AGUILERA : CE QUE LES ÉLUS D'OPPOSITION ONT À DIRE (JOUR 1/3)

Patrick Destizon - Guillaume Barucq - Lysiann Brao

Cette délibération a une importance considérable pour le devenir d'un quartier de notre ville : AGUILERA. Aussi, nous avons choisi de vous proposer ce texte sur trois jours pour vous permettre de connaître l'avis de tous les conseillers municipaux d'opposition, en respectant leur ordre de passage au conseil municipal.

Si chacun s'est exprimé avec sa sensibilité et son prisme, il est assez remarquable que tous ont pris des chemins qui convergeaient vers un constat commun :

-Oui à la nécessité de logements,

-Oui au maintien premier des Sports sur la plaine,

-Non au bétonnage,

-Non au passage en force auprès de la population,

-Non aux dépenses inutiles et redondantes.

-PATRICK DESTIZON

L'élu d'opposition Patrick Destizon a ouvert le bal en s'exprimant en connaisseur du sujet, lui qui lors du précédent mandat était «adjoint aux Travaux» et avait conduit d'importantes études pour la transformation du site.

Face aux propos de madame Arosteguy qui rappelait que sous l'ère Michel Veunac un certain nombre d'élus - dont elle, Patrick Destizon, Guillaume Barucq et Nathalie Motsch - avaient voté en faveur de la Mecdu (Mise en Compatibilité des Documents d'Urbanisme), monsieur Destizon a rappelé que le projet d'alors n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui. L'ancienne Mecdu avait d'ailleurs été annulée en 2021par madame Arosteguy, pour pouvoir en relancer une nouvelle.

L'élu Destizon explique que la maire a «décidé de changer radicalement l'emplacement et le projet». Si le projet précédent prévoyait du logement en partie dans le Bois du Mont d'Orient en lieu et place de l'USB et en périphérie, celui d'aujourd'hui a choisi d'empiéter sur le sportif «c'est-à-dire entre le Jai Alai et la tribune Blanco».

Monsieur Destizon rappelle le nombre d'études - dont le coût s'élève à plusieurs centaines de milliers d'euros - pour le Centre de Formation du BOPB «qui s'est promené» du Bendern au Polo, pour finalement revenir au Bendern. Cette gabegie se poursuit avec le terrain Coubertin - refait au cours du dernier mandat pour un coût de 500.000€ - et qui demain sera détruit pour en changer le sens.

L'argent des contribuables n'est pas raisonnablement géré. Quel citoyen peut tolérer ces dépenses inutiles ?

Profitant du sujet de la «pelouse synthétique» ouvert par ses collègues de l'opposition, l'élu Destizon intervient et prédit - «je vous le garantis» - que dans trois ou quatre ans la Chambre régionale des comptes reprochera à la ville d'avoir procédé à un tel montage de «compensation». En effet, le retrait au club professionnel du terrain d'entraînement et la prise en charge par la Ville d'une pelouse synthétique pourraient conduire cette instance à demander des explications...

«Ce projet n'est pas souhaitable. Ce projet n'est pas bon pour Biarritz

Les mots de Patrick Destizon sont à retenir, ainsi que ceux de «regrettable» et «préjudiciable» que cet élu - qui connaît bien sa ville - a prononcés à bon escient pour qualifier cette dérive, sacrifiant le sportif au profit de l'immobilier.

-GUILLAUME BARUCQ

L'élu Guillaume Barucq s'est ouvert à l'assemblée sur sa réflexion quant au devenir du quartier Aguilera. S'exprimant avec sagesse, il s'interroge sur le bien-fondé, en 2025, de procéder à un tel bétonnage.

Mais il a d'abord souhaité faire un retour sur une personne qui en 2014 était présente sur la liste des Municipales du candidat-à-tout Max Brisson.

À la simple évocation de la création de 200 logements sur la plaine d'Aguilera - aujourd'hui il en est prévu un minimum de 300 ! -, cette personne se récriait sur «la construction de tours HLM» à Biarritz.

Cette personne, vous l'avez reconnue : il s'agit de madame Arosteguy. Convictions volatiles...

Puis monsieur Barucq - toujours soucieux de la préservation de l'existant - rappelle qu'il avait davantage préconisé un «projet immobilier à la marge entre le Bois du Mont d'Orient et le terrain Coubertin».

Et il se démarque par un positionnement innovant : «J'ai de plus en plus l'impression que votre projet immobilier sur ce plateau sportif c'est soit essayer de faire rentrer une planche de surf dans une boîte à chaussures, soit faire rentrer une baleine dans une baignoire (…) mais là, honnêtement, il n'y a pas la place. Où est-ce que vous allez mettre les voitures ?! (…) Autant je suis d'accord pour que l'on réaménage ce plateau sportif à tous les niveaux, autant si demain je devais représenter un projet municipal ou soutenir un candidat qui a un projet municipal, je ne proposerais pas de logements à cet endroit. Ça c'est clair et net.».

«Aujourd'hui, le contexte a vraiment changé. Ce n'est plus un manque de logements que l'on a à Biarritz, c'est un manque d'accessibilité au logement. Le logement il est là (…) Si vous faites à nouveau du logement pour qu'il soit inaccessible au commun des Biarrots, ça ne sert à rien. (…) Il me semble qu'il y a une fuite de Biarrots qui est en train de s'opérer. (…) Créer des friches immobilières, alors que l'on a déjà une ville ultra-densifiée, c'est peut-être déjà du passé, peut-être que ce projet immobilier est complètement has-been.».

«Has-been» : allons-nous à contre-courant de ce que la ville de demain sera ?

Est-ce qu'ajouter du bâti au bâti garantit aux locaux du logement ?

Ces questions méritent d'être posées et imposent des réponses.

En face de ces observations d'intérêt général qui méritent d'être débattues dans cette assemblée - ne sommes-nous pas là pour ça ? -, madame Arosteguy a rétorqué un «Je préfère ne pas répondre !» avec force grimaces du visage pour appuyer le laconisme de sa réflexion.

Mais son propos cache avant tout une incapacité à débattre sur un sujet qui n'appartient pas à cette majorité mais à tous les Biarrots. Cela masque aussi un manque d'arguments à opposer à cet élu qui s'interroge sur ce que sera le Biarritz de demain.

Pourquoi fuir un débat nécessaire à l'approbation par les Biarrots de ce projet d'aménagement ?

-LYSIANN BRAO

Le duo d'élus que sont Lysiann Brao et Brice Morin a toujours été clair dans ses intentions pour le logement à Aguilera : sur ce terrain municipal ne devait être bâti que 100% de logements sociaux.

Dans un argumentaire qui démontre un lourd travail effectué en amont, l'élue Brao déroule un historique qui mérite d'être rappelé : «Ce que l'on déplore surtout c'est que notre proposition (...) et le groupe que l'on représente Euskal Herrian Vert et Solidaire (...) on a fait une proposition concrète. On n'a pas juste été contre mais on a proposé un projet. On avait d'ailleurs organisé une conférence de presse pour le présenter qui s'appelait Aguilera Berria et finalement ce que l'on regrette surtout est que notre proposition n'a jamais été sérieusement étudiée par la majorité alors que ce projet est le fruit d'une réflexion approfondie et rigoureuse et il avait été pensé pour répondre aux enjeux d'intérêt général.».

Face à la difficulté de trouver, à Biarritz, des terrains exploitables pour le logement, madame Brao explique que d'autres choix étaient possibles et souhaitables : «Nous regrettons également le manque de considération pour des alternatives que l'on avait proposées dans notre projet, telles que la délocalisation de l'USB pour mettre l'USB dans un endroit que l'on appelle zone soumise au plan d'exposition du bruit qui sont des terrains inadaptés à l'habitat mais parfait pour accueillir des activités sportives sur la commune. On aurait, par exemple, le parking en bas de la rue de Madrid ou encore le terrain Gelos qui aurait pu être envisagé (...).».

Puis Lysiann Brao a formulé sa déception que la maire ait choisi de ne pas travailler en collaboration avec l'opposition : «Il est essentiel de rappeler qu'un projet d'une telle envergure ne peut se réduire à des choix unilatéraux et là je me vois Harry Truman - 33ème président des États-Unis - qui dit qu'il est incroyable de voir ce que l'on peut accomplir quand personne ne cherche à en tirer le crédit. C'est précisément cette vision collective, exempte de tout calcul personnel ou d'intérêt partisan qui devrait guider le projet Aguilera. Nous regrettons sincèrement que cette opportunité d'agir ensemble dans un véritable esprit de coopération n'ait pas été saisie. Aguilera méritait cette ambition, cette réflexion partagée et surtout cet engagement en faveur de l'intérêt général (...).».

Quel constat d'échec ! Pour un projet qui n'aurait dû être que fédérateur et heureux pour les Biarrots, une fois de plus l'on voit comment une gouvernance autoritariste amène notre ville à prendre de mauvaises décisions.

Nous nous retrouverons demain avec, cette fois-ci, les interventions de Brice Morin et Corine Martineau. Suivront, après-demain, Sébastien Carrère et Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde.

Posts les plus consultés de ce blog

ALGUE TOXIQUE : MISE EN DANGER DE LA POPULATION

LES NOUVEAUX BANCS PUBLICS DANS NOTRE VILLE : L'APOTHÉOSE DU MAUVAIS GOÛT 

14 JUILLET : LA FÊTE POUR TOUS ? PAS À BIARRITZ.