LA JCDECAUX-ISATION DE BIARRITZ
Quelle insulte à Biarritz !
Installer en ce lieu magnifique de la Grande-Plage, où se mêlent paysage naturel incomparable et architecture racée, de laids et vulgaires panneaux publicitaires estampillées JCDecaux... Que dire ?
Nous avions déjà dénoncé l'incongruité de ces sordides blocstop-bancs en béton, au mépris du cadre alentour.
Rien n'a été changé, aucune nouvelle disposition harmonieuse n'a été prise, aucune réflexion n'a été portée pour apporter sécurité et esthétique dans cet endroit incontournable, tant pour les Biarrots que pour nos visiteurs.
Ce décor digne d'une triste banlieue des années 80 ne suffisant pas, la mairie laisse en permanence traîner des barrières esseulées, plaquées contre le Casino municipal, puis... la période estivale a vu l'édification d'une scène qu'on semble s'appliquer à enlaidir à souhait : un podium modulable métallique dont la partie basse est à peine cachée par une jupe de scène façon «sac poubelles» déchirée et qui, c'est le pompon (!), est, elle aussi, ceinte par des barrières métalliques. À nouveau, comme les années précédentes, un cageot en bois de caisse a été jeté sur ce parvis pour, là aussi, se faire support de publicité. Ces cageots-totems sont d'ailleurs présents en plusieurs points de la ville, toujours dans des sites où la beauté paysagère naturelle est bafouée.
Récemment, pendant le festival de cinéma Nouvelles Vagues, nous avions déjà dû déplorer sur ce même parvis l'installation d'un immense barnum en plastique et la présence de voitures à gogo pour assurer sa visibilité à une marque automobile, sponsor dudit festival.
Voilà à quoi sert un site mythique sous la gouvernance Arosteguy : un espace non plus de contemplation et de partage humain, mais un spot publicitaire. Nous voici envahis Decaux-chonneries. Quels bénéfices en tirent-ils car nous, Biarrots, n'en tirons aucun ?
Comment comprendre que les adjoints à l'Environnement, au Littoral et au Patrimoine, les adjointes à l'occupation du Domaine public et à la Culture, laissent faire cela ? C'est incroyable. Ou alors, ces gens n'ont pas d'yeux pour voir, pas de goût pour déterminer ce qui se fait et ne se fait pas en certains lieux.
Quant aux instances (tels que les Bâtiments de France, la Préfecture, la Communauté d'Agglomération, la Direction Régionale des Affaires Culturelles...), qui ont pour mission de faire respecter le périmètre historique d'un bâtiment et, plus largement, celui d'un espace naturel remarquable, nous les enjoignons à ne plus laisser faire ces désacralisations et d'intervenir pour y mettre fin.
Car il ne s'agit pas de n'importe quel emplacement. Il s'agit du parvis de la Grande-Plage adjacent au Casino Municipal, aux lignes Art Deco que l'on doit à l'architecte biarrot Alfred Laulhé.
Lequel Casino est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992... Point intéressant : sur le site internet de la Ville de Biarritz, on peut y lire que le Casino est «classé» ! Faut réviser vos fiches mesdames et messieurs les élus : le Casino est «inscrit». Seuls quatre sites, à Biarritz, sont classés (la Chapelle Impériale, le Domaine de Françon, l'Église Orthodoxe et la Villa Natacha), mais pas le Casino Municipal.
Cela interroge encore une fois sur le crédit et le sérieux de cette municipalité qui confond allègrement une inscription et un classement. Quand l'amateurisme devient un mode de gouvernance !
Mais est-ce si surprenant de constater cette méconnaissance quand cette majorité brade allègrement une parcelle de la Chapelle Impériale, pourtant «classée», elle ?
Est-ce si surprenant quand cette majorité dilapide le patrimoine communal tel que nos belles Villas Sion et Fal au profit d'intérêts privés, privant définitivement aux générations futures la possibilité d'en faire, à l'avenir, des pôles culturels ?
Pour rester sur le thème marin développé sur ces panneaux JCDecaux, nous pourrions évoquer la méthode de la pieuvre utilisée par ces derniers pour s'ancrer lentement mais sûrement à Biarritz :
-Nous avons vu fleurir dans des sites pour le moins contestable - car l'enlaidissement est évident - des sucettes publicitaires JCDecaux,
-Puis le rachat minutieux, par ce groupe, d'actions au sein de la Socomix de l'Hôtel du Palais pour préparer une OPA en douceur,
-et maintenant cet essaimage au parvis de la Grande-Plage.
Participant à la triste uniformisation des paysages urbains et ne nous permettant plus de savoir si nous sommes quelque part dans l'Est de la France, en Bretagne ou au Pays Basque, ce mobilier urbain est inutile, parfois énergivore et franchement laid.
L'entreprise JCDecaux - de plus en plus ciblée sur le caractère consumériste de leurs supports - n'échappe pas au blabla du greenwashing avec les formules «mobiliers eco-conçus», «reconditionnement», «encre végétale», «toiles recyclées». Rappelons que la meilleure des écologies consisterait à ne pas mettre de panneaux du tout.
Des grandes villes telles que Marseille, Nantes ou Lyon ont déjà choisi de restreindre au maximum la présence de supports publicitaires pour préserver leurs centres anciens ; cette action fut aussi saluée par les commerçants indépendants qui, jusqu'à présent, devaient être confrontés à une concurrence déloyale des grandes enseignes qui ont les moyens de grandes campagnes publicitaires et s'affichent sur ces sucettes.
Venons-en maintenant à ce qui est affiché sur ces sucettes. L'Aquarium de Biarritz y déploie des photographies de quelques espèces marines - poissons, méduses, phoques, tortues - qu'il abrite.
Assez déconcertant que seule la beauté de ces espèces aquatiques y soit vantée et qu'aucune campagne de sensibilisation n'ait été réalisée pour alerter de la présence en nombre des méduses et physalies dans l'océan tout proche.
Comme c'est curieux, car rappelons-le : les piqûres de certains de ces siphonophores - extrêmement douloureuses - peuvent aussi avoir de graves conséquences pour les baigneurs et surfeurs. Préférerait-on protéger notre industrie touristique au détriment de la santé publique ?
En attendant 2026, ne peut-on envisager une nouvelle Decaux-ration ?
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