DOUCHES DE PLAGE : INTERDICTIONS ET CONTRADICTIONS
Lors du conseil municipal du 27 janvier 2025, le récurrent sujet des douches de plages - ou plutôt de leur disparition ! - a fait son retour. À l'approche des beaux jours qui nous permettront de reprendre les bains de mer - tous les Biarrots n'ont pas le courage des Ours Blancs ! -, il n'est pas inutile de connaître le positionnement de nos élus biarrots.
La délibération 14 concernant le «Marché public entre la ville de Biarritz et la SAS HPH France : fourniture, installation et maintenance de combinés fontaine + rince-pieds pour un montant annuel de 16.800€ TTC» a remis sur la table le sempiternel débat autour d'un sujet qui ne devrait pas être contesté : la santé publique.
Il semblerait que certains édiles de la Ville de Biarritz comptent sur une mémoire défaillante des Biarrots dans cette affaire des douches de plage.
En effet, alors que l'été 2022 était particulièrement sec, la préfecture avait pris un certain nombre de décisions pour préserver la ressource «eau», telles que les interdictions d'arrosage des jardins et le lavage des voitures. La Ville de Biarritz avait emboîté le pas à ces mesures en décidant de la fermeture des douches de plage. L'étonnement avait été grand que l'on puisse retirer ce service, indispensable à l'hygiène, alors que dans le même temps les golfs continuaient à être assidûment arrosés.
L'argument de sécheresse, avancée par la mairie de Biarritz pour l'été 2022, n'avait plus lieu d'être en 2023 et encore moins en 2024, sinon de nous permettre de comprendre une volonté préméditée de la maire de retirer de manière pérenne les douches de plage.
Alors, s'agit-il d'une pseudo-action en faveur de l'écologie, d'une pingrerie municipale sélective ou d'un mensonge caractérisé ?
Revenons donc à ce débat qui a eu lieu dans l'enceinte du conseil municipal :
L'élue d'opposition Corine Martineau a attaqué le sujet avec un prisme d'humour en désignant «l'art de la douche à Biarritz, un spa aquatique dédié aux orteils !», en référence aux comiques rince-pieds installés en lieu et place des douches de plage.
Plus sérieusement, elle relève par ailleurs «que la vice-présidente à l’Assainissement de l’Agglomération - Madame Arosteguy -, n’a toujours pas mis en place une vraie politique dédiée au nouvel or du 21ème siècle. Plutôt que de réfléchir au réemploie de l’eau en général, ou à une douche payante, on sanctionne, en ne réfléchissant pas aux différents accédants de la plage.».
Tout Biarritz ne vit pas en centre-ville ! Alors qu'en est-il de tous ces autres habitants et visiteurs d'un jour ? Madame Martineau reprend : «Fini la douche pour les locaux qui travaillent et qui, entre midi et deux, venaient faire un plouf : ils devront repartir dans leur bureau avec sur leur corps le sel collant et plus ou moins de pollution de l’océan. Fini le rinçage des familles qui venaient passer la journée avec les enfants et qui comptaient sur la douche pour prolonger la journée en ville. Fini le rinçage préventif de toutes les bactéries qui font les beaux jours des médecins.».
Corine Martineau concède des abus de certains usagers ; mais peut-on pour autant retirer ce service hygiénique à toute une pollution humaine, au prétexte qu'un infime pourcentage abuse de cette gratuité ?
Et ajoute, en conclusion : «quelle belle ambition de la maire offrant à la cité impériale un service McDo !». En effet, la maire et les siens ont-ils seulement songé à l'image de marque de notre ville ?
L'élu d'opposition Guillaume Barucq s'exprime avec la quadruple casquette de médecin, de Biarrot, de baignant et de surfeur, pour protester d'une mesure qu'il dénigre : «(...) L'hygiène publique a toujours été le b-a-ba de la santé publique. Si on est à dire que sous prétexte de pseudo-écologie, il ne faut plus se laver...mais où allons-nous ?!» et établit une différence entre «plages sauvages» et «plages urbaines exposées à des pollutions et une sur-fréquentation» où, pour ces dernières, le rinçage est primordial. Pour lui : «Il est totalement aberrant de ne pas proposer ce minimum d'hygiène.».
Il relève, en tant que médecin généraliste de bord de mer, des «infections cutanées» et des «staphylocoques» sur les adultes et les enfants. Face à cette augmentation significative des pathologies, il répertorie depuis trois ans, à l'aide de photos, ces infections. Comment rester hermétique devant cette situation sanitaire ? Surprenant que le premier adjoint Boudousse - aussi soignant et donc conscient des risques - n'oppose son veto à madame Arosteguy.
Il s'étonne de voir toujours la même société - JuWIN - retenue par la Ville de Biarritz pour le marché des rince-pieds, et souhaite «un vrai appel d'offres» pour choisir «une société innovante». L'on peut, en effet, se questionner sur le fait qu'un appel à concurrence ne soit pas mis en place. Ce n'est pas la première fois que cette défaillance, qui est dérangeante, soit relevée par les conseillers municipaux d'opposition.
Puis monsieur Barucq porte sa dernière estocade en rappelant la promesse de campagne de la maire : «Vous avez écrit, noir sur blanc, nous développerons les douches, elles seront ouvertes toute l'année. On ne peut pas écrire quelque chose sur un programme et faire le contraire.».
En effet, dans le programme de madame Arosteguy se trouvait la phrase suivante : «Faire fonctionner à l'année les douches existantes et en installer de nouvelles en saison.»
Parole ravalée ? La mairesse en a-t-elle jamais eu l'intention ? Clientélisme facile auprès des nombreux baigneurs et surfeurs ?
À cela, l'actuel adjoint à l'environnement - et à plein d'autres titres ronflants - Mathieu Kayser, déploie un discours suffisant, méprisant, et inexplicablement agressif face à ses collègues de l'opposition et compense la pauvreté de son argumentation en répliquant à Guillaume Barucq de manière outrageante : «Vous êtes soi-disant médecin.». Sic !
L'élu d'opposition Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde - ingénieur «Eau et Environnement» - parle en «sachant» sur ce sujet qu'il maîtrise excellemment et axe son intervention sur l'application pratique du développement durable et la diminution en consommation de l'eau.
Faisant partie de la commission municipale sur l'Environnement, il avait fait, dès 2020, des propositions constructives et novatrices, en particulier sur ce sujet des douches. Il est étonnant que ses compétences, qu'il rendait pourtant disponibles au service de tous et pour le bien de tous, n'aient pas été intelligemment récupérées par la maire et sa majorité. Cela aurait évité bien des déconvenues et des initiatives d'amateurs.
L'élu Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde a ainsi démontré à l'assistance qu'il est possible de diminuer de manière significative la consommation d'eau, tout en offrant aux usagers de nos plages des douches.
Il explique qu'existent des options, simples et peu coûteuses, telles qu'une électrovanne dont le débit peut être adapté, avec des horaires de fermeture la nuit pour éviter les abus, ou encore la possibilité d'installer une douche sur deux, sans oublier l'installation de mousseurs diminuant ainsi de 20 à 50% la consommation d'eau.
Monsieur Dussaussois-Larralde a une vision positive de l'écologie qui ne serait pas punitive mais efficace : «On doit apporter des solutions pragmatiques, sans que l'usager ait à changer ses comportements.».
Ne sont-ce pas là de sages paroles ? Une politique de l'écologie raisonnable et applicable, voilà l'avenir.
Face à ce déferlement d'exposés où la raison l'emporte aisément, la maire, qui au début du débat excluait catégoriquement le retour des douches de plage, finit par expliquer que la ville travaillait - toujours le même slogan «on y travaille» ! - à une nouvelle formule de douches.
Versatilité ? Adaptabilité ? Opportunisme ? Duperie ?
Bref ! Une majorité qui «cherche» durant tout un mandat - sans trouver ! - une solution...
Demain on rase gratis. Oui, oui, c'est ça...
Nous attendons un écho logique...