BOPB : AUX PREMIÈRES LOGES

Personne ne peut - en principe - profiter de sa position municipale pour obtenir ou faire obtenir des faveurs. Il est interdit à tout élu de faire cela, et c'est bien normal. Mais reprenons l'histoire au début.

Ce conseil municipal du 27 janvier 2025 aura décidément apporté beaucoup de clarifications sur le «système Arosteguy» en mairie de Biarritz.

Alors que nous atteignons la délibération 10, ayant trait aux attributions d'acomptes de subventions à des associations et organismes biarrots, la conseillère municipale d'opposition Corine Martineau souhaite poser sur la table les conditions de ces attributions. Il s'agit pour la Ville de Biarritz d'accompagner et d'aider ces associations qui en font la demande, avec toujours pour cadre une parfaite transparence dans leurs fonctionnements et dans leurs finances.

Face à l'acompte de subvention de 250.000€ versé au Biarritz Olympique Pays Basque, l'élue s'interroge sur la rémunération des dirigeants et des joueurs en s'adressant aux élus concernés, c'est-à-dire la maire, l'adjoint aux Finances, et l'adjoint aux Sports.

Selon Corine Martineau, il ne faudrait pas que la ville ponctionne sur son budget de telles sommes si, par ailleurs, le BOPB ne pratique pas une politique de moralisation dans les salaires très importants qu'il délivre. Rappelons, selon les informations fournies par le journal Sud-Ouest, que la masse salariale des coachs du BOPB pour cette saison est de 313.000€, contre 190.000€ la saison dernière, ce qui équivaut donc à une hausse de plus de 60%.

Dans un récit alambiqué bien reconnaissable, monsieur Chazouilleres parle, parle - il ne fait que ça - pour finalement acter que la ville n'a pas accès à ces données. Il suffisait de le dire de suite : pourquoi être si gêné ? Relevons qu'il est tout de même baroque qu'une ville attribue une subvention à un organisme, sans qu'il soit en totale transparence avec ses finances.

Madame Martineau poursuit donc son intervention en posant une seconde question - espérant que celle-ci trouve réponse ! - sur la présence d'une loge «Ville de Biarritz» au stade Aguilera : «Et pour la loge, je voudrais savoir ce qu'est cette loge ? Comment se fait-il qu'il y ait une loge accordée à la ville de Biarritz ?».

L'élu Chazouilleres - avec son habituel esprit d'escalier ou ne souhaitant pas répondre à la deuxième question qu'il considère encore plus gênante que la première - recommence à zéro son laïus sur les salaires du directoire et des joueurs du BOPB.

Comprenant que des deux questions, la deuxième est sciemment éludée, madame Martineau réitère : «Et pour la loge ? Vous ne m'avez toujours pas répondu !».

Contraint par son interlocutrice qui ne lâche toujours pas l'affaire, monsieur Chazouilleres bredouille un «Non mais attendez, je ne vais pas rentrer dans des questions...» sans trouver la fin de sa phrase.

Corine Martineau reprend «Ah mais c'est important quand même. C'est une loge pour Biarritz, alors soit les Biarrots ont droit... C'est quand même l'argent public ! Enfin c'est incroyable !».

Un ange passe...

Personne ne semble vouloir - ou pouvoir ? - trouver une réponse à une question somme toute très simple : qui bénéficie des entrées gratuites dans la loge «Ville de Biarritz» ? Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup...

Puis après un silence embarrassé de la majorité, l'élu Sébastien Ménard s'invite dans le débat : «Puisque j'ai eu, chère collègue, l'immense bonheur de diriger une SASP à Pau. Voilà. J'ai sauvé un club de basket, pendant un an en tous cas.».

Madame Martineau l'interrompt, un brin ironique : «Oui, pendant un an !».

Puis le «sauveur» du basket français s'adresse à l'assemblée en faisant un cours, complètement hors de propos, sur le fonctionnement d'une SASP. De la part de quelqu'un qui n'a pas tenu plus d'un an dans un club professionnel, c'est risible, mais avec cette équipe municipale, plus rien ne surprend.

Lecteur, vous aurez remarqué que l'élue Martineau n'a toujours pas eu de réponse à sa question. Elle recommence donc : «L'argent public ne tombe pas du ciel et j'attends toujours la réponse sur ma loge.»...

En guise de réponse, bafouillages de l'adjoint Chazouilleres qui n'en peut plus, et soupire un «Vous rappelez la question de la loge ?».

Corine Martineau répète : «Et bien vous vous êtes octroyés une loge Ville de Biarritz. Je veux savoir comment ça se fait, qui paye cette loge, qui a le droit d'y accéder quand même.».

Devant cet embarras affiché par tous - dont elle ! - la maire tente de reprendre la main : «Dans le contrat de prestations, ça peut être le maillot, ça peut être la loge, ça peut être un certain nombre d'invitations, des personnes du milieu associatif, des agents de la ville (…).».

De répétitions en rabachages, madame Arosteguy patauge dans des explications confuses qui n'éclairent pas davantage les Biarrots sur le fond de la question.

Corine Martineau tente d'obtenir patiemment des précisions : «Alors cette loge est pour les Biarrots ?».

Madame Arosteguy acquiesce : «C'est une loge qui est à la disposition de la ville effectivement des Biarrots. Absolument.».

Madame Martineau assène un : «Tout le monde peut y aller donc ?».

La maire ajuste son discours : «Il y a dix places si tout le monde peut y aller ça va être un petit peu compliqué. (…) La ville octroie à certains membres d'associations, à son personnel aussi, d'avoir accès gracieusement à des matchs du BOPB (…).».

Curieux que ces justifications soient si difficiles à fournir par la maire et ses élus de la majorité. Ces cafouillages successifs démontrent un véritable malaise.

L'élu d'opposition Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde intervient à son tour en conseiller prudent : «(...) Il faut quand même faire très attention à ce genre de cadeaux parce que si on parle de cadeaux, il faut que ça soit déclaré. Vous précisez qu'il ne s'agit pas de cadeaux mais que c'est encadré dans une convention. Si c'est encadré dans une convention, je tiens à rappeler quand même qu'ici on parle de l'argent des Biarrots (…) Evidemment, on ne va pas aller critiquer si un dirigeant du club invite un ou deux élus. Bon, ça fait partie du jeu mais ici que l'on ait une loge dans sa globalité, il faut faire très attention parce que ce ne sont pas dix élus ou vous qui donnez l'argent, ce sont les Biarrots. Et c'est là où il faut faire très attention parce que la cour régionale des comptes très certainement (…) pourrait nous retoquer, vous retoquer de par ce genre de comportement, alors je vous mets en garde.».

Il conclut avec une pointe d'humour : «Après, je vous rassure, on ne veut pas être invité, on est abonné mais en tous cas merci de nous avoir proposé.».

Les élus d'opposition ne sont pas conviés dans la loge des élus : vous comprenez, les dix places de la loge suffisent à peine aux élus de la majorité et à leurs amis. Faudrait pas imaginer que ces braves gens délient bourse et passent, comme tout le monde, par la billetterie. Leur «passion» pour le BO a ses limites.

Ce dialogue ping-pong nous alerte encore sur une fâcheuse opacité entretenue par la ville de Biarritz. Il aurait suffit que la maire et des élus de la majorité s'abonnent au BOPB - sur leurs deniers privés - démontrant ainsi un véritable attachement et soutien au club, comme le font plusieurs élus de l'opposition, et réserver les dix places de la loge à des Biarrots tirés au sort, à des écoliers biarrots, à des bénévoles d'associations biarrotes, à des seniors défavorisés, à des employés communaux méritants, à des personnes relevant de handicap, à des clients de commerces biarrots, à des Biarrots occupant un logement social, etc...

Ce débat sur les «entrées gratuites» s'applique aussi aux divers spectacles (ballets, concerts, théâtre, stand-up) donnés à Biarritz - dont à la Gare du Midi - qui, nous le savons, bénéficient toujours aux mêmes, toujours à des élus de la majorité. Ces avantages «en nature» - comme les abonnements offerts pour des places de stationnement - ne sont pas très éthiques. Il est temps de mettre fin à ces mauvaises habitudes.

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