QUAND DES AUTOMOBILISTES DÉCIDENT POUR DES USAGERS DE BUS
Il y a quelque chose de gênant de retirer un service dans un quartier populaire dont nombre d'habitants sont déjà défavorisés par les circonstances de la vie. Quelque chose de malsain même.
La suppression de trois arrêts de bus - Pétricot, Larrepunte et Chevigné - sur la ligne 5 du réseau Txik Txak en est une parfaite illustration.
Nous assistons aujourd'hui à une campagne nationale pour encourager le maximum de personnes à emprunter les transports en commun. Si la population des grandes agglomérations les ont adoptés, changeant ses habitudes, celle de la petite province n'a pas forcément pu ou su prendre le tournant.
Il va de soi que la démarche d'abandonner son véhicule doit être libre et non contrainte.
Hélas, certains d'entre nous ont dû renoncer à un véhicule par manque de moyens, à cause d'un âge avancé ou parce qu'un handicap a rendu très difficile ou impossible son usage. Dans ces circonstances, comment peut-on oser retirer leur liberté de mouvement à ces personnes ?
Évidemment, quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage ! C'est ainsi, tout en usant de trop de raisons pour en avoir une de valable, que la maire et son adjointe déléguée invoquent :
-1) la difficulté, pour les chauffeurs, de manœuvrer les bus dans des rues étroites,
-2) une supposée modeste fréquentation des usagers à cet arrêt,
-3) l'extension d'une ligne de la navette jusqu'à Pétricot pour pallier ce manque.
Faire croire que l'extension de la navette jusqu'à Pétricot puisse être un remplacement à une ligne de bus... Il n'y a là pas loin de la duperie.
Car la ligne de navette de Biarritz dessert comme son nom l'indique... que Biarritz. Mais la ligne 5, elle, dessert, de son point de départ la Gare de Bayonne, jusqu'à son point d'arrivée la Halle d'Iraty. Cette ligne passe par la Place des Basques à Bayonne - donc au centre-ville -, le Conservatoire de musique et la Cité des Arts, les Cinq-Cantons - donc le marché -, Armand Toulet - soit le centre commercial BAB2 -, la Cité scolaire donc le collège Jean Rostand et le lycée André Malraux -, le centre-ville de Biarritz, la Gare de Biarritz et la Halle d'Iraty - donc le centre E.Leclerc.
Autant dire que cette ligne est indispensable aux habitants.
Nous serions ravis d'apprendre comment la maire compte résoudre le problème du poids des courses à porter. Car, de retour du Leclerc, du Carrefour ou du marché, il faudra faire preuve de bras stalloniens pour porter les cabas depuis l'arrêt de bus Clos St-Michel ou Notary, jusqu'à la porte de son domicile... À voir ce manque de compassion, c'est à croire que ces élus n'ont ni parents, ni grands-parents.
Aussi, est-il utile de rappeler que la navette biarrote, promise par la mairie, passerait toutes les trente minutes alors que le bus, lui, passe actuellement tous les quarts d'heure ?
Est-il aussi utile de rappeler que l'actuelle ligne 5 du bus fonctionne 7 jours/7, même jours fériés, de 6 heures à 23 heures ?
Et que la navette biarrote, elle, ne fonctionne pas le dimanche et ne fonctionne qu'entre 7h30 et 19 heures ?
Mise devant ces réalités, l'adjointe aux Mobilités Anne-Cécile Durand-Purvis a pourtant exprimé une forme d'étonnement face à l'agacement des riverains désormais privés de ces arrêts de bus mais aussi de l'initiative d'une pétition expliquant que «la communication» par le biais «d'un courrier déposé dans les boîtes aux lettres». Nous nous permettons de lui renvoyer notre propre étonnement : pouvait-on imaginer que la privation d'un tel service se passe sans dissension entre élus et habitants ?
L'élue en charge semble plus ennuyée par le retard pris dans la distribution des flyers que par le désagrément dénoncé par les riverains.
Mais outre les riverains, de nombreuses autres personnes fréquentent ce quartier et ont été invraisemblablement oubliées : il s'agit des usagers de la Maison des Associations et de la Maison des Jeunes Daniel Balavoine. Impensable mais vrai ! Ils ont été purement et simplement écartés de la réflexion. Cela montre bien le peu d'attention réservée à ce dossier. Quand on connaît la fréquentation de ce lieu par de très nombreuses associations biarrotes et l'âge parfois très avancé de certains de leurs adhérents, cela porte à se demander si tous les aspects ont bien été soupesés.
À nouveau, ceci est le triste résultat d'une maire et d'une adjointe qui ne savent pas ou ne veulent pas négocier pour les intérêts des Biarrots. Car un tel arbitrage à la défaveur de Biarritz montre soit leur part d'inconséquence, soit d'amateurisme, et à tout le moins d'incompétence.
Une pétition est disponible à la Maison des Associations pour tous ceux qui souhaitent la signer.
Au moment de publier ce texte, la presse locale nous informe que «la mairie accepte de revoir sa copie pour la desserte en bus de Pétricot». Preuve que la mairie a encore une fois cherché à abuser les Biarrots et qu'elle disposait bien d'un levier d'autorité et d'un pouvoir décisionnaire sur ce sujet.