QUE DE MOUSSE, QUE DE MOUSSE !
Cette jolie appellation de «barbe de neptune», pour décrire ce phénomène, a fait rêvasser plus d'un enfant biarrot épris de légendes fantastiques.
L'on comprend aisément que ce spectacle de bain de mousse géant ait pu aiguiser l'imagination des petits, pensant percevoir, entre les flots, notre bon Neptune - ce dieu protecteur des pêcheurs - et son trident.
Pour d'autres petits biarrots, c'est la «neige basque», celle qui ne survient que rarement et qui équivaut au même bonheur que le bain moussant.
La Grande Plage et le Port-Vieux sont les lieux de Biarritz où le divertissement est garanti et il n'est pas seulement côté mer. Qu'il est drôle de voir tous les caractères humains se confronter à ce spectacle ! : le courageux qui se précipite dans la mousse, le filmeur qui enregistre pour l'éternité le moment, le prudent qui regarde d'un peu plus haut, le touriste enthousiaste et incrédule, le Biarrot blasé qui passe presque sans voir, le joggeur flegmatique concentré sur sa course, l'artiste qui voit déjà le thème de son prochain paysage, l'anxieux qui presse le pas, l'enfant qui sautille de joie, l’automobiliste distrait qui tourne quelques secondes de trop la tête, le capricieux qui contourne l'interdit, le narcissique qui fait un selfie, le rêveur qui n'est plus tout à fait là...
Le débat entre observateurs de l'écologie et inspecteurs scientifiques est depuis longtemps ouvert pour en déterminer l'origine mousseuse.
Pour autant, bien avant la généralisation de certains agents nocifs pour la planète, et dont les rejets pourraient provoquer cette émulsion, des photographies d'avant 1900 attestent déjà de spectaculaires tempêtes de mousse. Faut-il donc y voir des effets de la pollution ou un simple divertissement hivernal ?
L'association de protection de l'environnement - la SEPANSO - dont le sérieux n'est plus à démontrer, a réalisé des relevés de mousse et y a détecté la présence de molécules se trouvant plus particulièrement dans les gels douche et les produits lavants pour le linge et la vaisselle.
Pour d'autres examinateurs non moins sérieux, les éléments naturels seraient la cause de ce phénomène : la conjonction de forte houle, de vent, de micro-algues, des polluants tensioactifs et des bulles d'air qui susciterait, certains jours d'hiver, cette mer d'écume.
Qu'il est amusant de voir exactement le même émerveillement chez ceux présents voilà plus de cent ans que chez nos spectateurs des temps modernes !