DES AMITIÉS ENCOMBRANTES ?
Il est des amitiés, des connivences, des complicités, des alliances, qui peuvent être perçues comme encombrantes.
Gênant ? Embarrassant ? Dérangeant ? Importun ? Fâcheux ? Chacun trouvera l'adjectif qui convient le mieux pour désigner ces «amis» au parfum de soufre.
Dans ces «amis», l'on trouve deux cas de figures : ceux qui entretiennent une amitié réelle mais dont la proximité devient dangereuse, puis ceux qui cultivent une fausse amitié pour avoir accès à certaines informations.
Alors, pour le spectateur extérieur, forcément le doute s'installe. Au fond - amitié réelle ou amitié feinte - toujours est-il que le résultat est le même : une amitié encombrante et intrusive.
Une émission de France 5 réalisée par Nicolas de Labareyre, intitulée «France Nid d'Espions» - diffusée l'année dernière sur le Service public - avait conduit nombre de Biarrots à s'interroger sur le lien politique actuel entre la Russie et notre municipalité.
Ce reportage nous faisait valoir le difficile quotidien d'un opposant au régime russe qui, avec sa famille, a choisi notre ville pour vivre libre.
Nous avions également suivi l'épisode judiciaire entre un blogueur franco-russe installé à Biarritz et ses accusations d'espionnage pour le compte de la Russie envers la conseillère municipale de la majorité municipale Elena Kutuzova-Bidegain.
Si l'amitié de cette élue avec le vrai/faux peintre Alexei Lushnikov ont pu susciter de graves interrogations, l'observateur lambda, lui, ne saurait exprimer une opinion certaine sur ce sujet, sinon que de se ranger à la décision rendue par le Tribunal de Bayonne dans cette affaire.
Quant à l'adjointe à la Culture Anne Laffolé-Pinatel - triste suiveuse en toutes circonstances de l'avis de son général de mari -, la sympathie manifeste qu'elle affiche pour le pouvoir tyrannique de Vladimir Poutine laisse pantois de la part d'une élue républicaine.
Si cette élue, aussi en charge des anciens combattants, détient le portefeuille municipal de l'Euskara - alors même qu'elle ne le parle pas ! -, elle maîtrise en revanche excellemment la langue russe. Ceci explique peut-être cela ? Victor Hugo, qui a payé cher sa propre liberté, ne disait-il pas «Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es.» ?
Terrible constat de cette fraction non-négligeable de militaires en charentaises qui se permettent de jouer contre leur propre camp, celui de leur pays et de l'Europe : toujours sous couvert - noble prétexte - de souhaiter une supposée Paix. Si vis pacem, para bellum : la Paix ne peut pas vouloir dire reddition de tout un peuple.
Nous nous rappelons de la réception en mairie du sieur Alexei Lushnikov dans le bureau de madame Arosteguy - Mesdames Kutuzova-Bidegain et Pinatel servant d'intermédiaires en la circonstance - pour un «projet» culturel impliquant les Ballets de Saint-Petersbourg et leur venue à Biarritz pour une représentation.
Rappelons aussi la tenue - en pleine guerre russo-ukrainienne - du Festival du Film Russe au cinéma Le Royal, du 3 au 5 novembre 2023, organisé par l'Ambassade de la Fédération de Russie en France et dont l'affiche arborait le logo du Ministère de la Culture de la Fédération de Russie.
Si la Culture est à promouvoir en toutes circonstances, elle ne saurait - comme le Sport - être instrumentalisée à des fins politiques. Ne soyons ni naïfs, ni dupes, et rappelons-nous, à l'époque soviétique, de la misérable exploitation des danseurs par le service de renseignement du KGB.
Si les sujets nationaux et internationaux ne sont pas de nature à être débattus chez Sauvegarder Biarritz, l'on ne peut ignorer pour autant le fait qu'ils viendraient s'immiscer insidieusement dans notre cité balnéaire.
Il serait trop long de conter ici le jeu anti-France joué par la Russie dans bien des territoires, en particulier en Afrique où le départ précipité de nos Forces aura été bien souvent le fruit d'un ardent travail de sape d'intérêts russes, tels le groupe de mercenaires Wagner dirigé un temps par l'inquiétant Evgueni Prigojine qui a d’ailleurs mal fini.
Faisant fi de ceux morts pour tenter de maintenir une Patrie libre, une Justice et une Presse libres, une langue et surtout des frontières irréfragables et non-négociables, une petite musique persistante se fait entendre pour défendre des thèses qu'aucun homme, qu'aucune femme libre ne peut laisser passer.
Biarritz a néanmoins une belle et longue histoire avec la Russie.
Ils sont nombreux, et pas des moindres, ceux qui avant et après la révolution d'octobre 1917 ont choisi Biarritz pour villégiature : tsars, tsarines, princesses, princes, grands-duc, grandes-duchesses et artistes, se bousculeront chez nous et apporteront une touche supplémentaire de cosmopolitisme à notre ville.
Alors, est-ce que le FSB (ancien KGB) s'intéresse à notre ville ? Les personnes détenant la nationalité russe et vivant à Biarritz peuvent-elles constituer une coopération, un intérêt ou un risque pour le Pouvoir russe ? En ces temps troubles, il est permis de tout imaginer : même des espions venus du froid.
Car le propre du bon espion c'est de cacher son jeu et de donner le change d'une vie des plus banales qui soit.
Si le lieu de naissance ou le passeport ne peut nullement donner une indication d'allégeance à un quelconque Pouvoir, Parti ou tendance, il serait pourtant imbécile d'affirmer le contraire.
Les réseaux d'influence sont partout, de la part d'un pays qui agit avec une volonté impérialiste qui relève davantage de la vision du XVIIIème siècle que du XXIème siècle.
À vrai dire, dans un monde qui va vite - parfois trop vite - il est important de noter que le réel perçu par l'autre n'est pas toujours ce qui est mais ce qu'il comprend. D'où l'importance d'être prudent sur ces fréquentations car la réputation exposée n'est plus seulement celle d'une personne, mais bien celle d'un collectif municipal, celle d'une ville, et celle de ses habitants. Cela engage, cela oblige.