VENTE DE LA VILLA FAL : HISTOIRE D'UNE MYSTIFICATION

La nouvelle majorité municipale avait lancé un appel à projets pour la Villa Fal, après avoir pris la décision d'aliéner ce bien, pourtant lié à l'histoire de Biarritz et d'intérêt patrimonial.

Si bien que lors des débats, «l'opposition reprochera inévitablement à la majorité de vendre les bijoux de famille» (Sud-Ouest du 29/01/2023).

Les offres recevables par la maire Arosteguy et «son» équipe devaient répondre aux critères suivants :

-présenter un intérêt financier pour la ville

-présenter un intérêt culturel, patrimonial, économique, éducatif, et sportif - cette dernière mention ayant été ajoutée aux conditions requises par l'actuelle majorité, après un premier appel à projets initié par le précédent maire, et cela afin que la candidature du handballeur Nikola Karabatic puisse être validée pour son projet en lien avec le sport. Bien que favori avant même que l'affaire ne soit officiellement engagée, le joueur allait se désister in fine.

En revanche, aux côtés de la Société Hémera qui propose de convertir le site en bureaux pour des entreprises en lien avec la mode et le design, la Société Name Immobilier décide, en association avec Madame Argia Doyhamboure du Centre d'Art Oyhamburu, de présenter un projet autour de la Danse. Elle adresse un dossier très complet à la municipalité biarrote, décrivant parfaitement les identités des financiers participants et connus sur la place, soit le Groupe Amaro et la Banque Paribas, pour une offre d'achat à 2.700.000 euros.

Pour des raisons que l'individu doué de bon sens ne peut éclaircir, Hémera sera choisie par la maire bien avant la tenue du conseil municipal du 30 janvier 2023, auquel elle demandera de valider son choix. Ce choix étant contesté par l'opposition qui souligne que le projet n'a rien de culturel, et qu'il sera en fait un «Connecteur»-bis qui accueillera des bureaux, la maire allègue que, bien que finaliste, le projet de la Danse du tandem Salaber-Meunier/Doyhamboure n'est plus en course, son «associé financier» s'étant rétracté.

La porteuse du projet, Nathalie Salaber-Meunier se voit alors contrainte de démentir publiquement les propos de la maire, par voie de presse : «Je trouve que cette fausse information jette le discrédit sur ma société et moi-même» s'insurge la présidente de Name Immobilier dans le journal Mediabask du 9 février 2023. Le journaliste ajoute que «depuis le conseil municipal de Biarritz du 30 janvier dernier, l'entrepreneuse ne décolère pas face aux propos tenus par la maire de la cité impériale, Maider Arosteguy», (…) et ajoute que «l'opposition regrettant le projet, écarté, de création d'un centre de danse, la première magistrate lançait un caillou dans la mare de leur projet» en disant : «Une fois que le choix a été fait, nous avons reçu un courrier d'un des associés financiers qui se rétractait... et que, s'il avait été sélectionné, il n'aurait pas pu se faire.» Dans cette même interview de l'hebdomadaire, l'entrepreneuse martèle : «Nous sommes deux associées, Argia Doyhamboure et moi-même, et ni l'une ni l'autre ne nous sommes désengagées de notre projet de création», ni d'ailleurs leurs deux partenaires financiers cités plus haut, qui ont maintenu leur soutien dans l'acquisition de la villa Fal.

Nathalie Salaber-Meunier insiste en précisant que celui que la maire décrit comme un «associé financier» n'est en réalité qu'un prestataire, parmi d'autres potentiels contactés, auquel devait revenir la partie des logements étudiants et saisonniers prévus à proximité de la Villa (voir plan ci-dessus), si bien que son retrait n'a aucune incidence sur la survie du projet.

On peut aussi relever que dans le cas d'une rétractation, les textes prévoient que celle-ci ne peut être formulée que par le représentant du candidat dûment habilité, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, la cheffe d'entreprise Nathalie Salaber-Meunier, et elle seulement.

Ainsi on peut s'étonner, d'une part que la maire ait pu considérer des éléments portés à sa connaissance par une personne qui n'était pas la représentante du projet, d'autre part qu'elle ait attribué un rôle essentiel à cet acteur défaillant qui, dans le dossier, n'apparaît nullement parmi les «financiers».

Enfin, plus curieux encore, pourquoi la maire n'a-t-elle pas jugé opportun de vérifier, auprès de Nathalie Salaber-Meunier, l'impact de ce désistement sur son projet ? Car cette précision était d'autant plus importante que c'est en s'appuyant sur l'abandon de ce prétendu investisseur de premier ordre, intervenu auprès de la municipalité biarrote dans des circonstances confuses, que la maire a justifié son choix auprès de son conseil municipal.

Mais les points sur les «i» mis par la candidate Nathalie Salaber-Meunier ne changeront rien à l'issue du vote, et la société Hémera remportera bien l’appel à projets pour la reprise de la Villa Fal.

Pour circonstancier son choix, alors même que ses propos ont été publiquement mis en défaut, la maire réfutera purement et simplement le démenti de la candidate Nathalie Salaber-Meunier dans le journal Sud-Ouest qui, pour lui donner le dernier mot, ouvre une tribune le 2 février 2023 en indiquant que «Maider Arosteguy souligne qu’elle ne faisait référence ni à l’une ni à l’autre dans son propos, mais à un des principaux financeurs du projet». Ajoutant qu'«elle produit les mails échangés mi-2022 avec lui. ««Partenaire», «associé» : on peut jouer sur le terme utilisé, dit la maire Arosteguy au journaliste, mais toujours est-il qu’il nous a écrit pour signaler son retrait et émettre des doutes sur la viabilité du modèle économique». «Vu son poids dans le montage, (lequel ? Madame Salaber-Meunier a fermement assuré qu'il n'était qu'accessoire), nos services juridiques disent que nous aurions été fondés à faire un recours pour l’annuler s’il avait gagné

Il n'est pas fou de penser que ce qui précède pourrait relever de la méthode Coué (1) ou du syndrome d'Hubris (2). Et de comprendre l'indignation de la porteuse du projet qui, non content de le voir rejeté, craint que les allégations de la maire de Biarritz qui écornent sa réputation, ne portent préjudice à ses activités dans l'avenir. Mais de cela Madame Arosteguy n'en a manifestement cure, du moment qu'elle obtienne ce qu'elle a décidé. Tout est bon pour parvenir à ses fins, même s'il faut travestir la vérité ; ainsi, quand le réel dérange, changeons le réel !

Enfin, le journaliste de Mediabask ayant par ailleurs fait part qu'à la date du 9 février 2023, la Société Name Immobilier portée par Madame Salaber-Meunier n'avait reçu aucune réponse officielle de la ville de Biarritz, une lettre datée du 7 février (donc deux jours avant l’article) lui parviendra finalement, mais expédiée le 13 !

Cette lettre est non pas signée par la maire, ainsi que l'usage le voudrait, mais par l'adjointe à l'Urbanisme Maud Cascino. Son contenu, une espèce de copier-coller ou de prêt-à-poster standard, se termine en queue de poisson : «Je vous prie d’agréer Madame l’expression de ???». Sa destinataire est sans doute invitée à compléter la suite. Cela pourrait ressembler à... l'expression de «mon plus profond mépris»... ou encore... À vous d'improviser ! Voilà une belle opportunité de laisser libre cours à votre propre imagination, que nous devinons fertile.

(1) En Médecine, méthode de guérison fondée sur l'autosuggestion. Plus couramment, comportement de négation de la réalité ou de prise de ses désirs pour la réalité.

(2) Le syndrome d’Hubris se caractérise par une assurance excessive virant rapidement à l’arrogance. Ce virus conduit généralement à l’inflation excessive de l’ego et à la violation délibérée des valeurs morales. Il constitue un habile mélange d'opportunisme, d’intransigeance, de suffisance, d’intimidation et d’ingratitude.

Posts les plus consultés de ce blog

LES NOUVEAUX BANCS PUBLICS DANS NOTRE VILLE : L'APOTHÉOSE DU MAUVAIS GOÛT 

BIARRITZ OLYMPIQUE : TRISTE FIN !

DES AMITIÉS ENCOMBRANTES ?