L'AUBERGISTE DITE «LA NÉGRESSE» : QUAND LA LÉGENDE EST PLUS FORTE QUE LA VÉRITÉ

Nous avons perçu un piège qui pourrait se refermer sur ceux qui ont entamé des recherches afin d'obtenir des preuves d'existence de l'aubergiste dite «La Négresse».

Le piège de chercher et de trouver d'autres pistes, d'autres possibilités historiques, étymologiques et toponymiques : et bien, nous y sommes, le piège s'est hélas refermé sur eux.

Alors, entendons-nous bien : toute forme de recherche «historique» par des chercheurs et des amateurs passionnés est bienvenue. La curiosité a souvent permis la découverte de tant de choses qui constituent notre patrimoine immatériel national.

Mais le calendrier au cours duquel ces «recherches» ont été entreprises, et le fait qu'elles émanent d'une commande de la municipalité, ont finalement été une erreur pour servir l'argumentation de l'avocat de la ville.

Car, tenons-nous en aux faits. Si l'association «Mémoires et Partages» a attaqué la ville, ce n'est pas pour contester la véracité de l'existence de ladite Négresse, mais bien pour dénoncer la portée de cette appellation qu'elle considère comme étant «raciste».

Donc à quoi cela sert-il d'entreprendre des investigations à la veille où la Cour administrative d'appel de Bordeaux doit rendre son arrêt ?

Si des recherches sérieuses avaient à être entreprises, pourquoi donc n'ont-elles été commanditées par madame Arosteguy il y a plusieurs années, au moment même où l'association plaignante a déposé son recours ?

Beaucoup d'intervenants et d'élus - en premier lieu la maire qui a été la chef d'orchestre de ce débat - se sont perdus en chemin pour tenter de prouver, à propos de l'aubergiste «négresse», ce qui n'avait donné lieu à aucune confirmation officielle depuis deux siècles.

«A-t-elle existé ?», «Existe-t-elle dans les registres ?», «Les cadastres confirment-ils qu'elle était bien propriétaire d'une auberge ?», ...

Légende ? Vérité ? Cela a-t-il vraiment de l'importance ?

Non, nous l'avons dit plus haut, dans le cadre de la procédure engagée par la partie requérante.

Non, nous le verrons plus loin, en ce qui concerne l'attachement des Biarrots à la désignation de cette rue et de ce quartier.

En effet, toutes les régions de France sont porteuses d'histoires romanesques et magiques, fantasmagoriques et féériques. Cela participe au folklore français et les voyages dans les provinces sont de puissantes remémorations d'histoires imaginées, réinventées ou réelles :

Mélusine, créature mi-femme, mi-serpent, qui nous vient tout droit du Moyen-Âge et dont nous connaissons la qualité de bâtisseuse est célébrée en Vendée.

Qui ne se rappelle la merveilleuse histoire de la fille d'un roi menacée par le souffle d'un gigantesque serpent qui veut la transformer en monstre ? Ne vous inquiétez pas, elle sera sauvée par le soldat Saint Georges. La ville de Rennes est la fière gardienne de la Légende du Serpent.

La forêt de Brocéliande - en Bretagne - est le théâtre des aventures du roi Arthur, du chevalier Lancelot et de Merlin l'Enchanteur. L'on n'imagine pas le nombre de chercheurs qui se sont penchés sur cette légende, certains contestant la véracité des lieux reconnus comme étant le site fréquenté par le roi Arthur, d'autres percevant tout l'intérêt des retombées touristiques à en retirer.

La destructrice bête du Gévaudan, qui aurait tant de morts sur sa conscience, fait aujourd'hui la joie des enfants de Lozère qui aiment se faire peur en se la racontant. Jusqu'à ce jour, on ne sait si un animal qui pourrait être un loup est à l'origine de ces cruelles disparitions : toujours est-il que ses victimes sont, elles, bien réelles !

Pourquoi le Mont d'Or - dans le Jura - s'appelle-t-il ainsi ? Il se dit qu'un humble berger aurait vu un de ses agneaux tomber dans un fourré. Y entrant pour récupérer le maladroit agneau, voilà que le berger y découvre des coffres d'or... Le pâtre, devenu richissime, disparaît sans révéler - malgré la torture dont il est victime - le lieu de la cache. Le Mont d'Or est né !

Et puis existe cette sainte - vénérée par la communauté gitane - aux Saintes-Maries-de-la-Mer, surnommée la Vierge Noire.

«Sara la noire», telle qu'elle est désignée par tous, serait une épouse répudiée du roi Hérode en Egypte. D'autres la voient comme une espèce de déesse indienne et la nomment «Sara-la-Kali» et l'on voit, ici aussi, comment l'histoire est floue et le témoignage faiblard mais... son culte dépasse les siècles et elle est au cœur d'une procession qui attire des milliers de personnes. Et finalement, si c'était ça qui comptait ?

Croyances, superstitions, légendes, c'est aussi ça la France. Des personnages, des batailles, des monuments, des dates : ce socle commun qui définit une nation et qui fait de nous les chanceux héritiers aussi bien de Napoléon, que de la bataille de Soissons, du Château de Chambord et de 1789.

En substance, notre défense aurait dû mettre en avant la légendarité - si l'on peut se permettre ce néologisme - de l'aubergiste, pour mieux introduire l'importance de maintenir la permanence de ce conte dans notre ville, par respect à notre histoire. Le seul angle de défense aurait dû être le non-effacement d'une part de l'histoire de notre patrimoine communal.

Au lieu de cela... encore une fois les errements des uns et des autres, qui aboutissent à la bête suppression de cette fable qui n'existera désormais que par la force de la transmission orale.

Posts les plus consultés de ce blog

LES NOUVEAUX BANCS PUBLICS DANS NOTRE VILLE : L'APOTHÉOSE DU MAUVAIS GOÛT 

BIARRITZ OLYMPIQUE : TRISTE FIN !

ABSENCE DE LA PELOTE AUX JEUX OLYMPIQUES : FALTA !