concevoir des habitations «à la marge et en moins grand nombre».

Car ainsi que le souligne l'élue d'opposition Corine Martineau, ce site n'était «pas un lieu pour construire» et le projet récemment voté sonne le glas de son «esprit sportif et social».

Mais les inquiétudes ne tourmentent pas les seuls supporters du maillot rouge et blanc.

Les riverains du quartier du stade ne cachent pas non plus leurs préoccupations face à un projet aux contours confus, notamment en ce qui concerne la capacité de stationnement et d'accès dans le secteur.

Une association, sous l'acronyme «IODA» (Ici On Défend Aguilera) a vu le jour et entend surveiller les opérations, en particulier l’avenir des équipements sportifs. Son président, Alain Arozarena - qui réside dans le quartier mais a aussi conservé un lien affectif avec le ballon ovale - ne craint pas d'alerter sur le fait que «le stade est en danger, surtout depuis le vote de l'Agglo». Car dans le PLU (Plan Local d'Urbanisme) le stade et les terrains sont passés de NA (N pour «naturelle» et A pour «agricole», donc non constructibles) à UP (zone urbaine à dominante résidentielle sous forme d'immeubles d'habitat collectif, ce qui signifie qu’ils deviennent constructibles). Et à ce propos, Monsieur Arozarena de considérer que la maire n'a pas fait montre de transparence dans le zonage décrit dans le projet initial qui sera finalement acté par les élus de la Communauté d'Agglomération.

Pour circonstancier son propos et donner une meilleure lecture des conséquences du récent vote, cet ancien joueur du Biarritz Olympique colorise fort pertinemment en jaune, sur le plan du site, les zones impactées - soit la grande majorité des 14 hectares d’Aguilera - et le brandit lors de la réunion mensuelle tenue le 3 avril dernier au quartier Aguilera, en présence de la maire Arosteguy.

Cette dernière réagit immédiatement et l'interpelle : «Ce n’est pas le plan officiel, vous avez falsifié (sic) l’original n’est-ce pas ?».

Pris de court, l'ancien joueur est renvoyé dans ses 22 (v'là les flics !) par la maire, qui au lieu de s'expliquer sur la gravité du vote qui compromet la pérennité des terrains de sport, botte en touche et argue le manque de logements pour les Biarrots et que «la construction de logements figure dans mes engagements (!?)... Vous m’avez élue pour ça.» (!?). Ah bon, nous pensions que ses «engagements» à Aguilera étaient d'accompagner de moitié les dirigeants dans un aménagement du complexe sportif à hauteur de 30 millions d'euros ? Quant à son «souci» de répondre au besoin de logement des plus modestes, que n'a-t-elle converti, en le sacrifiant, le projet de l'ancien maire Michel Veunac à Grammont en parc à salades ? Pas très crédible !

Ce coup d'essai ne sera pas un coup de maître ! Car après un probable test commotion, le président de IODA a retrouvé ses esprits et a bien précisé n'avoir rien falsifié du tout et avoir simplement rendu plus lisible le plan d'origine en surchargeant de couleurs.

Voilà à quoi cela mène de vouloir sortir de l'enfumage et d'éclairer ses pairs...

Nous devons tout de même une fière chandelle à cette association et poussons avec elle dans la mêlée, pour notre BO, pour notre Biarritz.

Car souvenons-nous qu'autrefois, sur le plateau d'Aguilera, se pratiquait le tir aux pigeons... Sans commentaire !

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