LA DÉFINITION DU BIARROT SELON MADAME AROSTEGUY
Ce texte qui clôt - probablement provisoirement ! - le débat municipal autour de la dénomination du nom de la «rue de la Négresse», nous est apparu nécessaire pour vous faire part d'un débat qui a eu lieu, en conseil, aux fins de définir ce qu'est le «Biarrot» par rapport au «non-Biarrot».
Lecteurs, vous n'ignorez pas que la ville de Biarritz a procédé au mode de «consultation citoyenne» pour sonder les citoyens sur le choix de la nouvelle appellation du nom de cette rue.
Nous ne rouvrirons pas ici cette discussion sans fin sur le choix de tel ou tel nom, le grotesque ayant, sur ce sujet, pris le pas sur le bon-sens du début à la fin.
La maire faisant démonstration des votes recueillis lors de cette consultation citoyenne qui a porté «l'Allégresse» en tête par rapport aux deux autres - «Lana gresa» ou «Buztinlarra» -, de leur côté les élus d'opposition ont tour à tour exprimé leur réserve.
L'une d'eux, l'élue Motsch, présente lors de ce conseil, a levé le doigt pour soulever une interrogation : «J'ai une question. Ça veut dire quoi non-Biarrots ?».
Madame Arosteguy lui répond : «Ça veut dire que lorsque l'on a proposé aux Biarrots de voter, on leur avait demandé s'ils étaient Biarrots ou non-Biarrots. Voilà.».
Nathalie Motsch réitère : «Mais ça veut dire quoi Biarrots ou non-Biarrots ? Si vous votez, ça veut dire que vous avez une domiciliation biarrote, non ?».
Nous y voilà ! Qui a réellement voté : ce sont à la fois des Biarrots et des non-Biarrots ?
Madame Arosteguy commence à s'agacer : «C'est une consultation. Ce n'est pas un référendum donc ce n'étaient pas sur listes électorales. Donc les personnes qui vivent à Biarritz ou les personnes qui vivent partiellement à Biarritz ou des Biarrots qui vivraient ailleurs que sur Biarritz. Voilà. Donc c'est une consultation citoyenne.».
Madame Motsch : «Donc en fait, ce que l'on est en train de dire c'est que des gens qui habitent peut-être à Bayonne ou à Saint-Pée-sur-Nivelle, ils ont vu la lumière, ils sont rentrés, ils se sont dit bien tiens je vais voter à une dénomination. Mais enfin, ça n'a pas de sens !».
Que voulez-vous que la maire réponde à cela ? Il va de soi que c'est absurde d'ouvrir ce vote de Dunkerque à Tamanrasset. L'on ne peut reprocher l'ingérence des Bordelais si, à la suite de cette décision de justice, la commune permet à n'importe qui dans le monde de voter pour une décision éminemment municipale. Alors, l'ingérence là, on en parle ?
La maire, elle, dit que la commune n'a pris en compte que les votes des Biarrots pour retenir la majorité. Alors pourquoi ce simulacre de «consultation citoyenne» ? Tous les «non-Biarrots» apprécieront d'avoir perdu leur temps à voter pour des nèfles.
Madame Motsch reprend : «Oui, mais c'est déclaratif de toute façon.».
L'élu Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde cherche à intervenir, mais madame Arosteguy - certainement consciente que les interventions de ce conseiller municipal sont toujours pertinentes et justifiées - le couvre aussitôt par ses paroles en nous délivrant un pseudo-cours de droit électoral entre «consultation» et «référendum». Grâce à l'oreillette ?
L'élue Motsch voyant qu'elle fait face à un mur d'incompréhension - feinte ou réelle - renouvelle son propos : «Pardon d'insister mais vous dites que les Biarrots et les non-Biarrots, donc déjà c'est déclaratif. Donc dans les Biarrots, il y a peut-être des non-Biarrots et là pour le coup (…) c'est vraiment pas une bonne décision parce que, ou on était dans le cadre d'un référendum, on faisait les choses de manière réglementaire, assise, avec des gens qui votaient et légitimes à voter, ou alors c'était une décision du conseil municipal parce que chacun d'entre nous aujourd'hui est porteur de légitimité, est porteur de voix et représentants de Biarrots. Donc c'est assez lunaire en fait.».
Permettez à Sauvegarder Biarritz d'émettre un bémol à ce dernier propos. Si la légitimité des élus de l'opposition est évidente et indiscutable, des positionnements contestables, des postures politiques ou des absences répétées intolérables de certains d'entre eux peuvent laisser à supposer qu'en connaissance de cause des Biarrots n'auraient certainement pas exprimé leur droit de vote de la même manière. Il suffit de les entendre pour le comprendre, mais encore faut-il écouter sa base...
Reprenons :
Madame Arosteguy réagit au propos de madame Motsch et lui répond : «Mais tout est lunaire dans cette histoire madame Motsch.».
Madame Motsch voyant que la maire va à nouveau aller sur le terrain de la critique contre l'association plaignante, précise son propos et accable la maire : «La façon avec laquelle vous avez traité cette histoire est lunaire.».
Madame Arosteguy : «Ce n'est pas lunaire madame Motsch. C'est cet enchaînement d'événements qui est en effet lunaire.».
Tiens, c'est lunaire, ce n'est pas lunaire, c'est à nouveau lunaire. L'élue Corine Martineau avait comparé il y a quelques mois de cela madame Arosteguy au derviche tourneur. On comprend mieux pourquoi.
Madame Arosteguy : «Qu'un 5 mai nous soyons en train de perdre notre temps pour rebaptiser une rue baptisée en 1986 et dans lequel (sic !) il n'y a que des entreprises et dans lequel (resic !) je pense que beaucoup de Biarrots ne savent pas qu'elle existe. (…) et je trouve normal de respecter l'opinion des Biarrots.».
Madame Motsch, désabusée par la faiblesse des arguments, lâche : «Mais c'est de la com'.».
Corine Martineau intervient dans ce face-à-face : «Mais ce n'est pas l'opinion des Biarrots ! C'est ça le problème.».
Poussée dans ses retranchements, madame Arosteguy s'énerve et pointe vers l'écran qui affiche les résultats du vote et rétorque : «Mais si madame ! Regardez !».
Madame Martineau insiste : «On n'a aucune preuve ! Il aurait fallu faire des votes dans les quartiers. Là on ne sait pas (...) N'importe qui peut dire je suis Biarrot et je vote «l'Allégresse».».
Madame Arosteguy ânonne alors les chiffres, comme pour tenter de prouver... quoi en fait ?
Corine Martineau ferme le ban : «(…) Mais on n'a aucune preuve que ce sont des Biarrots (…) C'est débile.».
Madame Arosteguy a fait valoir qu'une «consultation citoyenne» comme une «enquête publique» - telle celle récente d'Aguilera - prend l'avis de tous, même des non-Biarrots. Et c'est bien normal ! Car ce projet est porté par la Communauté d'Agglomération Pays Basque (CAPB), et donc les avis des habitants de ses 158 communes doivent être sollicités pour un projet dit «d'intérêt général».
Comment alors comparer la transformation d'Aguilera et la modification d'un nom de rue ?!
Ce dialogue ping-pong qui s'est tenu en conseil municipal est long et, au fond, pas très intéressant ; mais il permet de relever les incohérences de madame Arosteguy sur la Biarrotitude des Biarrots, et le fait que son appréciation soit, encore une fois, à géométrie variable.
Rafraîchissons notre mémoire : l'année dernière - lorsque la maire a passé en «payant» le stationnement à la plage de la Milady, payant seulement pour les «non-Biarrots» - plusieurs élus s'étaient insurgés contre cette nouvelle discrimination à l'encontre de Biarrots de naissance ou de cœur n'ayant pas les moyens d'habiter Biarritz et qui avaient dû s'exiler dans les villes et villages alentour.
Madame Arosteguy n'avait alors pas retenu l'argument selon lequel nombre de Biarrots n'habitent hélas plus la commune.
Autre point : voilà quelques mois, la maire de Biarritz avait eu l'inédite démarche d'exiger aux associations sollicitant des subventions, qu'elles lui indiquent le pourcentage, dans leur association, d'adhérents «Biarrots» (comprendre habitant à Biarritz) par rapport aux adhérents «non-Biarrots» (comprendre habitant hors de Biarritz).
Bon, on vous avouera que l'on n'a toujours pas compris la définition que donne madame Arosteguy aux termes «Biarrot» et «non-Biarrot». Cela dépend certainement des circonstances et des besoins de sa démonstration du moment...