LES NOUVEAUX BANCS PUBLICS DANS NOTRE VILLE : L'APOTHÉOSE DU MAUVAIS GOÛT 

«Les gens qui voient de travers

Pensent que les bancs verts

Qu'on voit sur les trottoirs

Sont faits pour les impotents ou les ventripotents

Mais c'est une absurdité

Car à la vérité

Ils sont là c'est notoire

Pour accueillir quelque temps les amours débutants.»

Le poète Georges Brassens avait tout compris.

S'il est bien un mobilier urbain qui comporte une véritable étude de la sociologie des mœurs, c'est le banc public.

Certes un meuble, donc à usage pratique, mais sa particularité d'être public permet un mélange de tous, de toutes classes sociales, d'âges et d'appartenance. Un melting-pot, quoi. On ne choisit pas à côté de qui l'on est assis, mais cette soudaine proximité physique engage naturellement au respect de l'autre et à la conversation.

Cette accessoire urbain permet d'offrir le repos mais pas seulement. Il est le refuge des snackeurs, celui des baigneurs qui retirent ce dernier grain de sable, celui de la maman donnant le goûter à son bambin, celui du lecteur de roman en plein-air, celui de l'estivant qui cherche à emmagasiner nos embruns en perspective des longs mois d'hiver à Paris, celui du cruciverbiste niveau 2, celui de l'amateur de glaces qui savoure paresseusement, celui des scrutateurs de passants qui sans le savoir sont tout autant scrutés par les marcheurs, celui qui le voit comme arrêt-étape avant d'atteindre son chez-lui et celui des personnes âgées qui s'en servent comme d'un salon de causerie.

Fait étonnant à relever, l'habitué a souvent «son» banc : celui qui réunit toutes les qualités requises pour être désigné comme «sien».

Le banc - médiateur de la sociabilité - permet de rompre la solitude de bien des personnes. À condition qu'il y en ait d'installés !

Ceci dit, à Biarritz, si ce ne sont les bancs dont nous ont gratifiés - toujours pareil ! - les anciens maires qui se sont succédé, de nouveaux bancs n'ont pas été ajoutés à travers la ville en réponse à la demande pourtant toujours croissante des habitants.

Dans notre bonne cité, l'affaibli, le handicapé, l'âgé est constamment discriminé par cette attitude d'une municipalité qui refuse d'inscrire Biarritz dans une politique large d'inclusion.

Une assise avec dosseret, des accoudoirs où l'on peut s'appuyer pour s'asseoir et se relever en toute facilité : qui, en mairie, pense à adapter les bancs à la morphologie et aux capacités particulières de ces personnes ?

Bayonne : au pied du Château-Vieux, face aux Galeries Lafayette

L'un de nos lecteurs dont nous tairons, par charité, le nom, car il a eu la curieuse idée d'abandonner Biarritz au profit de Bayonne, nous a fait parvenir quelques photos des aménagements dont le maire bayonnais Etchegaray a eu l'heureuse idée à la rue Thiers (nous précisons pour les Biarrots qui ne mettent jamais un pied à Bayonne qu'il s'agit de la rue où se trouvent les Galeries Lafayette) et au pied du Château Neuf (perpendiculaire à la rue Thiers). Qu'il est agréable de se voir confirmer que l'Utile et le Beau peuvent bien se conjuguer ! Des bancs disposés de telle manière à pouvoir servir la conversation, un environnement paysager qui sépare ces espaces de repos des véhicules, quelques pavages à joints de gazon, des fleurs qui invitent des papillons à se poser sur elles. En tous points réussi.

Bayonne : rue Thiers, profusion de bancs

Bayonne : rue Thiers

Bayonne : rue Thiers

Bayonne : rue Thiers, aménagement arboré, fleuri et pavages à joints de gazon

Cela nous a ouvert notre curiosité : comment nos voisins guéthariars et luziens ont-ils, eux, pensé leurs bancs ?

Saint-Jean-de-Luz : Place du Collège

Saint-Jean-de-Luz : bancs originaux et qualitatifs

Saint-Jean-de-Luz : Promenade Jacques-Thibaud

À Saint-Jean-de-Luz, ils sont omniprésents. Partout, de gracieux bancs nous tendent leurs bras pour nous offrir le délassement.

Guéthary : banc au village

À Guethary, leur solide assise nous convoque à s'y retrouver nombreux.

Alors, nous pensons à Biarritz et à ses sarcophages du XXIème siècle qu'une personne détentrice d'un goût plus que douteux a cru bon de placer dans notre espace public.

Biarritz : entre barrières et poubelles, le tableau est complet

Biarritz : face à la Grande-Plage

Biarritz : parvis du casino municipal

Biarritz : casino municipal

Dans ce paysage féerique, où se mêlent les bleus du ciel et de l'océan, le sable doré et les lignes épurées du Casino municipal, viennent polluer notre regard ces affreux machins de béton dont nous cherchons toujours à comprendre comment la mairie a pu oser nous les imposer à notre regard. 

Biarritz : Place Sobradiel, aux Halles, face à l'église Saint-Joseph et la Villa Jaulerry

Biarritz : Place Sobradiel, aux Halles, la laideur dans toute sa splendeur

Idem place Sobradiel, où nous nous retrouvons dorénavant enfermés dans un univers lourdingue bétonnier. L'exemple proche des élégants bancs placés lors de la requalification des Halles - qui s'est déroulée sous les mandatures Borotra et Veunac - aurait dû servir de spécimen pour choisir... Et bien non, toujours ces maudits sarcophages !

À quoi bon établir un cahier des charges municipal envers les restaurateurs et les commerces, faire respecter une stricte réglementation des Bâtiments de France, si c'est pour laisser un maire implanter de telles monstruosités ?

Que l'on ne nous réplique pas que le problème sécuritaire nous contraint à cela ! Protéger les citoyens d'une éventuelle voiture-bélier n'oblige en rien à faire laid et inhospitalier. Et le risque sécuritaire étant plus qu'une certitude sur notre territoire national, il est obligatoire de prévoir un mobilier durable, beau (!) et digne de notre ville impériale.

Objet français s'il en est, le banc public a connu des expressions stylistiques bien différentes au cours de son existence. Mais à Biarritz - sous la mandature Arosteguy - seront choisis ceux qui gagnent de loin le concours de la laideur.

Ce manque total de l'harmonieux et de vision esthétique des acheteurs municipaux aboutit simplement au glissement vers le bas, au déclassement inexorable de Biarritz. Nous tous Biarrots avons droit au Beau, ne nous contentons pas de médiocrité.

Argument de design, prétexte à innover et à donner lieu à une nouvelle manière d'habiter l'espace public, que d'options s'offrent à nous pour allier l'utile à l'agréable et proposer des assises confortables et plaisantes !

De «Biarritz l'élégante», nous sommes passés à «Biarritz la laide».

La ville bienveillante d'antan n'est plus : en 2020 est née la ville hostile. Hostile envers les Biarrots, envers le bon-sens, envers l'histoire de notre ville, envers sa beauté paysagère et son harmonie.

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