UNE DÉLIBÉRATION QUI DESSINE L'AVENIR DE BIARRITZ
C'est l'histoire d'un quartier qui avait tout pour être heureux.
Des maisons avec jardin, des familles, des activités sportives et une forme d'authenticité qui, il faut bien le dire, a largement disparu de notre ville.
Ici se trouvait une des dernières surfaces qui permettait la création d'un quartier dans le quartier. Après le plateau d'Aguilera, il restera le quartier Iraty dont la maire a incompréhensiblement transféré le destin entre les mains de la CAPB. Cela grève donc considérablement l'avenir de Biarritz en termes d'aménagement pour le logement et le cadre de vie.
Le plateau d'Aguilera, lui, vit ses derniers mois de bonheur simple pour basculer bientôt dans une tempête de poussière et de bruit qui durera plusieurs années. Les marteaux-piqueurs résonneront demain là où le cri d'un supporter résonnait autrefois.
Ces maisons et jardins verront bientôt mille paires d'yeux plonger chez eux, des rues étroites auront la difficile tâche de permettre le passage quotidien à des centaines de véhicules, des sportifs amateurs et des visiteurs auront bien du mal à trouver un emplacement pour laisser leur voiture. Il nous tarde aussi de connaître les conditions tarifaires pour stationner en ce lieu... car au train où vont les choses avec cette majorité, il faudra bientôt payer pour se garer où que l'on soit à Biarritz.
Ce projet démesuré ressemble à la ville idéale dessinée dans les années 1960 par des architectes que l'on disait «novateurs». Ils ont réalisé des barres où se concentrait toute une idéologie cachée des Trente Glorieuses dans les périphéries des villes : le transfert des populations des zones rurales vers les villes, le sacrifice de l'humain dans du béton et une absence de verdure pourtant nécessaire à l'équilibre de tout individu.
De cette plaine à vocation sportive, le bétonnage immobilier viendra supplanter l'histoire de don José Aguilera y Chapin, de la comtesse de Bendern et de notre héros de la Grande Guerre Léon Larribau. Dans dix ans, les anciens raconteront à leurs petits-enfants que là - autrefois ! - se trouvait un terrain libre que l'être humain n'a pas supporté de voir inexploité.
L'histoire jugera.
-L'histoire jugera si construire des bâtiments si hauts, et des logements en si grand nombre, a encore un sens dans un terrain si contraint par son format et ses infrastructures sportives existantes.
-L'histoire jugera si d'entasser des habitants dans des blocs d'immeubles permet une qualité de vie enviable.
-L'histoire jugera si l'architecture de ces futurs immeubles rendra hommage aux architectes du passé qui nous ont légués des bâtisses et ont façonné un Biarritz unique.
Pourtant - cela a été dit et répété - d'autres chemins auraient pu être empruntés pour créer du logement - en particulier social - tout en respectant la destinée sportive du site.
Par ce projet immobilier qui a été retenu, la ville obère toute possibilité, dans le futur, de faire évoluer et grandir le Sport. Cela fige pour toujours des emplacements et des usages, alors même que l'évolution des pratiques sportives est inéluctable. L'on ne pratique pas les mêmes sports en 2025 que ceux que l'on pratiquait en 1900. La marche du temps s'opère dans le sport, comme ailleurs.
L'on sait bien que ce projet, qui aurait pu et dû se faire en concertation avec la population biarrote, se fait contre la volonté de ceux qui aiment leur ville et veulent en préserver la quiétude.
Cette opposition de la population n'est pas de principe, mais elle est dictée par l'expérience des Biarrots sur des destructions et des réalisations d'hier qui, à ce jour, font toujours parler.
C'est le majestueux château La Rochefoucauld rasé, ou la folle Tour Genin démolie.
C'est aussi la construction du Victoria Surf (en lieu et place de Jardins) ou celle de la résidence Reine-Nathalie (s'y trouvaient, avant, les Thermes-Salins).
Ou encore, à la perspective de la Côte des Basques, la résidence Eurotel qui surplombe la superbe Villa Belza. La liste est longue, trop longue.
Ce sont ces symboles qui en appellent à notre vigilance à tous.
Alors, certes, ce projet - nous dit-on en mairie - est en règle avec le PLU et a reçu l'accord des acteurs publics ; mais cela n'est pas de nature à rassurer les Biarrots que nous sommes.
Nous sommes témoins, depuis 2020, de tant de dilapidations qui sont irréversibles.
Où étaient alors ces acteurs publics pour empêcher jadis la vente à la découpe du domaine patrimonial biarrot ? Nous Biarrots sommes les seuls garants pour protéger notre bien commun, dans l'intérêt des générations futures.
À nous, Biarrots d'aujourd'hui, de construire le destin auquel nous croyons et que nous souhaitons pour le plateau d'Aguilera.