CAESAR (1898–1914) : UN CHIEN ROYAL
Il est toujours intéressant de découvrir un aspect humain à ceux que l'on nomme les Grands de ce monde. Édouard VII en fait partie et il a souvent, à Biarritz, montré cette facette de sa personnalité.
Il n'est pas nécessaire de rappeler ici que le souverain britannique Édouard VII était un habitué de Biarritz.
Édouard VII ne venait pas simplement en vacances à Biarritz, il y dirigeait les affaires de son royaume, dans les appartements qui lui étaient réservés à l'Hôtel du Palais.
Mais il s'accordait tous les jours une balade en ville en compagnie de son médecin ou de son secrétaire et de... son fox-terrier Caesar.
Ah Caesar ! Il était plus qu'un chien. Il était un ami, un confident, un compagnon de tous les instants.
Nous pouvons dire que cette boule de poils n'a pas eu une vie de chien.
Lors de sa promenade, Caesar, sans laisse, se frottait - comme son maître avec les humains - à des chiens de peu, des chiens qui, eux, n'avaient pas de sang bleu et ne menaient pas la vie de château.
Il suivait son maître partout et en toutes circonstances : un chien globe-trotter en quelque sorte.
Ce petit coquin de Caesar avait le chic pour faire son intéressant aux moments diplomatiques les plus importants, mais comment rester longtemps fâché devant un tel minois ?
À chaque fois que son maître le réprimandait pour son manque de tenue, le chien le regardait droit dans les yeux et lui souriait véritablement, ce qui avait immanquablement pour effet de faire rire le roi.
Si bien que Caesar profitait de sa bonne bouille pour faire les coups les plus pendables. Entre nous, il faisait fi de toutes les bonnes manières qui lui avaient été enseignées.
Précédant toujours le roi de quelques pas et pouvant se laisser perdre par l'arôme lointain s'exhalant d'une fenêtre, il lui avait été prudemment mis un collier : «I am Caesar. I belong to the King». «Je suis Caesar. J'appartiens au roi.»
Il faut dire que ce chenapan en a fait des frayeurs à son entourage : lorsqu'à Marienbad il s'enfuie pour poursuivre un malheureux paon, la station thermale est en émoi ; la police locale part à sa recherche et ne le retrouve que tardivement dans la campagne proche. À nous la liberté !
Caesar avait un valet de pied attitré qui avait pour charge de veiller à son bien-être, à son alimentation et à son sommeil. Un fauteuil dédié lui était réservé pour passer sa nuit auprès de son maître adoré.
Lorsque le souverain meurt le 6 mai 1910, Caesar ne mange plus et ne quitte plus la porte de la chambre à coucher du roi d'où il gémit. Il arrive même à s'introduire dans la chambre et sera retrouvé caché sous le lit d'Édouard VII.
Cassant le protocole, Caesar sera présent au cortège de l'enterrement, juste derrière le cercueil, aux côtés du cheval du roi. Tous deux précéderont le nouveau roi George V et huit autres rois venus rendre hommage au souverain britannique.
Seules les attentions portées par la reine Alexandra du Danemark - veuve d'Édouard VII - lui fera retrouver sa bonhomie et sa joie de vivre. Alors qu'elle n’entretenait pas la meilleure relation avec ce quatre-pattes, Alexandra se prendra tardivement d'affection pour lui et, à son tour, lui passera tous ses caprices.
Il est rare qu'un chien reste dans la postérité : Caesar a réussi cet exploit.
Nous verrons si Snuff - dernier canidé du roi Charles III - connaîtra un tel sort.
Laissons à Caesar le dernier mot - vous excuserez son léger accent anglais - : «Woof, wooooff, wooof».