TERRAIN PUBLIC PLAINE AGUILERA : VENDRE OU NE PAS VENDRE ?


-Quel intérêt une ville peut-elle avoir de construire sur une plaine à vocation sportive ?

Celle d'offrir à des sportifs amateurs de nouvelles infrastructures, de créer une crèche, de bâtir un EHPAD, de construire une grande salle multi-usages gratuite et au service des Biarrots et de nos associations : ce que l'on pourrait définir aussi comme des bâtiments d'intérêt général.

-Pourquoi aliéner le domaine public à des intérêts privés ?

Alors là, nous avons beau chercher... nous ne trouvons pas de bonnes raisons, pour une ville comme Biarritz qui déplore le peu de foncier en sa possession, de se défaire de parcelles aussi stratégiques.

-La maire de Biarritz et sa Majorité ont-elles tenu compte des observations des Biarrots (910 avis exprimés) pour renoncer ou ajuster son projet immobilier ?

Si vous écoutez la maire, elle vous dira que oui. Mais la très large majorité des habitants s'est exprimée contre ledit projet, nonobstant les modifications apportées par la Ville de Biarritz qui, au demeurant, ne respectent pas les observations que de nombreuses personnes ont pris le temps de formuler.

-Quel impact écologique cela comporte-t-il pour cet espace que l'actuelle maire a l'intention de transformer en terrain de jeu... pour promoteur immobilier ?

Guillaume Barucq est pragmatique : «À mon sens ce projet mange trop de terrain. Il est donc déjà dans un secteur embouteillé et, moi ce qui m'intéresse en tant qu'ancien adjoint à l 'environnement, c'est qu'il va à nouveau créer une pression sur nos réseaux d’assainissement parce que même si vous faites du séparatif à la base sur les logements, cela risque d'arriver sur de l'unitaire parce que nos canalisations sont ainsi faites à Biarritz. (…) On doit arrêter de construire, on doit arrêter d’imperméabiliser.».

Respecte-t-on la vocation sportive de la plaine et l'histoire de Biarritz, en rendant constructibles ces parcelles ?

Guillaume Barucq, enfant de Biarritz ayant bonne mémoire, avertit : «À mon avis on commet un sacrilège de déclassifier ces terrains. Pourquoi ? Parce que dans l'esprit des Biarrots c'était des terrains et ça devait rester des terrains sportifs, et je crois qu'au Pays Basque on doit laisser des vocations aux terrains. Les terrains agricoles doivent rester agricoles, les plateaux sportifs doivent rester sportifs et moi je suis arrivé à cette conviction progressivement. (…) J'ai vraiment peur qu'après le Victoria-Surf à la Grande-Plage que l'on aille vers des Victoria-Rugby à Aguilera. Alors vous avez essayé de nous rassurer, mais pour moi ça reste trop volumétrique tout ça. Je vais employer différentes métaphores : la baleine dans une baignoire, la planche de surf dans une boîte à chaussures... ça ne rentre pas tout ça. (…) Moi j'annonce que je ne ferai pas de projet immobilier à Aguilera, pas plus que je n'en ferai et je militerai pour que le terrain en bas de l'avenue de Verdun soit sanctuarisé et que l'on en fasse un îlot de fraîcheur, un îlot de verdure et un îlot d'absorption des eaux dont nous avons besoin.».

-Quelle est l'approche d'un élu sur l'aspect de la préservation mémorielle du site historique du Biarritz-Olympique ; nous parlons bien sûr du plateau Aguilera ?

L'élue d'opposition Corine Martineau aura été, pendant ce mandat, une farouche combattante au service des Biarrots. Elle n'aura eu de cesse de défendre inlassablement l'identité de Biarritz et tous les éléments qui la constituent : bâtiments communaux, associations, personnalités, paysages et bien entendu notre club centenaire et le plateau dans lequel il évolue. : «Comme je vous l’avais déjà indiqué lors du conseil municipal du mois de janvier, ce projet Aguilera pour moi est la fin d’une vraie plaine des sports. C’est enterrer Aguilera, je ne suis pas fossoyeur.

J’entends que nous devons construire du logement. Je ne suis pas hostile du tout. Mais entre permettre une accession et bétonner un lieu sportif historique il y a un monde. Et comme disait tout à l'heure madame Motsch, faire rentrer du 42 dans du 38, c’est du non-sens.

(…) rien n’est pensé, réfléchi : la circulation, le stationnement. J’espère que des recours seront faits afin d’empêcher ce bétonnage.».

-Madame Arosteguy a-t-elle varié son discours entre le moment où elle était dans l'opposition et cherchait à gagner un électorat peu enclin à bétonner notre ville, et maintenant qu'elle occupe le fauteuil de maire ?

Guillaume Barucq nous répond : «Quand on était à 300 logements, madame le maire, je me souviens de vous aux côtés de Max Brisson qui nous aviez attaqués avec Michel Veunac et Guy Lafite comme quoi une cité allait se monter à Biarritz et qui avez fait peur aux Biarrots pendant votre campagne électorale. J'avais rejoins Michel Veunac d'ailleurs sur cette vision commune de privilégier le sportif, le sport d'abord, sur un projet immobilier mais plus on a avancé, plus on s'est rendu compte que finalement dans cette boîte à chaussures qu'est Aguilera, il n'y a pas la place de faire un projet, à mon avis aussi ambitieux. Il n'y a pas la place sans empiéter sur la tranquillité du lieu, sans mettre en tension encore plus le stationnement et c'est vrai que j'ai l'impression, madame le maire, que vous rajoutez de l'engorgement, que vous organisez une promiscuité à Biarritz dans des endroits qui sont déjà thrombosés.».

Comment peut-on expliquer qu'une délibération d'une telle importance soit improvisée en plein mois de juillet, en catimini ?

Nathalie Motsch s'indigne, à juste titre, du procédé : «J'ai été comme tous les conseillers municipaux d'opposition informée de rien. Ça a été dit par Lysiann (NDLR. Lysiann Brao), totalement stupéfaite de découvrir jeudi dernier cette délibération. Je vais être très honnête avec vous, je ne l'avais pas vue venir. (…) Est-ce raisonnable, moral, de céder pendant la trêve estivale, à moins de deux mois du démarrage de la campagne officielle des municipales, l'unique foncier de Biarritz ? Je vous pose la question. Est-ce acceptable, est-ce tolérable ? La réponse est non, naturellement. On ne bazarde pas des terrains en catimini en plein juillet. On ne vend pas à la va-vite juste avant le démarrage d'une campagne qui impose, je vous le rappelle, après le 1er septembre, de ne plus prendre aucune décision structurante et de se contenter de gérer en bon père de famille les affaires courantes. Vendre dans ce timing n'est pas digne. Et les mots comptent mes chers collègues. Ça ne se fait pas. C'est inconvenant, comme dirait ma grand-mère. C'est-à-dire que c'est contraire aux bons usages de la vie politique. Vous avez perdu cinq ans, vous n'êtes plus à six mois près. Vous faites preuve d'empressement, ce qui n'est jamais une bonne nouvelle quand on dirige une ville. (…) Alors le Palais est en passe d'être vendu pour des clopinettes, Aguilera est en train d'être vendu à la sauvette, et le BO c'est cadeau ! Avec ça, on gère bien la ville !».

-Qu'en pense un élu qui siégeait jusqu'en février dernier dans la Majorité et qui a choisi de démissionner, face à l'autoritarisme et au non-partage du Pouvoir de madame Arosteguy ?

Le Biarrot Richard Tardits a choisi son camp : «Vous savez que je voterai contre cette délibération parce que vous savez très bien que ma vision de l'avenir de ce plateau n'est pas ce que vous voulez en faire. (…) Moi ce que je voudrais dire au aujourd’hui c'est que ce plateau d'Aguilera, peut-être 95% des Biarrots y sont passés pour faire de l'escrime, de l'athlétisme, du rink-hockey à l'époque, du rugby, du foot et aujourd’hui vous prenez une décision sans même les consulter. On leur avait promis en 2020 : je me suis battu avec vous de faire des référendums sur les gros projets, de demander aux Biarrots qu'est-ce qu'ils pensent de l'avenir de l'Hôtel du Palais, peut-être d'Aguilera et aujourd’hui, bon je l'ai dit tout à l'heure que l'on n'a pas été trop impliqués dans la décision, peut-être pas au mois de juin, je n'étais pas là, mais peut-être au moment de l'élaboration du cahier des charges. Ça aurait été bien je pense que les adjoints puissent s'impliquer et en discuter. Mais aujourd'hui on prend des décisions sans même consulter les Biarrots ?! (...) Non, je regrette fortement que l'on n'ait pas tenu cette promesse que vous aviez faite, que l'on a eu faite, que j'ai faite avec vous en 2020 aux Biarrots, en leur disant on va vous impliquer, on va vous demander ce que vous en pensez, on va prendre les arguments que monsieur Barucq a amenés, que monsieur Carrère a amenés, que vous amenez, le pour et le contre, et on va vous laisser venir décider et nous dire ce que vous pensez. Donc aujourd’hui ça va avancer, on est huit de l'opposition donc votre délibération sera votée, mais ce que je regrette fortement c'est que les Biarrots n'aient pas été consultés.».

Qui mieux que monsieur Tardits peut révéler librement le fonctionnement du système Arosteguy ?

En conclusion, les contours de ce projet qui aménage un nouveau quartier, dans un quartier déjà existant, aura des terribles répercussions sur les riverains, les sportifs Amateurs et Pros du plateau et sur toutes les personnes qui ont l'obligation de passer en voiture à proximité.

-Des conséquences sur l'aspect visuel car ce bétonnage massif ne permettra plus d'esthétiser l'ensemble,

-des conséquences sur l'environnement car ce rajout considérable d'habitants aura des effets sur nos eaux usées et sur la nature proche,

-des conséquences sur l'évolution et l'adaptation aux usages sportifs car les nouvelles habitations les rendront impossible à l'avenir,

-des conséquences, sans option d'amélioration, sur l'accessibilité, la circulation et le stationnement dans un quartier déjà par trop encombré,

-des conséquences sur les événements (concerts, fêtes, marathons) qui ne pourront dorénavant avoir lieu dans un espace contraint et aux habitations trop proches pour envisager des programmations aux inévitables nuisances sonores,

-des conséquences pour les usagers sportifs Amateurs et Pro qui, à l'avenir, ne pourront plus stationner gratuitement pour pratiquer leurs activités ludiques,

-des conséquences sur la manière avec laquelle nos descendants nous jugeront d'avoir pu, après les terribles erreurs du Victoria Surf, du Miramar, de la résidence Edouard-VII et de tant de bâtisses rasées tels l'Hôtel Victoria, le British-Club, le Château Arverna, la Tour Genin, les Thermes-Salins, la Villa Marbella, la Villa Nadaillac, la ville La Rochefoucauld - pour n'en citer que quelques-unes - de défigurer à notre tour un quartier de la ville.

Avons-nous le droit de prendre une telle décision aux effets si néfastes ? Nous ne sommes que des passeurs. Ne l'oublions pas.

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