HÔTEL DU PALAIS / ROUILLÉ JUSQU'À L'OS
Il est des sujets à Biarritz qui, telles les vagues toujours recommencées, viennent et reviennent dans le débat public. Ceux-là sont évoqués depuis des décennies et des décennies et sont parfois même des thèmes qui remontent à plus de cent ans. On peut ainsi citer les problèmes d'érosion et d'entretien des falaises, le Biarritz-Stade devenu le Biarritz-Olympique, les pro et anti tourisme, les épiques accrochages entre Biarrots au moment des Municipales, et la pollution de l'eau de mer, pour n'en citer que quelques-uns.
De cette énumération ne peut être oublié notre fleuron biarrot qu'est l'Hôtel du Palais, qui, dès sa cession par l'impératrice Eugénie, aura déchaîné les passions parmi les habitants.
Ce bâtiment historique, sauvé de la vente à la découpe pour appartements par le maire d'alors Guy Petit, aura été pour les municipalités successives, tant un atout pour maintenir un semblant de luxe dans notre ville qu'un boulet pour en assumer sa lourde charge.
Dans un passé récent, nous avons assisté au transfert d'une seule gestion municipale à un groupe spécialisé dans l'hôtellerie d'exception, Hyatt.
Que de salive dispensée par les Biarrots pour en discuter les contours ! Il ne sert à rien de rouvrir ce débat inutile.
Les choses étant ce qu'elles sont et ne pouvant être autrement, restons positifs et estimons-nous heureux d'avoir permis d'abord son sauvetage mais aussi sa pérennisation dans son activité.
Si notre Palace, sorti de terre en 1855, a ainsi connu une reconfiguration jusque dans son squelette, il était de notre devoir de Biarrots de ne pas le laisser sombrer. C'est chose faite.
80 millions d'euros auront ainsi été insufflés dans une bâtisse qui ne compte pas moins de 56 suites, 86 chambres, deux restaurants, plusieurs salles de réunions, une salle de fitness, spa et piscine ; c'est une somme faramineuse mais hélas nécessaire pour prétendre à une exploitation dans le domaine du luxe.
Mais ce qui nous préoccupe aujourd'hui c'est la réaction de ceux - les chanceux - qui auront le bonheur d'y séjourner et celle des non-moins chanceux qui auront la joie de passer devant. Car, nous le savons tous, avant de déguster un bon plat, sa présentation dans l'assiette influencera l'avis final que nous aurons. Vous n'aurez pas, par exemple, la curieuse idée d'offrir une Rolex ou une bague montée d'un saphir emballée dans du papier journal et placée dans une boîte de camembert.
C'est la raison pour laquelle nous sommes nombreux à ne pas comprendre que le sertissage de ce bijou, qu'est le Palais, soit fait de rouille.
Oh non, pas une petite coulure par-ci, par-là, mais bien une oxydation qui s'est opérée sur toute la longueur de la clôture en fer forgé depuis la rue Louison Bobet jusqu'au promenoir de la Grande-Plage !
Que ce spectacle affligeant contraste avec son arrière-plan éclatant !
Quand on songe que dans une époque récente l'on voyait de sympathiques employés municipaux qui, tous les ans à l'ouverture de la saison, consciencieusement les peignaient et offraient à nos yeux une palissade rajeunie. Cette ère est bien révolue.
Ce qui paraît invraisemblable, c'est qu'après un tel investissement le plus élémentaire des entretiens n'ait pas été effectué sur ce qui se voit en premier quand on s'approche du Palace. Ce défaut de maintenance aboutit maintenant à la vraisemblable obligation de déposer l'ensemble et probablement de les remplacer par de coûteuses et nouvelles grilles. Il en va de ce sujet comme dans tant d'autres à Biarritz.
Les comportements du «laisser-de-côté», du «on-verra-plus-tard» et l'indifférence générale affichée par les élus de la majorité censés remplir leur mission, à en croire les témoignages qui nous parviennent, laissent les Biarrots pantois et les touristes déçus.
Comme ce désolant panorama ne suffisait pas, nous est maintenant offerte l'attractive vision de véhicules de travaux avec force barrières.
L'été démarre, la saison touristique est lancée et des travaux débutent. Tout va bien. Ne cherchons pas à comprendre.