«NOUS AVONS TOUTES ÉTÉ DES NÉGRESSES» : LA SORORITÉ À LA SAUCE BIARROTE
On n'a pas fini de rire avec cette municipalité.
Remarquez, ça fait du bien car nous pleurons souvent quand on pense à notre Biarritz d'avant 2020, de tout ce qui a été détruit, dilapidé, délaissé et déclassé.
Le conseil municipal extraordinaire du 5 mai a permis à madame Arosteguy de ressortir son bréviaire appris - très - récemment sur le féminisme. Ça sent des convictions, tout ça.
C'est pourquoi, quand notre édile a clamé cette phrase qui restera indéniablement dans le Top Ten des phrases du mandat, «(...) nous avons toutes été des Négresses», un rire franc s'est déclenché dans les chaumières biarrotes.
Devant cette sororité bas-de-gamme, comment ne pas s'esclaffer avec cet aphorisme né sur l'instinct du moment ?
On en a vu d'autres des slogans, pour le coup avec une véritable portée politique, fraternelle et internationale :
-Le mémorable «Ich bin ein berliner» ou «Je suis un Berlinois» du président Kennedy en visite en Allemagne,
-Mai 68 nous a offert le slogan «Nous sommes tous des juifs allemands» en hommage au militant-étudiant Daniel Cohn-Bendit,
-Le «Wir sind das Volk !» ou «Nous sommes le Peuple» qui a jailli de la foule après la chute du mur de Berlin en 1989,
-Le si populaire «Je suis Charlie» après les atroces attentats de Paris de 2015,
-Sans oublier le comique «Nous sommes tous Carlos Ghosn» apparu dans les rues libanaises après l'emprisonnement au Japon du directeur de Renault,
-Et le toujours d'actualité message des féministes «Nous sommes fortes. Nous sommes fières».
-Le septième art et Stanley Kubrick nous ont offert la célèbre réplique «I'm Spartacus» ou «Je suis Spartacus».
Un slogan est un puissant cri de ralliement - une sorte de «Ralliez-vous à mon panache blanc» - pour ceux qui veulent engager des citoyens sur le chemin d'un discours politique ou sociétal.
Mais attention ! La pensée-troupeau peut mener à l'esprit moutonnier. Gardons donc notre esprit critique et notre libre arbitre pour réfléchir avant de crier avec la meute.
Si dans ce monde bien des combats restent évidemment à mener pour la dignité humaine, la sororité de magazine en stilettos et coupe de champagne à la main, prête à rire.
Car, ne sachant sur quel stilleto danser, madame Arosteguy nous vante d'abord les qualités d'indépendance, de force et de liberté de la belle aubergiste, puis, tout d'un coup voici l'accorte Négresse enchainée et soumise. Faudrait savoir.
Lisons plutôt...
Madame Arosteguy nous indique que l'aubergiste serait «une femme libre, une femme fière, une femme que nous admirons, que nous admirons pour sa couleur de peau (sic) et pour la liberté qu'elle peut représenter» et nous explique même que «Dans l'esprit collectif des Biarrots, c'est plutôt une femme de couleur libre, forte, indépendante...».
Mais dans ce MÊME conseil municipal, elle dit vouloir «(...) rendre hommage, même si l'on n'est pas certain de l'existence de cette femme, à l'aura de cette femme et à cet, on va dire, cet esprit de liberté et de se dégager des chaînes que cette femme a pu avoir et qui sont des chaînes également symboliques pour nous toutes les femmes à un moment ou à un autre. Ce que je voulais vous dire c'est que nous avons toutes été des Négresses.».
Décidément, toujours cette incapacité de la maire à choisir son angle d'attaque : esclave ou affranchie, enchainée ou libre ? À un moment donné, faut accorder ses violons avec soi-même. Mais si l'on ne sait pas soi-même être raccord avec sa propre expression, comment convaincre qui que ce soit ?
C'est à la mode le féminisme-washing : cette façon de s'emparer d'un combat légitime pour l'adapter à une fausse cause à des fins électoralistes.
Lors de la récente Journée Internationale des Droits des Femmes, madame Arosteguy s'était déjà démarquée publiquement par une volonté affichée de ne mettre en avant qu'une certaine catégorie de femmes : celles répondant à la seule réussite professionnelle, faisant ainsi fi de toutes les autres, non-moins méritantes mais au quotidien moins bling-bling.
Le voyage en Absurdie dans lequel nous mène madame Arosteguy n'est pas encore terminé !
Qui sait ce que sera la prochaine !
Jusque-là, n'oubliez pas : «nous avons toutes été des Négresses» ! Euh... ça se dit encore «Négresse» ?