COMMENT LA MAIRE DE BIARRITZ MÉPRISE LA CULTURE BASQUE

C'est toujours compliqué d'admettre qu'aujourd'hui encore subsistent des personnes qui, au Pays Basque, contestent la richesse de la culture basque et même son existence. Et quand cela vient d'une personne qui est la maire d'une des plus grandes villes côtières... comment peut-on éprouver un autre sentiment qu'un fort malaise ?

Face à ce réel qui saute aux yeux, nous - observateurs - ne pouvons que constater le recul que la culture et la langue basques ont pris en notre cité depuis cinq ans.

Ce recul est d'autant plus terrible que Biarritz a été, voilà plusieurs années, la première ville en Iparralde à ériger la langue basque en totem d'une politique générale en faveur de l'éducation, de traditions et d'expressions artistiques spécifiques au Pays Basque.

Or aujourd'hui, si nous pouvons applaudir les efficaces actions effectuées par des associations et le milieu éducatif, ces efforts ne sont hélas plus le fruit d'un travail d'élus municipaux mais bien de particuliers engagés et passionnés.

Ce reniement des Basques - par la maire et les siens - et des particularismes de tout un peuple, s'opère de manière souterraine et inavouée et se concrétise par des actes troubles.

Le courage de leurs convictions étant ce qu'il est, la communication prône une théorie mais le réel - toujours le réel ! - rattrape la vérité. Une sorte de peur envahit alors la maire d'être perçue comme anti-Basques alors même qu'elle cherche, par tous les moyens, à conquérir des électeurs, dont eux.

L'Être et le Devenir basques sont ainsi transformés par cette majorité municipale, non plus comme une priorité mue par des convictions profondes, mais par le calcul qu'il s'agit d'un groupe catégoriel à séduire. La maire prendrait-elle aussi les Basques pour des sots ? Elle aurait tort.

Et si nous examinions de plus près une affaire qui en dit long ?

Les faits en quelques mots : une exposition consacrée aux objets d'art populaire basques au cœur de la médiathèque de Biarritz.

Lorsque la directrice de la médiathèque Maialen Sanchez et les collectionneurs conviennent de la programmation d'une exposition dédiée à des objets d'art basques, ceux-ci mettent au point à la fois un long et coûteux travail de sélection d'objets à présenter, un panonceau explicatif d'accueil, des cartels individualisés à chaque objet y relatant tant ses données techniques que son historique. Puis, est aussi prévue une conférence illustrée où seraient déployées de nombreuses thématiques : la création par des autodidactes, la stylistique des époques au travers de l'objet, ce qui définit un Art que l'on nomme basque, l'objet fabriqué localement en contrepoint avec l'objet fabriqué ailleurs, l'influence du tourisme sur la création, la mise en valeur d'artisans et d'artistes, etc...

Cette exposition devant se dérouler sur une longue période de deux mois - juillet et août - aucun détail n'avait été laissé au hasard. Ceux qui - comme les artistes - ont pu apprécier ce que représente l'organisation d'une exposition dans un cadre municipal savent que les dates sont retenues à l'avance et que cela requiert une grande implication des exposants.

L'exposition, qui avait été planifiée en avril 2021 pour se dérouler à l'été 2022, a été réfléchie et travaillée pour finalement se retrouver annulée au mois de juin 2022 ! C'est-à-dire seulement un mois avant son installation.

Ce scandaleux retrait marquera le début d'une série de brimades, vexations et d'ingérence - confinant au harcèlement - venus de l'hôtel de ville envers la directrice de la médiathèque. De ces mois passés à subir d'intolérables et d’inexplicables affronts résulteront un burn-out. Là où lors des mandats précédents, la directrice de la médiathèque avait les coudées franches et le respect des maires successifs pour son travail exemplaire et sa totale implication au sein de la médiathèque pour mener à bien expositions, conférences, ateliers et rencontres, rapidement après l'arrivée au pouvoir de madame Arosteguy, une bascule s'opère. Empreinte d'un profond sens du service public et de la morale, il n'était plus pensable pour madame Sanchez de poursuivre sous la férule d'une autorité sans compétences et sans connaissances.

C'est dans ces conditions que l'annulation, intervenue sans explications et sans être jamais reprogrammée, par la mairie de Biarritz, ne peut trouver sa source que dans des relents bascophobes. 

Ce sujet de l'objet d'art basque a pourtant suscité un tel intérêt auprès du public que le collectionneur-auteur Paul Azoulay reprend, dans pas moins de quatre ouvrages et de manière non-exhaustive, l'inventaire de la matérialité de ces objets, ainsi que leur théorisation.



Cette représentation d'une esthétique basque - vue non plus au travers des yeux de ceux venus d'ailleurs mais par ceux d'ici - paraît alors plus authentique que ce que les peintres ont retranscrit sur leurs toiles. L'expression d'un art divers par ses styles, varié par ses formes, et qui aboutit pourtant à une cohérence où l'on retrouve l'originalité d'un peuple, les métiers d'une communauté, les sports et les loisirs d'une société et son paysage bucolique. Objets du quotidien parfois, objets décoratifs souvent, objets utiles, objets inutiles, ce florilège d'objets du terroir sont des objets-témoins qui se passent de génération en génération. Ils concentrent aussi notre nostalgie de ce qui a été et qui ne sera plus.



L'on peut se souvenir de la conférence tenue au Bellevue, lors d'un Salon du livre où se donnaient la réplique l'auteur Paul Azoulay et Xavier Lanusse, collectionneur et propriétaire de la fabuleuse maison-musée «La Petite Labourdine» à Ustaritz, hélas aujourd'hui disparue. Un objet = un texte : sur cette photographie l'on peut admirer un magnifique et très ancien kaiku, qui est bien un objet utilitaire mais dont l'esthétisme lui confère l'entrée dans la catégorie d'objets d'art.

 

Mais de ces moments de didactique évasion, les Biarrots sont désormais privés, avec une maire - sans oublier ses élus-suiveurs - qui méprise la terre sur laquelle elle vit. Constat difficile à comprendre, mais dont l'évidence s'impose à nous.

Cet affront envers la Culture basque est intolérable. Face à cette volonté d'effacement, nous ne pouvons détourner le regard.

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