LE REVERS DE LA MÉDAILLE

Si l'attribution de la légion d'honneur à madame Arosteguy en a choqué beaucoup en notre ville, l'événement créé par elle-même pour se la voir remettre en a agacé - et c'est un euphémisme - plus d'un.

Nous pensions le summum atteint avec l'octroi de cette distinction - qui est tout de même la plus haute décoration honorifique française - dont les raisons demeurent floues et les années de dévotion «au service public» ne correspondent pas au règlement édicté par la Haute Chancellerie.

Mais le plus surréaliste fut la cérémonie, en mairie, où des invités se sont retrouvés à écouter le récit du président du Sénat Gérard Larcher auquel, pauvre diable, un nègre - ou un aigrefin - avait pondu des notes que l'on ne peut qualifier que d'abracadabrantesques. En plus des quelques habituels laudateurs ou profiteurs de cette municipalité, l'assistance comptait, conviés par la maire, de parfaits inconnus qui eux non plus ne connaissaient aucun des protagonistes présents. Ne pouvant insuffisamment compter sur ses propres amis et fidèles - qui fondent comme neige au soleil -, fallait-il faire nombre pour les photographes ?

Interpellée par l'élu d'opposition Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde sur les conditions de cette réception, la maire se prend les pieds dans le tapis en usant de paroles acrobatiques et de circonlocutions.

Nous voulons ce jour nous attacher à une affirmation de la maire - sans preuve ! - qui certifie avoir réglé, sur ses «deniers personnels l'intégralité des frais» afin «d'éviter toute polémique que certains petits esprits chagrins» pourraient initier. Ce sont ses mots.

Il va de soi que ce qui précède suscite, chez tout citoyen sensé, plusieurs remarques :

-1) et bien non, «l'intégralité des frais» comme l'affirme madame Arosteguy n'a PAS été réglée.

Tant que nous n'avons pas vu la couleur de la facture acquittée pour le cocktail, nous pouvons soutenir que l'espace public servant à la cérémonie - en l'occurrence la mairie - n'a pas été réglé.

Il en est de même pour la sonorisation, sans oublier le personnel communal réquisitionné et les services de sécurité requis.

Cela fait beaucoup : salle + cocktail + sonorisation + personnel communal + services de sécurité. Combien tout cela coûte aux contribuables ?

-2) «certains petits esprits chagrins» ont à cœur que l'équité soit respectée entre tous les Biarrots. Est-ce si ahurissant ?

«Certains petits chagrins» cherchent à s'assurer que l'argent public - par ailleurs distribué parcimonieusement aux associations biarrotes - soit utilisé à bon escient. Est-ce si scandaleux ?

-3) «afin d'éviter toute polémique» la maire affirme avoir payé pour le cocktail servi à ses invités. Faut-il comprendre que sans «certains esprits chagrins» - que la maire considère sans doute «polémiqueurs», ce serait open bar pour puiser librement, à des fins personnelles, dans le budget communal ?

Serions-nous en république bananière ? La question se pose. Sans communication aux contribuables biarrots de ces factures acquittées, nous avons toutes raisons d'imaginer qu'un glissement pourrait s'opérer, à Biarritz, entre portefeuille personnel et portefeuille public.

Reprenons les propos de madame Arosteguy :

«La mairie ne se loue pas et n'est pas mise à disposition du public (...) Elle est utilisée pour les manifestations organisées par le maire, dans le cadre du mandat ou, elle peut être réquisitionnée par l'Etat (...) Elle est mise à disposition gracieuse de tous les élus de la commune pour une remise de décoration.».

À lire ces propos rédigés sans vergogne par madame Arosteguy, la mairie serait disponible à l'usage exclusif et gratuit de la maire et des élus. Non, la Maison du Peuple qu'est la mairie n'est pas la maison de la maire ou des élus. Elle est bien celle des citoyens.

«Pour des événements concernant des associations ou des personnes non élus, nous mettons le salon Diane au casino municipal à disposition avec une grille de tarifs (...).», dixit la maire.

Formidable ! La maire et les élus se serviraient gracieusement de l'Hôtel de Ville comme d'une propriété privée - selon leur bon vouloir - et pour la piétaille, le petit peuple, les gueux, la populace, c'est direction salon Diane, et par ici la monnaie ! Faut payer d'avance, rubis sur l'ongle !

La gratuité pour les élus (la noblesse), la facture pour le Tiers-État !

Peut-on informer la mairie de Biarritz qu'il y a fort longtemps, dans la nuit du 4 août 1789, l'Assemblée a abolit les privilèges et les droits féodaux ? Ils ne semblent pas au courant : qui parmi vous se propose pour les en aviser ?

Ce comportement d'accaparement qui s'apparente à celui d'une dictature est insupportable pour tout citoyen empreint des valeurs de la République. N'oublions pas ce qui figure en fronton de l'Hôtel de Ville : Liberté, Égalité, Fraternité. Cette devise ne saurait être bafouée.

Nous en appelons maintenant à votre qualité de philosophe pour décortiquer ce qui suit, toujours écrit par madame Arosteguy : «cette cérémonie du 26 décembre dernier non privée mais sur invitation (...)».

Une cérémonie «non privée mais sur invitation». Cela pourrait être un sujet pour l'épreuve de philo au bac 2025 : vous avez deux heures. Un événement qui est «sur invitation» est, de facto, privé. C'est la raison pour laquelle tous les Biarrots n'ont pas été conviés ce 26 décembre... puisque c'est sur invitation. Peut-on croire, peut-on laisser imaginer qu'un pékin qui se serait présenté à l'entrée de la mairie, sans carton et sans confirmation de présence, aurait été accueilli à bras ouverts ? Allons, allons, soyez crédibles.

Quand Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde s'étonne de cette formulation et indique que «s'il s'agissait d'une réunion publique il fallait y inviter les Biarrots», la maire lui répond «qu'il ne s'agissait pas pour autant d'une réunion ouverte à tout public». Comme on la comprend ! Imaginez que des gueux s'infiltrent dans cette fête de l'entre-soi ? Quelle horreur !

Mais nous avons du mal à comprendre cet emberlificotage. Selon madame Arosteguy, la cérémonie n'était ni privée, ni publique. Alors, qu'en est-il ?

Dernier propos cocasse de la maire de Biarritz, c'est son appel au général de Gaulle - qui sert maintenant vraiment à toutes les sauces - quand elle déclare, de manière angélique «Nous avons souhaité respecter cet esprit gaulliste afin de préserver les intérêts du contribuable».

Biarrots, les dépenses pré-citées sont donc une illusion, un mirage, une hallucination ! Votre maire cherche à préserver vos intérêts. Cela participe encore à la campagne de communication qui consiste à nous faire croire que la terre est plate.

Le romain Térence nous a enseigné que «Les actes font croire aux paroles».

A-t-on lu maxime plus juste ? Cela mérite d'être absorbé et médité...

Posts les plus consultés de ce blog

ALGUE TOXIQUE : MISE EN DANGER DE LA POPULATION

LES NOUVEAUX BANCS PUBLICS DANS NOTRE VILLE : L'APOTHÉOSE DU MAUVAIS GOÛT 

14 JUILLET : LA FÊTE POUR TOUS ? PAS À BIARRITZ.