PÉTRICOT : UN QUARTIER POPULAIRE DEVENU QUARTIER IMPOPULAIRE
Nous avons tous connaissance, en France, des quartiers perdus de la République, des quartiers déshérités, des quartiers appauvris, des quartiers qui réunissent en condensé tous les problèmes de notre société. Mais ici, à Biarritz, à Pétricot, c'est tout autre chose qui frappe ce quartier : l'oubli.
C'est quelque chose l'oubli. Ça correspond, in fine, à une situation de non-existence. L'on ne peut aimer, s'occuper, se préoccuper de ce que l'on a oublié.
-Cet état d'oubli peut être volontaire et assumé :
«pas mon électorat, pas mon problème», ou «tant qu’ils sont là-bas, ils ne sont pas en centre-ville : préservons notre image de marque»,
-il peut être une défaillance involontaire : «je n'ai pas conscience d'oublier».
Comme dans bien des sujets qui touchent à notre ville, l'intention originelle importe peu, seul le résultat est implacable.
Pétricot est un quartier populaire où, jusqu'à peu, une certaine douceur de vivre s'y ressentait.
Les problèmes que peuvent cristalliser des barres d'immeubles n'y avaient pas pris racine. On se croisait, on se saluait, on s'entraidait : une bonne entente, un bon esprit.
De manière très intelligente, le quartier avait fait l'objet de l'intégration, en son centre, de ce qui constitue le cœur battant d'une commune : sa Maison des Associations et sa Maison des Jeunes.
Le fronton servait de point de rassemblement à la jeunesse, et une place aménagée de bancs et d'arbres était un lieu d'échanges pour nos aînés. Ce melting-pot des générations était sympathique : on se retrouvait après le travail et les week-ends pour discuter, pour une partie de dés, ou tout simplement assis sur un banc, à vivre et contempler le temps qui passe. Une vie de village, un peu comme celle que nous connaissions autrefois.
Pour les autres Biarrots - ceux vivant dans d'autres zones de la ville - il s'agissait d'un quartier comme un autre. On connaissait ce quartier populaire, mais habité par des personnes que nous côtoyons tous et finalement une mixité sociale y était assurée. Les maisons environnantes et leurs jardins assuraient un panorama qui n'avait rien d'oppressant. Oui, un quartier comme un autre.
Car ne nous trompons pas et ne faisons pas des raccourcis simplistes. Le caractère populaire d'un quartier n'est pas obligatoirement assorti de violence, d'insécurité, de trafic. Et quand c'est le cas, il n'y a pas de fatalité à cela. Cela dépend de ses habitants, mais aussi de la considération que la commune veut bien apporter à leur intégration.
Inégaux face à ce que la naissance ou la vie nous réserve parfois, il ne nous faut pas catégoriser les habitants des logements sociaux dans une minorité. D'ailleurs, 70% des Français pourraient - par leurs revenus - prétendre au logement social.
Depuis 2020, notre cité est passée de la «ville inclusive» à la «ville excluante».
Cela se traduit aussi à Pétricot :
-avec des habitants qui ne sont plus écoutés par leurs élus,
-par un quartier qui se délabre inexorablement,
-par un laisser-faire qui mène à un laisser-aller et un laisser-aller qui mène à un laisser-faire,
-par des rodéos urbains - tant sur la chaussée que sur la place réservée aux piétons - lesquels depuis trois ans ne sont jamais réprimandés,
-par un service de transport en commun que la ville retire aux usagers,
-par l'absence de bornes municipales pour la recharge des véhicules électriques,
-par des trafics qui se livrent en plein jour, au su de tous,
-par des chiens errants et agressifs qui semblent prêts à attaquer,
-par des voitures abandonnées, pour certaines aux pneus crevés, sans que cela ne soucie ni ne suscite l'étonnement des élus,
-par une voirie défoncée, ici encore, comme ailleurs dans Biarritz,
-par des déchets abandonnés par tous - commerçants compris - dans les containers dédiés ou non,
-par l'invasion de cafards et de rats, ici aussi, comme dans tout Biarritz,
-par des montagnes de cartons empilés jour après jour - y compris par des commerçants - et qui saturent les containers,
-par une épicerie transformée en bistrot avec terrasse, devenue un QG de la parlotte...
-par d'un côté des habitants sans histoire, et de l'autre des personnes qui s’installent et imposent leurs propres lois.
De tout ce qui précède la municipalité est informée, et des plaintes, en bonne et due forme, sont régulièrement déposées mais... rien ne bouge : la mairie laisse faire, croyant ainsi étouffer les problèmes.
Serait-ce la volonté de la maire de ne pas résoudre les problèmes et de préférer qu'ils se concentrent à Pétricot, en sacrifiant ce quartier, de peur que ces malintentionnés ne se déplacent en centre-ville ?
Aujourd'hui, nous faisons face, ici comme ailleurs dans notre ville, à une véritable infestation de cafards dans l'indifférence générale des Autorités publiques. Partout, ces nuisibles pullulent sans que la mairie ne s'en mêle. Pour des raisons évidentes de retour à la salubrité, il est grand temps que la ville remplisse son rôle.
Il s'agit de toute une population biarrote qui subit nuisances, insalubrité et incivisme venant d'une minorité malfaisante qui nuit à une pacifique majorité.
Car pensons aux habitants qui vivent ici : qu'en est-il de leur quiétude, de leur bien-être ? N’ont-ils, pour seul droit, celui de se taire et de subir en silence, au risque sinon de menaces de représailles ?
La Maison des associations peine à attirer des adhérents qui ont compris que l'ambiance actuelle du quartier n'était plus propice. L'insécurité ! Le mot circule entre responsables d'associations qui tentent de trouver d'autres lieux pour réunir leurs membres et se voient contraints de s'exiler dans les communes voisines, faute d'avoir les moyens de s'acquitter des frais de location des salles biarrotes gérées par Biarritz Tourisme.
Les utilisateurs de la Maison des Associations et les habitants dénoncent, tour à tour, tous ces problèmes auprès de la mairie qui a le devoir de faire respecter la réglementation des terrasses, l’usage des déchets et d'assurer l’hygiène et la sécurité urbaine : que répond-on à ces plaignants ? : «Nous travaillons activement sur le sujet», ou encore «Adressez-vous à votre syndic !». L'art de se refiler la patate chaude ! La Ville de Biarritz aurait-elle délégué son devoir de faire respecter la tranquillité publique aux syndics de copropriété ?
Tout cela n'est pas sérieux et surtout pas à la hauteur des enjeux.
Nous sommes tous les jours témoins de ce qui se déroule ailleurs en France : la Ville a l'obligation et le devoir d'agir pour que Pétricot retrouve sa douceur de vivre d'antan.
Au lieu de cela, actuellement ce quartier biarrot est frappé d'une sorte de no man's land, où tout est permis puisque rien ne change, puisque la maire et ses élus ont l'indignité de se désintéresser de son sort et de celui des êtres humains qui l'habitent.
Dans ces circonstances, qui a envie de vivre et de faire grandir ses enfants dans un tel cadre ?