NOUVELLE SUBVENTION AU BOPB : ACROBATIES ET CONTORSIONS (JOUR 3/3)

BRICE MORIN

En entamant son intervention par son habituel «Gau on deneri» qui nous permet de nous assurer que nous sommes encore, à Biarritz, en Pays Basque, l'élu d'opposition Brice Morin démarre fort : «Une nouvelle fois, l'image du Biarritz-Olympique et de notre ville s'est retrouvé terni dans les médias. Comme tous les Biarrots, les élus d'opposition prennent connaissance des faits par la Presse ou via les réseaux sociaux, sans aucune information en amont».

Cela mérite en effet d'être souligné car les Biarrots ne le savent pas toujours : les élus d'opposition sont tout aussi légitimes - par les urnes - que ceux de la Majorité, et pourtant, ils ne sont pas tenus informés des dossiers de la cité. Ce manque de partage d'informations, qui instaure un manque de transparence, aboutit à des dossiers brumeux.

Monsieur Morin reprend : «Nous l'avons déjà dit, le BO mérite bien mieux que ce qu'il a d'opacité et d'improvisation. Au vu de la situation, toute aussi préoccupante que celle du sauvetage du club l'an dernier, où vous nous aviez assurés que grâce à la fiducie le BO avait des garanties pendant trois ans, il aurait été indispensable de convoquer une commission exceptionnelle ainsi qu'un conseil municipal extraordinaire». Madame Arosteguy n'avait en effet pas hésité à convoquer un conseil municipal extraordinaire pour être en conformité avec la décision de justice du changement de nom de rue «de la Négresse». À l'inverse, dans le cas de cette subvention de 250.000€, elle met tous les Biarrots au pied du mur et donne son accord à l'A2R... sans passer par l'assemblée municipale ! Pourquoi se gêner ?

Puis de poursuivre : «Pourquoi cette subvention n'a-t-elle pas été soumise au vote plus tôt ? Et surtout, quelles contreparties ont été négociées avec monsieur Stérin en échange de cet engagement financier ? Nous avons vu circuler hier sur les réseaux sociaux une offre de recrutement lancée directement par monsieur Stérin pour un poste de direction générale. Est-ce son rôle ? Ne s'agit-il pas d'une prérogative du président du club ? Encore faudrait-il savoir qui occupe vraiment cette fonction aujourd'hui ! Peut-on considérer donc qu'officiellement monsieur Stérin a pris le contrôle du club ?!». Aucune réponse à ces questions, ni par la maire, ni par l'adjoint aux Sports Delanne, ni par l'adjoint aux Finances Chazouilleres. Quel manque de respect envers les citoyens que nous sommes !

L'élu souhaite poser de nouvelles bases saines : «Le Biarritz-Olympique est une institution chère au cœur des Biarrots. Au vu des récentes turbulences financières du club cela appelle à une réflexion sérieuse dans la nature de son partenariat avec la municipalité. (...) Ces soutiens, bien que justifiés par l'importance du club dans la vie locale, engagent les finances publiques. Il est donc légitime que la municipalité dispose d'un droit de regard sur la gestion du club. Or, comment expliquer qu'aucun représentant de la ville ne siège au conseil de surveillance du BO ? Cette absence soulève des questions de transparence et de gouvernance».

Monsieur Morin a ensuite embranché sur le profil clivant de monsieur Stérin, lequel a fait couler beaucoup d'encre et de salive : «La survie du club a été assurée grâce à l'intervention d'un milliardaire Pierre-Edouard Stérin, via son fonds Otium Capital qui a injecté plusieurs millions d'euros pour combler le déficit. Si cette aide a permis d'éviter le pire, elle souligne également la fragilité structurelle du BO et la dépendance accrue des finances privées. Le problème n'est pas tant le fait qu'un investisseur privé intervienne, mais quels sont ses objectifs et ses valeurs. Car monsieur Stérin ne cache pas son engagement ultra-conservateur. Il est l'un des financeurs de la Manif pour Tous, milite contre le droit à l'IVG, et soutient des médias et des fondations d'extrême-droite. Ses idées sont à rebours des valeurs de justice sociale, d'égalité et d'émancipation qui fondent notre engagement politique. (...) Dans ce contexte nous proposons que la municipalité réclame officiellement un siège au conseil de surveillance du BOPB, en échange de tout soutien public. Aimer le BO, c'est vouloir qu'il soit fort, sain, et durablement ancré dans sa ville. Cela passe par des règles clairs, une gouvernance transparente et une collaboration étroite entre le club et la municipalité au service de l'intérêt général. Milesker.».

NATHALIE MOTSCH

Endossant immédiatement le rôle du juriste, l'élue déclame : «Je ne sais pas qui a rédigé cette délibération mais il ou elle ne devait pas être en forme ou bien fâché avec le droit, parce qu'elle est assez ambiguë dans son écriture».

Madame Motsch souhaite des clarifications : «Je voudrais avoir les chiffres parce que là je ne comprends pas. (…) Je demande officiellement, de manière très solennelle, un audit financier des comptes de la ville parce que je ne comprends pas du tout votre gestion des comptes publics. Vous claquez le patrimoine municipal, vous signez des chèques pour assurer votre réélection. Ça ne me met pas à l'aise.».

Il serait, en effet, indispensable que cela soit réalisé, mais madame Arosteguy ne répondra jamais favorablement à cette demande : nous le savons tous.

Que le lecteur nous pardonne, mais ne voulant pas corriger un texte dont nous ne sommes pas les rédacteurs, nous avons maintenu le nom propre de «Sternin» qu'utilise madame Motsch pour désigner monsieur Stérin.

Elle reprend : «Vous avez accepté un montage fiduciaire, hop le stade est filé dans le patrimoine de ce monsieur Sternin que je ne connais pas mais qui doit être bien content. En plus il s'est bien débrouillé parce qu'il est maintenant majoritaire dans la société du BOPB. Alors il paraît que monsieur Sternin, il note les gens. Alors moi je lui colle un 10/10 parce que vraiment monsieur Sternin vous êtes efficace et redoutable. Alors vous, en revanche, madame la maire, rhooooo, vous n'allez pas avoir la moyenne parce que vous n'avez pas eu une réponse d'élue responsable qui défend les intérêts de la ville, vous avez raté le positionnement stratégique du club. En tout cas, vous n'avez pas su l'imaginer. Pas de vision et vous avez pris le premier deal qui est arrivé... pour sauver votre peau ! Parce que le club était quand même dans une situation financière désastreuse grâce à l'équipe de bras cassés que vous aviez très astucieusement installée. (…) Vous vous gargarisez de sauver le club, alors qu'en fait vous êtes à l'origine de l'épouvantable situation dans lequel (sic) il se trouve».

SÉBASTIEN CARRÈRE

L'élu, toujours pondéré et raisonnable dans ses interventions, a ouvert son propos en revenant sur le salaire d'un dirigeant du BOPB : «le coût de ce salaire pour une seule personne, avec les charges, c'est 300.000€ par an. Si ladite personne conteste son éviction, ce sera peut-être le coût de l'indemnisation. Ce que je veux dire par là c'est que c'est problématique de ne pas pouvoir intervenir ou, en tous cas, ne pas avoir un regard sur la gestion d'un club privé et de laisser passer des choses comme ça. Moi, personnellement, ça me pose quand même beaucoup de problèmes en regard du serrage de vis que l'on peut donner sur d'autres associations, y compris sportives».

Où passe l'argent ? Quel usage en est-il fait ? Sébastien Carrère pose les bonnes bases : «On doit absolument se positionner comme la collectivité publique qui donne la subvention et qui va regarder l'utilisation du moindre euro qui est donné. Sur l'année passée, on a vu que ça posait quand même question. Tout à l'heure, dans la présentation, il a été rappelé l'attachement que nous devons et que nous portons à notre club, c'est évident».

L'élu s'interroge à juste titre sur une formulation qui semble assumer d'abandonner le club en cas d’échec en ProD2 : «Dans ce cas, je me demande ce que prévoit la convention, parce que vous rappelez tout l'attachement que vous avez, mais dans la convention il y un chapitre qui dit que si jamais il y une rétrogradation, donc pour des motifs sportifs puisque on va dire que les motifs financiers je vous crois sont bien posés, bien établis pour les années qui viennent. Ah ben là il n'y a plus de subvention de la ville. Moi il me semble que si le club malheureusement devait être rétrogradé dans les années à venir, et bien c'est vraiment là qu'il faudra l'aider. Je ne le souhaite pas mais il y a des beaux matchs en Nationale. Je vois une première contradiction entre le propos et les critères pour l'aide de la municipalité à son club».

On décèle une forme de lassitude chez l'élu qui rejoint son collègue Patrick Destizon sur sa comparaison au tonneau des Danaïdes : «Tous les ans, c'est la même histoire, mais une fois que cet argent est dépensé, c'est terminé. Donc c'est du fonctionnement si vous voulez et en plus on n'a pas de droit de regard dessus».

Quel est le véritable rôle d'une mairie pour accompagner un club vers le Top14 ? Là aussi, l'élu d'opposition nous fait connaître son avis de Biarrot et de contribuable : «Le rôle d'une municipalité c'est d'intervenir sur les infrastructures et très clairement il faut reprendre le contrôle du stade et des infrastructures. J'ai très peur que vous soyez en train de discuter du renouvellement du bail emphytéotique avec le nouveau patron (NDLR. Monsieur Stérin) du club dont on parlait tout à l'heure. Je pense que ce n'est pas une bonne chose».

Même si ce bail emphytéotique qui lie le BOPB et la ville ne se renouvelle que dans sept ans, la vigilance est de mise car les requins rôdent... Ce sera aussi un sujet de campagne pour les municipales de 2026 car il faut informer clairement les Biarrots sur cet enjeu, évidemment sportif, mais qui sera aussi le reflet de ce que l'on attend de Biarritz à l'avenir et de l'authenticité biarrote que l'on souhaite conserver.

Si nous avons souhaité que vous relayer ces extraits, c'est pour vous permettre de comprendre les agissements de madame Arosteguy au sujet du BOPB : l'usage qu'elle fait de l'argent public, sa façon d'accorder aux uns ce qui a été refusé aux autres, ses liens avec des personnes à l'idéologie contestable. À vous de juger.

 

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