MELTING POTES AUX USA

La délégation biarrote à Santa Cruz en Californie (USA)

Vous avez probablement tous entendu parler de la polémique qui secoue la mairie de Paris à propos d'un déplacement vers Tahiti. Les faits remontent au mois de novembre dernier quand l'association anti-corruption - opportunément nommée AC ! - juge nécessaire de déposer une plainte au Parquet de Paris, lequel relaiera le dossier au Parquet national financier (PNF) qui ouvre donc une enquête pour «prise illégale d'intérêts» et «détournement de fonds publics», avant qu'ait finalement lieu des perquisitions dans différents locaux municipaux.

Bien que d'abord présenté comme étant à vocation professionnelle, ce voyage avait néanmoins été immédiatement fustigé par l'opposition de droite de la maire de Paris, pointant son bilan carbone et son coût.

Le fait que l'édile de la capitale soit, depuis lors, aussi accusée de mélange des genres pour avoir profité de ce déplacement en Polynésie afin de rendre visite à sa fille, a largement médiatisé l'affaire, devenue le «Tahiti Gate».

À Biarritz, ce n'est pas vers Tahiti que notre édile et trois personnes de sa majorité se sont transportées, et ce n'est pas non plus pour vérifier des installations de surf, à l'instar de son homologue parisien. C'est aux États-Unis - pays des «Feux de l'Amour» -, à Santa-Cruz, et pour un motif officiel tout aussi noble, pensez ! : emballée par cette ville californienne après avoir participé avec ses représentants à une conférence sur le changement climatique, dans la foulée Biarritz décide d'en faire sa nouvelle jumelle du fait de «problématiques partagées avec la ville californienne - tourisme, surf, trait de côte ou qualité des eaux». Comme disent nos amis outre-Atlantique : no kidding ! Sans blague !

Si l'on est empreint des dérèglements de notre planète, dus en partie à la pollution du trafic aérien, le bon sens voudrait que l'on n'y contribue pas soi-même. L'adjoint à l'Environnement à la ville, qui a fait partie de cette excursion, a dû faire l'écolo buissonnier. En outre, en période de vaches maigres, est-il décent d'engager la ville dans de tels frais, alors que cette dernière gratte et lésine face à la prétendue nécessité de faire de mesquines économies ?

Lors du conseil municipal du lundi 3 avril 2023, un élu de l'opposition, qui au passage est ingénieur Eau et Environnement et de surcroît - drôle de coïncidence - diplômé de l'Université de Californie à... Santa-Cruz, et n'a pourtant pas été embarqué, a bien demandé à Madame Arosteguy, comme la loi l'y autorise, les notes des frais engagés pour le déplacement à Santa Cruz de ce quatuor. Et de rappeler une très récente décision du conseil d’état du 8 février 2023, décision n° 452521 précisant que «Les notes de frais et reçus de déplacements ainsi que les notes de frais de restauration et reçus de frais de représentation d'élus locaux ou d'agents publics constituent des documents administratifs, communicables à toute personne qui en fait la demande».

Tout en s'abstenant de communiquer le montant de la facture globale qui devrait être connu au centime prêt, la maire assurait alors que tout était dans les clous et que la délégation biarrote avait pris des sandwiches pour les repas (!?).

Si l'on analyse ce propos, cela tend à dire, premièrement, que côté «nourriture» l'expédition municipale biarrote n'a pas coûté cher au contribuable biarrot, tout en, deuxièmement, révélant que c'est quand même lui qui a payé lesdits sandwiches.

Et si l'on veut analyser plus avant, il faut comprendre que si ces personnes étaient restées à Biarritz, elles auraient forcément jeûner, d'où l'obligation pour le contribuable biarrot d'assumer les frais de bouche lorsque les estomacs sont aux States.

Quant à leur hébergement, à défaut de plus amples informations et restant persuadés de leur souci de parcimonie dans les dépenses supportées par le contribuable biarrot (eh oui, car c'est hélas toujours lui qui casque même s'il ne croque pas !) nous gageons qu'ils ont dû loger dans des tipis - vestiges laissés par les Amérindiens Ohlones - sur le sable chaud californien. What a great experience, isn't it ?

Peut-être faudrait-il que l'association AC s'intéresse à nouveau à notre belle cité vers laquelle elle s'était déjà tournée au mois de mars de l'année dernière. Suspectant la municipalité biarrote d'avoir favorisé des stars du rugby dans leurs business respectifs, elle avait porté plainte contre elle pour prise illégale d'intérêt et trafic d'influence. Pour le président de l’association AC, «il existerait des intérêts croisés et importants entre les anciens joueurs de rugby dits «Galactiques», que la mairie est allée chercher pour prendre la présidence de l’association sportive (...) du Biarritz Olympique (...) et ladite mairie, qui a concomitamment, ou parfois plus anciennement, favorisé les intérêts économiques des joueurs en question.».

Toujours est-il que la Chambre régionale des comptes a demandé à la Ville d’être plus transparente sur les frais de déplacement des élus, tant il est vrai que les Biarrots ont le droit de savoir qui va où et combien ça coûte. La maire assure en permanence qu'elle se veut transparente. À l'observer, sans doute l'est-elle, mais pas pour nous rendre compte des dépenses engendrées, faisant même valoir qu'elle n'a pas l'obligation de se soumettre à une telle communication.

Transparent aussi ce jumelage ! Car tant à Santa-Cruz qu'à Biarritz, il n'en est pas fait état. Un jumelage discret voire confidentiel, en quelque sorte. Cela doit être un nouveau concept !

Quant à la pertinence d'un tel jumelage avec une ville à des milliers de kilomètres - le sixième, après Ixelles, Saragosse, Cascais, Augusta et Jerez -, en conseil municipal, l'élu d'opposition Patrick Destizon n'a pas caché son scepticisme. L'adjoint au maire délégué au tourisme Richard Tardits, aussi participant à ce périple américain, lui a alors fait valoir les moyens modernes de communication en invoquant, fort pertinemment, qu'«on peut échanger très facilement en visio !». You don't say ! Pas possible ! Dommage qu'il n'y pense qu'à son retour de Santa-Cruz !

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