DÉMOCRATIE DE LA PAROLE, SOUS LE MANDAT AROSTEGUY

La maire Arosteguy a instauré, en notre ville, une gouvernance du non-partage du pouvoir - même avec sa propre majorité. C'est contre-productif, démodé et bête, mais c'est ainsi.

Cette exclusion de dialogue a donc empêché que des avis éclairés soient admis au débat pour générer de meilleures dynamique et efficacité dans les projets développés. Personne n'a jamais raison tout seul : seul l'entrecroisement des expériences et des parcours individuels mène à des réalisations cohérentes. Si tant est que l'esprit du maire soit celui d'améliorer et de porter toujours plus haut sa ville. Cela reste à prouver en l'espèce.

C'est pour cela que l'élue d'opposition Lysiann Brao - issue des rangs de «Eskual Herrian Vert et Solidaire» - dont l'engagement politique a été celui de l'ouverture, de l'écoute, et qui a su travailler dans des coalitions composées de personnes aux sensibilités diverses, n'a pas accepté, qu'à nouveau, la maire donne un récit à l'opposé de celui que les élus ont vécu : «Appelons un chat un chat. Ce mandat a été un mandat où jamais, je dis bien jamais, l'opposition n'a été questionnée, en tous cas dans une démarche constructive, de co-construction. Ça n'est jamais arrivé. Donc on peut dire ce qu'on veut après du public, on peut employer des mots vides de sens... aujourd'hui on utilise beaucoup de mots de type démocratie participative, mais on le vide totalement de son sens. Ça n'a pas été un mandat constructif entre l'Opposition et la Majorité.».

Ce récit idéalisé de la maire donne aussi lieu à des inexactitudes quant aux absences des élus de l'opposition. Et madame Brao le lui rappelle : «Vous avez préféré travaillé entre vous, et c'est votre choix, mais faut pas ensuite raconter que l'on n'a pas été à des endroits (NDLR : les commissions générales). Pourquoi on n'a pas été à des endroits ? Parce qu'il n'était pas possible de travailler et à un moment donné, quand on va à des endroits où on ne sert à rien, personnellement je n'y vais plus.». Des commissions qui ne servent que de faire-valoir au maire où les élus d'opposition sont mis au pied du mur de décisions déjà actées en amont et qui ne permettent pas de prendre en considération leurs remarques : à quoi ça sert de faire perdre son temps à ces derniers ?

Madame Brao le martèle : «Pendant six ans, vous avez travaillé seuls. (…) Juste ne venez pas raconter ensuite au public que vous êtes pour la participation, la co-construction. Ce n'est juste pas vrai en fait. (…) Arrêtez de manipuler les informations quand même.».

Les conversations que nous vous livrons ici ont été tenues lors du conseil municipal - ô combien houleux - du 7 juillet dernier, et dans lequel se trouvait la très contestée délibération de la cession des terrains de la plaine Aguilera à la société Aldim - du promoteur Robert Alday.

Alors que la maire se montre aussi peu partageuse avec ses propres amis de la Majorité qui, curieusement, ne trouvent rien à redire, monsieur Barucq avoue ne pas comprendre cette façon de concevoir la prise de parole : «Je vais vous dire ce qui me contrarie dans cette histoire. (…) Comment se fait-il que vous soyez la seule à parler d'un projet aussi structurant, vous avez une adjointe à l'urbanisme, un adjoint aux travaux, un adjoint à l'environnement que l'on n'entend pas souvent et que j'aimerais bien entendre sur ce projet pour nous expliquer comment autant de logements sont soutenables au niveau justement environnemental. Pourquoi vous ne les laissez pas parler ? Le procédé d'appeler un ami, comme chez Jean-Pierre Foucault, pour essayer de nous convaincre... Moi, je suis désolé, je trouve le procédé complètement anti-démocratique. Moi, je vais me mettre en off et j'hésite même à quitter la séance, pour tout vous dire.».

Madame Arosteguy lui répond qu'ils ont décidé que «cette délibération serait portée par le maire». Que dire quand une élue parle d'elle-même à la troisième personne ? Fermez le banc.

Cherchant dans l'assemblée un arbitre en sa faveur, madame Arosteguy se tourne vers l'adjointe à l'Urbanisme : «Madame Cascino, y'a-t-il eu des pressions pour vous faire taire ?».

Etonnant procédé qui consiste à ce que celle qui exercerait une pression psychologique demande, en public, à la victime harcelée si elle en souffre... Mais la maire n'en est plus à ça près.

Madame Cascino revêt alors son ton raisonneur pour clamer à l'encan : «(…) on s'exprime totalement librement dans cette majorité». Puisqu'elle le dit, voyons !

Pensant avoir cloué le bec à Lysiann Brao, madame Arosteguy reprend : «Bon, une fois que tout le monde a exprimé ses états d'âme...», mais c'était sans compter sur une voix qui s'élève, celle de Richard Tardits : «Oui, je voudrais simplement rassurer madame Brao, j'ai quitté la majorité au mois de mars et on a eu zéro débat au sein des adjoints de la majorité sur ce projet d'Aguilera. Je viens d'apprendre ici, comme vous, quels étaient les trois candidats. Je rejoins quand même mes collègues en disant que c'est dommage qu'il n'y ait pas eu, que l'on n'ait pas pu faire ce type de débat avec les candidats dans une assemblée générale avec seulement le conseil municipal. Je pense que cela aurait intéressant pour tout le monde. Aujourd'hui, il (NDLR. Robert Alday) va nous raconter ce qui a été déjà décidé. On est dos au mur de toute manière et je trouve ça regrettable, c'est tout.».

Rhoooo... Madame Arosteguy nous dirait-elle des faussetés ? C'est vilain ça ! De ça aussi on en a l'habitude.

Nathalie Motsch rebondit et s'adresse à la maire : «je dois remercier Richard pour sa franchise parce qu'en fait il n'y a que lui qui peut porter cette parole-là. Non, il n'y a pas eu de débat dans la majorité, il n'y en pas plus eu avec l'opposition, et donc vous avez menti devant l'ensemble des Biarrots qui vous ont regardée. On re-regardera la bande, ça restera un conseil dont on va beaucoup parler.».

Alors, selon la maire, les élus auraient toute liberté pour s'exprimer, sauf que quand l'adjoint au Commerce Bach veut prendre la parole après que Guillaume Barucq a parlé, il se voit signifier par sa patronne un «non» net et sans détour. Par contre, quand l'adjointe Cascino prend d'autorité et en suivant la parole, la maire lui laisse champ libre ! Belle ambiance entre collègues. Les bruits de couloirs nous en rapportent aussi de belles.

Que la maire de Biarritz sache que le mot «démocratie» n'a pas une abstraite signification.

Que ce beau terme adopté des Grecs par la langue française voit sa composition voulue par les mots «peuple», «distribuer» et «pouvoir».

Que la démocratie n'est pas sélective, elle n'est pas négociable, elle n'est pas à géométrie variable.

Que ce mot n'est pas une vue de l'esprit, mais le fondement même de ce qui constitue notre République française. Cela nous honore, cela nous engage.

Alors serait-il temps que la maire oublie ses «états d'âme» et laisse les autres s'exprimer !

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