PIÉTONNISATIONS, EXCLUSIONS, RESTRICTIONS, PERMISSIONS : LE GRAND DÉLIRE
Alors même que les importants travaux de la rue Gambetta paralysent la liaison entre la place Clemenceau et le plateau d'Hélianthe - avec tous les désagréments et les risques que comporte l'inaccessibilité pour les résidents et les commerces -, les élus de la majorité ont annoncé la piétonnisation immédiate de la rue Mazagran.
Bien que le 1er avril soit déjà derrière, nous aurions pu croire à une farce de mauvais goût. Mais étant maintenant rodés aux extravagances de la mairie, nous avons pris la chose très au sérieux.
Pourtant, nous aurions pu imaginer un sursaut de compassion de la municipalité à l'égard de tous les riverains qui vivent un cauchemar, eh bien non ! Tous ont pourtant dénoncé le mépris dans lequel ils sont tenus depuis le début et nous avons bien entendu leur appel au secours, à l'exception de quelques rares courtisans de la municipalité, déguisés en prétendus juges objectifs, et évidemment n'habitant ni ne commerçant dans la rue. Commode !
Si bien que la piétonnisation de la rue Mazagran, dans le contexte actuel, est perçue comme un manque supplémentaire de considération de la Ville à l'égard des usagers condamnés à emprunter cette artère et notamment les anciens, les personnes à mobilité réduite, ou les jeunes parents avec leurs poussettes. En effet, nombreux sont nos concitoyens - pas éligibles ni forcément candidats à l'obtention du passe octroyé par la mairie - qui sans être catalogués «handicapés» souffrent lorsqu'ils ont à marcher, quand d'autres pâtissent différemment de la clôture de la ville. C'est à se demander s'il ne s'agit pas d'une provocation ? À qui devons-nous cette géniale invention ? À l'adjoint au Tourisme Richard Tardits, qui serait plus prompt à faciliter la vie de nos visiteurs que le bien-être et le bien-fondé des Biarrots ? Car la coïncidence de cette disposition vernale avec le début des vacances de Pâques interroge. Mais il n'est peut-être pas le seul responsable, et d'ailleurs nul doute qu'ils ont dû s'y mettre à plusieurs pour arriver à une telle incongruité. L'adjoint Adrien Boudousse chargé de la «Solidarité, Personnes Âgées, handicap, lutte contre la discrimination, à l'inclusion, à la préservation des risques» a probablement dû aider, cela se voit.
D'autant que la ville, et de fait son accès, devraient appartenir à TOUS les Biarrots, et pas seulement à une élite sociale locale, laquelle déjà privilégiée d'être propriétaire d'un appartement dans ce triangle d'or, se voit de plus bénéficiaire de droits exclusifs, déniés au reste de la population biarrote.
Quand à l'autre aberration présentée par la Ville comme une «expérimentation», voyez plutôt : le sens de circulation des véhicules devant aller de la place Clemenceau jusqu'en haut de la rue Mazagran (comprendre accès Résidence d'Angleterre et Résidence Bellevue), pourront croiser d'autres véhicules dorénavant autorisés à remonter depuis le haut de la rue Mazagran pour regagner la rue Victor-Hugo. Nous vous laissons imaginer le télescopage entre voitures et/ou camionnettes circulant en sens contraires, sur cette étroite voie urbaine... Et si d'aventure un chauffeur indélicat venait à stationner indûment dans cette zone, y abandonnant son engin quelques minutes, le pire est à imaginer.
Au train où vont les choses, l'année prochaine la piétonnisation sera anticipée aux vacances de Noël et la suivante la ville entière sera bouclée.
La nouvelle municipalité a donc bien fait de changer le logo en vigueur pendant trente ans sous les mandatures précédentes, dont le slogan était «Biarritz à bras ouverts». Cela traduit bien son vœu : les Biarrots, exit ! Pourtant, à l'occasion de la présentation de son nouveau blason, la maire Arosteguy tenait un discours tout autre et expliquait que l'ancien emblème «mettait en avant l’attractivité pour les visiteurs. Celui-ci recentre le message vers les Biarrots (...) Il en est ressorti un souhait de revenir vers leurs racines, leur identité, le cadre de vie qu’ils aiment, l’environnement». Vous avez bien lu, c'est à se pincer !
D'autant que, voilà peu, la municipalité a décidé de piétonniser aussi l'accès au Tunnel du Rocher de la Vierge, faisant fi de tous ceux que les jambes ont abandonnés.
Et pourtant cette piétonnisation frénétique semble être à géométrie variable. On se montre rigoureux ici, mais permissif là ! Car si les véhicules sont désormais proscrits dans l'hyper-centre-ville, il est remarquable qu'ils ont investi la place Bellevue, dans l'indifférence générale de la municipalité. Cela fait de longs mois que le bras empêchant son accès est démonté et que cet espace, naguère aménagé en aire de stationnement et que l'ancien maire Didier Borotra avait fort judicieusement transformé en belvédère, semble revenir à sa vocation première. Très régulièrement, voitures, scooters et vélos y déboulent à toute vitesse, mettant en danger les promeneurs et les enfants qui évoluent et jouent sur la place en toute confiance.
Place Bellevue dans les années 1920 Place Bellevue dans les années 1960
Pire encore, depuis quelque temps de gros camions y stationnent de longues heures, aussi bien en matinée que l'après-midi, gâchant le bénéfice de ce site pour tous ceux qui viennent s'y perdre pour se détendre. Quant à ceux qui ont eu la mauvaise idée de réserver une table au Café de Paris ou chez Miremont, le décor qui leur est imposé est celui d'une aire d'autoroute, n'offrant pour horizon que les semi-remorques. Où est donc passé l'adjoint Édouard Chazouilleres chargé des Finances mais aussi du «Stationnement, parkings et circulation» ?
Ainsi, la voiture est chassée de la chaussée et admise sur une place piétonnière ! Ne cherchez pas à trouver une logique à l'absurde.
Cette occupation autant usurpée qu'inopportune d'engins motorisés en tous genres est sans doute due aux installations et démontages des congrès et salons successifs qui se tiennent au Bellevue. Ces mêmes manifestations existaient lors des précédentes mandatures et pourtant jamais la place Bellevue ne s'était vue de la sorte encombrée. Les organisateurs agissaient autrement, avec des engins de plus petites tailles et accédaient au Bellevue par l'impasse du même nom.
Depuis 48 heures, des constructeurs de voirie sont à l'œuvre sur le domaine public, entre le tout nouvel écrin de «Longchamp» et la boutique «La Boucherie». L'absence d'une feuille de déclaration de travaux nous a privés de connaître les aménagements prévus, mais nous espérons que l'accès à la place Bellevue, tant aux quatre roues qu'aux deux roues, sera rendu impossible, pour la quiétude et la sécurité de tous, et que la piétonnisation outrancière dans ce secteur de la ville n'aura pas de répercussions sur la place Bellevue, dont le nom doit conserver son sens et sa vocation.