SULFATEUSE À PV : CHERCHE-T-ON, À BIARRITZ, À PIÉGER L'AUTOMOBILISTE ?

À Biarritz, on attend le visiteur avec un bâton. Gare aux malheureux qui ont la mauvaise idée de venir en centre-ville avec leur voiture : un robot-espion les guette.

Après le dérapage de la municipalité dans la hausse - ou plus exactement le racket - des tarifs de stationnement de surface et des parkings Indigo, la mise en place d'un véhicule surnommé la «sulfateuse à PV» a mis hors d'eux nombre de locaux.

S'il est devenu normal, dans ce monde du profit sur tout, de s'acquitter d'un droit de stationnement, on peut s'interroger sur le bien-fondé, pour une petite ville de province, de taxer dans de telles proportions les Biarrots et habitants des villes voisines.

Trouvant probablement que d'estamper les automobilistes ne suffisait plus à payer le train de vie de la mairie de Biarritz, la maire et ses élus n'ont rien trouvé de mieux que d'envisager, dans un futur proche, le stationnement payant aux deux-roues.

Madame Arosteguy ne supporte probablement plus qu'un centimètre carré ne soit pas rentabilisé.

Mais que font-ils de l'argent récolté ?!

Pas dans l'amélioration de la voirie, ni dans la programmation culturelle ou la restauration du patrimoine communal, ça c'est certain. Alors, où ?

Lundi dernier, nous avions publié un article sur le quartier de l'Atalaye en proie à des problèmes d'hygiène, de bruit et de sécurité.

À rajouter à tout ce qui précède une autre question qui touche un couple Biarrot habitant ce secteur et qui mérite d'être racontée à tous pour que soit comprise l'absurdité de ce véhicule-distributeur à PV.

Généralement, nous nous méfions de nous attacher à un cas particulier, mais parfois, comme dans ce cas-ci, il est l'illustration magistrale d'une situation ubuesque.

Une jeune femme - que nous appellerons madame X -, dont l'état de santé l'a contrainte à réduire considérablement son activité, se retrouve dans une grande difficulté de mobilité. Le lourd traitement qu'elle subit, ainsi que les douleurs qui l'accompagnent, la contraignent à se garer au plus près de son domicile qu'elle regagne péniblement à l'aide d'une canne.

Cette Biarrote est très méritante car elle pratique un métier exigeant et indispensable à la société : celui de soignante.

Passant donc du statut de «soignante» à «soignée», madame X a découvert ces derniers mois le sort réservé - à Biarritz - à une personne porteuse d'un handicap de mobilité.

Comment vit-on avec un handicap, en centre-ville, sans disposer d'un emplacement de stationnement privé ? Très difficilement.

Car que faire quand le handicap vous frappe alors que vous vivez dans le centre-ville ? Est-ce que déménager est la seule solution à apporter à ces personnes ?

C'est ça la politique inclusive de la majorité ? Pas de quoi être fiers.

Seule une place réservée aux handicapés existe dans ce secteur de l'Atalaye ! Autant dire qu'il tient du miracle de la trouver disponible. Les élus de Biarritz n'ont-ils pas connaissance de ce que notre pays compte 20% de seniors et que des millions de personnes relèvent du Handicap ?

Pas très rassurant que le 1er Adjoint «délégué au Handicap» soit, à la ville, médecin !

Autre possibilité : que la ville rechigne à perdre des emplacements payants...

Alors, ne pouvant compter sur la politique de solidarité de la commune, la débrouillardise, entre voisins, devient la seule solution. Mais cela a ses limites.

Quand madame X stationne le véhicule familial, elle appose tout naturellement sa carte CMI (Carte Mobilité Inclusion) autorisant le stationnement sur une place handicapé + le document de la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) + le document de la RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé).

Mais la sulfateuse à PV, elle, ne lit pas ces informations : elle ne lit que la plaque d'immatriculation.

Autant dire qu'une pluie de PV s'est abattue sur notre malheureuse qui n'avait pas été informée de l'obligation d'inscrire en mairie sa plaque, pour qu'une dérogation soit enregistrée.

Si, pour une fois, une «communication» de la mairie avait été judicieuse à l'intention des personnes détentrices d'une carte CMI ! Mais la municipalité a préféré rester très discrète sur cette nouvelle mesure de la sulfateuse à PV, dont l'impopularité est évidente.

Au conseil municipal du 8 avril 2024 avait été instaurée par la maire de Biarritz la mise en place de ce système de lecture automatique : rien de très surprenant de la part de cette édile qui n'a de cesse d'interdire, de bloquer et de réprimer ses propres administrés !

Lors de cette délibération, les huit élus de l'opposition avaient voté logiquement contre cette mesure inadaptée à notre ville.

Lors du conseil municipal du 27 janvier 2025, l'élu d’opposition Patrick Destizon rappelait à la population que la sulfateuse «peut scanner 1500 véhicules à l’heure contre 150 à 200 pour un agent à pied» et indiquait qu'elle verbalisait même les véhicules des Polices nationale et municipale et de l'Administration !

Lysiann Brao relève que malgré «l’obédience libérale», dont est censée être porteuse madame Arosteguy, «l'on n'aura jamais été autant controlé et surveillé dans cette ville».

Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde s'étonne - face à une maire et un adjoint qui semblent ne pas vouloir comprendre - que les voitures «Aupa Citiz», disponibles en libre-service, puissent elles être inscrites sur les dérogations de PV. En quoi le fait de louer un véhicule rendrait son utilisateur respectueux du stationnement payant ? Curieux concept...

Rappelons-nous aussi que les agents de notre Police Municipale - autres victimes de cette mandature - sont soumis «au résultat» pour obtenir des primes. Alors que la police municipale a un rôle de proximité et de prévention à tenir avec la population, leur est incité - pour améliorer leur rémunération mensuelle - de verbaliser aveuglément, à tout va, sans état d'âme, sans cas par cas.

L'application du règlement c'est bien, mais l'intelligence et une souplesse dans l'exigence, c'est mieux. Au rugby, on appelle ça arbitrer dans l'esprit et pas à la lettre.

Cette situation dérange nombre d'agents qui ne souhaitent pas entretenir cette relation malsaine avec les habitants.

Alors certes, les PV infligés par la sulfateuse seront retirés par l'Etat sur justification des pièces prouvant leur caractère abusif au regard des personnes ou véhicules exemptés, mais est-ce vraiment nécessaire d'ajouter cette lourdeur administrative à une personne dont le quotidien est déjà très difficile ?

N'aurait-il pas mieux valu, en amont, prévenir les Biarrots qui peuvent prétendre à cette dérogation ?

Et qu'en est-il des visiteurs des villes voisines ou des touristes détenteurs d'une carte CMI et qui, non informés, seront automatiquement verbalisés ?

Et pourtant dans ce quartier de l'Atalaye - comme ailleurs dans Biarritz - certains automobilistes indélicats stationnent leur véhicule à leur gré, au mépris du règlement et sans sanction.

Comment expliquer qu'existeraient à Biarritz des «vaches sacrées» qui ne seraient pas réprimables ?

Nous savons tous que le relief de Biarritz rend difficile le déplacement de personnes à mobilité réduite et des personnes âgées. C'est ainsi. Si nous ne pouvons rien contre cette réalité topographique, nous nous devons d'apporter des solutions pour y remédier. Il en existe : encore faut-il être un élu volontariste et responsable pour agir.

Tous les jours, des Biarrots nous font part de la difficulté croissante de vivre paisiblement dans une ville qui méprise le handicap.

Nous ne pouvons qu'exprimer notre honte et notre dégout face au piège qu'est devenu notre Biarritz.

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