BUVETTE AUX EAUX MINÉRALES À LA GRANDE-PLAGE

On ne sait pas grand chose sur cette buvette.

Comment est-elle arrivée là ? Qui en a eu l'idée ?

C'est, à coup sûr, une curiosité. Une curiosité tant sur son architecture à huit pans de bois que sur ce qui s'y vendait.

La forme de ce bâtiment n'est d'ailleurs pas sans rappeler les lieux où l'on boit l'eau dans les villes thermales : souvent de forme circulaire pour permettre au maximum de curistes de s'en approcher et de goûter à ce sain breuvage.

Les eaux minérales françaises de Vittel «l'eau de régime des arthritiques», Vichy-Célestins «eau de table et de régime», Evian Cachat «la meilleure des eaux de table», Eau de Bussang «eau de table sans rivale» et même une eau allemande Apollinaris «La reine des eaux de table» : ces noms sont proposés aux passants telle une friandise !

Pourrez-vous résister à l'appel de ce délicieux nectar ?

Qui peut aujourd'hui penser appâter qui que ce soit avec une telle offre ?

Eau tonique, eau assainissante, eau reconstituante, eau hygiénique, eau fortifiante : l'eau miraculeuse, en somme !

C'est en 1841 qu'un précurseur portant pour nom Auguste Saturnin Badoit met en bouteille son eau de la source Saint-Galmier pour pouvoir la vendre partout où il le peut. C'est une révolution. 

Cela permet à ceux qui n'ont pas les moyens de suivre une cure sur place, à la source, de le faire depuis chez eux.

Il s'agit du premier pas vers une démocratisation de l'accès à l'eau minérale, bien que cela restera encore pendant plusieurs décennies un luxe compte tenu de son prix. Aussi, pendant longtemps les eaux minérales ne seront disponibles à la vente qu'en pharmacie, ce qui atteste bien de leurs vertus thérapeutiques.

À partir de 1901, Evian expédie son eau dans des bonbonnes en verre prudemment entourées d’osier, puis passe dès 1908 aux bouteilles de verre.

Louis Bouloumié - exploitant de la source Vittel - vend, à partir de 1857, son «eau de cure» dans une bouteille carrée en grès avec un bouchon de porcelaine.

Il ne faudrait pas croire que le soin par l'eau soit né au XIXème siècle. Cela remonte au temps les plus anciens : les Grecs et les Romains poseront les bases de ce qu'il conviendra, plus tard, d'appeler le thermalisme.

Plus proche de nous, La Société d'Hydrologie de Paris - fondée en 1853 - sera le point de ralliement de médecins et scientifiques qui cherchent à soigner au moyen de l'eau.

Puis le thermalisme connaît un véritable engouement en France sous la période du Second Empire, aidé par l'empereur Napoléon III qui stimule l'industrie des villes thermales. Grâce au développement des chemins de fer qui permet d'accéder rapidement dans toutes les régions de France, un nouveau type de tourisme naît. Un tourisme précurseur du bien-être, mais pas seulement : l'eau soignerait à peu près tout... à en croire les affiches publicitaires de l'époque !

Le couple impérial - habitués de Biarritz - aime ces stations où la cour peut séjourner, se distraire et améliorer sa santé : Vichy, Enghien-les-Bains, Plombières-les-Bains, Thonon-les-Bains, Eugénie-les-Bains, Eaux-Bonnes, le choix ne manque pas !

Mais revenons à Biarritz.

Cette buvette, judicieusement installée sur le promenoir de la Grande-Plage, offre l'avantage d'allier à Biarritz les bienfaits des proches bains de mer tout en buvant une eau saine venue de quelque part en France ! Ainsi est permise l'application complète préconisée par les théoriciens de l'hydrothérapie d'alors.

Mais, hélas, le pauvre passant aura beaucoup de mal à suivre la saine recommandation de ne boire que de l'eau car, au fond de la photo, on aperçoit une immense publicité de la liqueur Izarra apposée sur la façade Bellevue !

Le kiosque à eau de la Grande-Plage recevait toutes sortes de visiteurs, des plus humbles aux plus titrés.

La preuve en est avec le roi Édouard VII - que l'on aperçoit sur quelques photographies qui sont parvenues jusqu'à notre époque - qui ne rate jamais l'occasion, dans sa balade quotidienne, de s'y arrêter un instant en compagnie de son médecin et de son inséparable fox-terrier Caesar.

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